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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

10 août 2014 7 10 /08 /août /2014 18:19

Jeune monde

       A Zacharie4051333_zacharie2.jpg 

 

       Samedi, 9 août 2014

       il y a dix ans quand j’écrivais ça Zacharie venait de naître et personne ne pouvait se douter à la cité d’Orgemont où j’habite avec Louis que dix ans plus tard le petit gamin ferait son unique voyage pour le Mali dans un cercueil.

en arrivant tout à l’heure à la porte du hall je vois un mot affiché écrit à la main avec la photo du visage joyeux et rieur d’un petit lascard black je me dis que c’est l’anniversaire on nous prévient c’est la coutume mais c’est la photo qui me surprend… distraite je lis la page chaque cage d’escalier a la sienne de la rue on la devine à l’écart des formulaires habituels

le mot sur le papier scotché est trop long presque la page entière ici quand on fait des phrases c’est toujours qu’on annonce du malheur une page entière vous pensez si ça arrête ceux qui montent descendent avec les commissions et vu que comme partout dans la banlieue on est mêlés les voyageurs des pays d’ailleurs tout le monde toute la terre quasi alors nombreux sont ceux qui ne savent pas lire la langue des administrations mais les administrations elles n’écrivent pas à la main un samedi… 

non une feuille comme ça avec la photo dessus on pige tout de suite que c’est de l’intérieur que ça vient… il s’agit d’une cérémonie pour soutenir les parents de Zacharie qui avait dix ans et qui est mort d’une manière violente aux urgences d’un hôpital de St Denis parce qu’il n’y a eu personne pour l’emmener à temps et du coup lui sauver la peau... en regardant la bouille bourrée de pêche de vie du petit je me dis que sa life n’a tenu qu’à un trajet d’à peine cinq kilomètres…

l’hôpital Delafontaine avec notre autobus des brousses le 154 qui rejoint le tram de Noisy‑le‑Sec Genevilliers Les Courtilles à la station du Marché de St Denis il faut compter trois-quarts d’heure si on attend beaucoup et encore… alors quoi hein ? c’est un fait d’hiver au cœur de l’été et mes mains sont givrées sur la poignée de la porte j’ai du mal à les retirer… en montant les escaliers de songe au cauchemar de cette femme suppliant quelqu’un des tas de quelqu’un qu’elle ne connaît pas de ne pas l’abandonner à la nuit d’une cité de banlieue et à l’enfant malade seul à leur course dans la rue en bas à 3 heures du mat et au taxi qui veut bien s’arrêter unique être humain de l’histoire à la Nyama de bonté qui aurait pu…

je songe en ouvrant la porte au Roi des Aulnes Erlkönig et à la chevauchée du père tenant dans ses bras l’enfant en train de mourir qui appelle… la suite ça n’est même pas la peine tout le monde se défile tout le monde est dans son rôle c’est un monde sans conscience un pays d’hommes sans âme une histoire déjà écrite et déjà jouée cent fois mille fois les commentaires suivent ignorants haineux pitoyables indifférents


à toi Zacharie que ton âme rejoigne celle des griots dans la forêt des grands baobabs loin des hommes sans âme et que tous les jeli du pays manding te content l’épopée de Soundjata au son joyeux et fier des tambours tabalé

 

Lundi, 2 août 2004

 

Jeune monde et jeune désir

Pourquoi faut-il que vous fuyiez

A travers mon âme blessée

Pourquoi faut-il vous voir partir

 

Vous n’avez jamais osé croire

Que vous étiez comme des torches

Embrasés de fougueux espoirs

Vous évadant au creux des porches

Vous exaltiez saoule jeunesse

Dans les bas fonds et les quartiers

Avec vos gerbes de promesses

Vous mûrissiez des champs entiers

Au gré de vous j’ai vu grandir

Un art des rues trouble chantier

Des palissades reverdir

Des pavots à fleur d’escaliers

Vos noms étaient de fiers poèmes

Graffés sur l’écorce d’acier

Des corridors des HLM

Cernant vos rêves suppliciés

 

Jeune monde et jeune désir

Pourquoi faut-il que vous fuyiez

A travers mon âme blessée

Pourquoi faut-il vous voir partir

 

Jeune peuple jeune semence

Pourquoi nous faut-il voir pourrir

Les fruits sucrés de nos enfances

Pourquoi n’avez-vous pu choisir

Vous êtes passés sans savoir

Sur l’autre rive de la vie

Celle où on écrit son histoire

Dans le rouge des incendies

Qu’aurais-je dû pour vous surprendre

Parmi mes trésors vous offrir

Je n’ai même pas su vous dire

Combien votre force était tendre

Vous m’avez nourrie de vos rages

De la détresse de vos corps

Qui dérivaient clameur mirages

Au bord du blanc des miradors

Combien j’ai aimé vous connaître

Sans vous comment la joie écrire

Vous étiez mon âme peut-être

Ma chaleur mon vert élixir

Jeune monde et jeune désir

Pourquoi faut-il que vous fuyiez

A travers mon âme blessée

Pourquoi faut-il vous voir partir

Fils du voyage vous rêviez

O héritiers de mille empires

Beaux nuages aux noms mouillés

Rouges affiches ou bien pire

Ce que j’écris c’est grain de sable

Par la dune multiplié

Que vos joutes déraisonnables

Auront ravies aux sabliers

Si Caligula se pointait

Vous iriez lui chercher la lune

Et pour finir on vous noierait

Comme des tristesses nocturnes

Scipion est trop bon pour vous plaire

Vous avez la chaleur du feu

Vous avez le tranchant du fer

Hélicon vous prend à son jeu

 

Jeune monde et jeune désir

Pourquoi faut-il que vous fuyiez

A travers mon âme blessée

Pourquoi faut-il vous voir partir

 

Vous êtes la seule lumière

Qu’on ait envie de protéger

Debout à ce festin de pierres

Et vous allez vous en charger

Déjà mûrissent les outrages

A la place des champs de blé

Qu’on a semés dans le sillage

De vos récoltes annoncées

Jeune peuple jeune semence

Les armes qu’on vous a données

Pour apaiser votre arrogance

Bientôt vont nous défigurer

J’ai tant aimé votre innocence

De nos désirs l’âpre clarté

Que du poème enfin l’errance

Console notre âme blessée.

dyn006_original_600_399_jpeg_2646898_4f11c276febdb889445dbf.jpghttp://enfants-d-afrique.skynetblogs.be/archive/2008/10/31/exceptionnel-a-voir-les-enfants-omo.html

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