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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 21:51

Le tailleur de route suite...

Aux mineurs Aux sidérurgistes aux " mains d'or "

 

Toutes les photos de cet article ont été prises par Sébastien Berrut sur les bassins miniers de Lorraine et sont à voir sur son site : www.patrimoine-minier.fr/

 

Merci à lui pour ces images magiques  Nuit oasis 1

 

empoisonner les rats !

j’ai toujours à l’intérieur des fouilles de mon pardessus un paquet de pop‑corn une pomme de l’eau des carrés de chocolat une ou deux tranches de pain sec

je l’ai rencontrée entre deux stations du transparisien enfourné dessous la terre avec la bande des taupards les nocturnes ceux qui commencent ou qui finissent là et ceux qui dorment moulés au plastique pour s’asseoir je l’ai rencontrée pas trop loin de la gare de l’Est le port de la peur où y a toujours des types qui attendent prêts à becqueter des rats depuis un siècle ils ont pas bougé de là

assise sur un strapontin les profondes de sa veste kaki bourrées de petit matosse bien divers ses deux musettes où y a tout le barda qu’y faut quand on bouge et dans celle de gauche qui sortait qui rentrait il demandait rien il vaquait le voyageur clandestin le baroudeur à la lune et au charbon le rat gris ordinaire bien gras un fiston dégénéré de ceux qui radinent au fond des trous manger la soupe aux caillots gras des gamelles

je ne suis pas parti je ne suis pas revenu les galeries du transparisien qui déboulent aux taupinières des gares quand la night déballe son frusquin de lumière c’est là qu’on croise les tire ailleurs qui ont laissé le petit crouton violet des matins majeurs à la consigne quand on est un hobo de la périphérie

le destin fabuleux des rats des quartiers ouvriers bitumés au grisou mijoteurs de lave sniffeurs de poussier carnivore transvasant l’acide des cuves à pleines mains aux doigts de paille s’est arrêté à la station Jaurés y a rien à dire c’était comme on s’en doute le vicieux cul de sac qui a mené à la grande confusion des soutes des supermarchés où gavés avides ils n’ont pas vu venir la mort rosePhoto102-Chevalement-de-la-mine-de-Bassompierre-Aumetz-Seb.jpg

empoisonner les rats ! 

à côté d’elle y avait de la place on pouvait s’asseoir en bonne compagnie du rat qui observait tout de ses calots de jais rubis luisants cavalant comme un falot au bout du quai pour moi qui ne vis qu’en transit c’était la bonne affaire

quand j’ai tiré le morceau de pop‑corn de ma poche il a avancé son tarbouif en reniflant ses moustaches frissonnaient à peine on pouvait voir sa baveuse humide pointer entre ses chicots c’était vraiment un très gros rat il a bondi dehors de la musette et s’est posé sur la cuisse de la fille c’était plus pratique le tangage ça l’a pas dérangé il avait l’habitude on a grignoté sans façons la fille le rat et moi

d’un coup elle m’a demandé si moi qu’avais bourlingué je connaissais le port de Chersonèse et les pierres blanches de Sébastopol pendant que je matais la musette ébouriffée de pages brunes tachées et grifouillées les feuillets des récits de Sébastopol du capitaine Tolstoï et les notes de Sibérie de Tchekov sa baroude en train et en caboteur direction Sakhaline et au retour c’est la dérive de Vladivostok à Singapour et à Ceylan et du Canal de Suez à Istanbul pour rejoindre Odessa

je lui ai dit que j’avais pas quitté Babylone Zero depuis que j’ai été chassé des cathédrales de fonte et d’acier des châteaux d’eau nuagés de roses d’Hayange qui dans la nuit orange broutée d’herbes violettes ont fait gicler de l’or au ras des ciels de toute la vallée et les lampes crissaient voie lactée laborieuse milliers d’étoiles d’ouvrage jamais éteintes dans la fournaise des horizons têtus

comment savoir qu’ils nous chasseraient même du souvenir à trous des rats ?Photo160-Hauts-fourneaux-Patural-Hayange--Sebastien-Berrut.jpg

 

empoisonner les rats !

le rat a pas arrêté de grignoter les grains de pop‑corn qu’il venait chiper dedans le sac en papier où il embringuait ses pattes je voyais à ses calots à haute tension qu’il faisait gaffe les rats ils sont les meilleurs pour la fuite et l’improvisation sans lune sans miroir sans compte à rebours ils se seront tous tirés de là avant que Babylone laisse dégringoler ses murailles sur les arpions de ses milliers de garde‑chiourmes épatés et qu’on fera cuire les géantes casseroles de nouilles avec l’eau d’océan entre les rails  

je lui ai demandé où le rat et elle s’étaient rencontrés et comment elle avait décidé de tailler la route et de s’élancer hobo à la rencontre des trains de ligne les pistes de transhumance sont effacées et les voyageurs réinventent d’autres rythmes et d’autres histoires que ceux des hommes dessous la terre qui maudits ont fini d’être les maîtres du feu

empoisonner les rats !

