Asafuk Jour du soleil
Samedi, 20 octobre 2012
Il y a un an une brume rousse s’est étendue sur Afrika pendant que la chamelle blanche
La porteuse d’eau celle qui marche devant a emporté le corps de l’homme supplicié
Reviens‑nous voir avec les mamelles de marbre ocre rose d’Ubari pendues à ton cou !
Reviens Ô toi Afekay le généreux la tribu du fennec d’or gris Abayghur et ses huit femelles fières
Et ses fils gardent les petites pyramides rouge cendre des tombeaux d’Al‑Hatya ta royale nécropole et tes guerriers Garamantes ont tendu leurs chars de cuir vert
Reviens Ô toi Afellan le sauvage et les hommes noirs de ton peuple sont retournés sur les rives de Joliba
Ils apprêtent ta fiancée de pierre au milieu du Désert Blanc de tous les bogolans nappes trop mûres des tables de sable
Depuis un an ils n’ont pas cessé de tisser et de teindre
Pour l’enfant morte ses mèches ébène bleu nouées autour de ton corps ils t’ont lavé les maîtres iguanes mains des sorciers d’Umm al Maa
Ils ont cuit la taguella de tes noces de sable chaque puits s’ouvre pour ta bouche la couche turquoise du ciel est ton oreiller
Afoudagh ! J’ai soif répète le Moula‑Moula le bol est toujours plein de ton désir Afoudagh !
Tes frères de Gao déchirent la tunique salée collée à la chair d’Afrika il n’y a pas d’autre moyen que le sang de mil et les tambours d’eau
Reviens Ô Amenay cavalier seigneur et nourrit le cœur des hommes‑lions de grandeur le feu de ton enclume soleil coule entre leurs mains bonnes
Asafuk Jour du soleil c’est ton heure plus d’esclaves nègres leur corps totem porte ton linceul de braise
L’homme qui t’a montré du doigt en riant connaît le sort de celui qui ne trouvera plus la trace pas de chamelle blanche au festin de la Hamada séchant ses os
Ils ont mis dans les mains des voleurs de l’ancien Trésor de Bengazhi les couteaux rituels qui tranchent les parts amères de l’imposture
Ô Amenay entre dans la peau de l’homme noir de Danakil du bédouin de Sehba du forgeron d’Agadez ils te nomment Aslal le rayon de miel
De Gao à Kidal de Tombouctou aux miroirs de sel de Taoudenni les poings chevauchent les tabalés pas de fenêtres aux tentes du Gourma
Ils habitent le souffle du Ghibli ils lui offrent l’asile de leurs maisons d’argile entre dans leurs cris et dans leur course les Ziarrha de Tazrouk et de Ghât et leur épouse lunaire
Laissons les tueurs et leurs haines de papier à l’affût leurs crânes taillés dans l’or de nos peuples
Asafuk Jour du soleil aux joyaux d’Ubari d’Umm al Maa de Gabraoun tu t’ébroues et la chamelle blanche la porteuse d’eau est arrivée à la place où tu l’attends
Ils ne savent pas que là où tu sommeilles un grand incendie s’est allumé les foggaras noyées par l’huile noire qu’ils boivent éblouissent leur aube
Et les bûchers là‑bas leurs livres d’histoire rongés leurs splendeurs prises dans le plâtre des murailles leurs forteresses roulées entre les doigts des jeli
Asafuk Jour du soleil là où tu renais bientôt nous les chasserons même de la mémoire du temps.