elle avait le museau gravé avec les signaux rugueux de ceux qui ont bien bourlingué et les tailles fines qui lui creusaient au coin des châsses la peau de la couleur ocre de la boue des grands fleuves buveurs d’autres soleils traqueurs des débris naufragés de lunes maternelles qui remontent vers l’estuaire enchâssé d’arbres aux pieds marins

ses pieds nus aux ongles recourbés griffus taillés d’écailles turquoise du grand lézard à l’intérieur des naïls qui ont brûlé la route recousues d’un gros fil rouge aux semelles de pneus semelles de sable et de poussière marcheurs de lave il faisaient les furets par ici et par là                                                                                                      

elle a regardé mes mains d’ouvrier elle a eu un petit rire et elle a dit

écoute avant de crécher là où les brasiers de météores métal sont nos totems alignés et où on refile aux gens des costumes de rien fluo pour toute une vie je le sais ce qu’on ressent quand on arrive pas à courir assez vite hein…

magine un peu l’hérisson aux quinquets phosphore brouteur d’asphalte à pattes… c’est l’époque du pollen sous mes talons la marque d’or jamais elle lâche sa proie de lenteur… alors c’est l’époque où je joue le rôle de la proie à l’intérieur du terrier d’absence défensif Rimb’ l’a débobinée entière l’histoire hein ? 

alors y a plus rien à écrire même avec l’eau de la rosée on peut pas… le temps du spectacle à l’avant‑scène des tueurs de singes nous a défigurés…

avant de connaître les traqueurs de rats j’ai déjà trop dit… j’ai rapporté des choses c’est danger ! une gare du Sud où je colporte des histoires racontées par un poète d’Alger ébavuré les coups de surin l’ont ensoleillé à la fin d’août… ce sang n’est pas le mien !Inscription-sur-un-mur-Mine-de-Tucquegnieux-Sebas-copie-1.jpg 

elles étaient trois les laveuses d’infamie à la descente du train trois gargouilles maudites cherchant leur bouc… si moi j’en savais quelque chose de leur façon de mise à mort grotesque efficace dégommer la tête ! t’effacer ce qu’ils ont fait au poète d’Alger lui ont coupé la chique… muselé son clapet ravalée sa bafouille à poésie muselée sa bavarde son grelot d’or danger ! mieux que la kalach le taser le planteur ! calfater un griot c’est le tuer sans se salinguer les paluches hein ? elles me l’ont répété encore avant de me faire la peau… ce sang n’est pas le mien !

hobo des voyelles un peu rameur aux rimes passagères y a des piges que je trime sur l’affutage d’une voix de traverse rasoir aux mâchoires du renard roux à l’affut… j’ai lâché les chiens de mots sans pertinence au milieu des rentiers et des tenancières de bastringues d’Afrique débarqués là pour faire affaires en littérature de gare…

elle a éclaté de rire un rire qui tisonnait la peur il en restait plus que des cendres le rat a fini de se remplir la bedaine et il la surveille en roupillant d’un œil qu’on loupe pas l’arrêt des fois mais y restait trois stations alors elle a continué

un soir il a fallu que je me farcisse une pièce de théâtre infâme du lâcher de corbacs sur un camion à blé la curée l’orgie la même à chaque fois qu’on refile aux gens du spectacle de bijouterie avec de la verroterie qui a bradé le soleil et des drapeaux torchons essuyant le  derche des rois dans une bibliothèque à papiers moisis… ça y reniflait fort et tant les amis rancis frangins gardiens repus des poètes morts un de ces bastringue où on croit venir glaner de la culture populaire et des boulons émeraude cailloux des gueux taillés pour nos frondes… un soir j’ai failli me faire pendre…Telepherie-transport-du-minerai-Bassompierre-Aumetz--Se.jpg

empoisonner les rats !

hobo arrêtée par les signaux du renard dans cette gare traversière toujours j’ai écrit des rogatons sur du papier de boucherie… je me suis pas méfiée des mots de culture à toubabs de ceux qui te hantent vampires au grand jour des salles électriques ta gorge de hibou soie et tes costumes frileux d’araignée à brume filante…

le blé est empoisonné dans leurs poches mais au début on le sait pas c’est tout…

dedans la cave du poète d’Alger ils y sont tous passés ceux qui allaient le clouer sur sa paillasse… gougnafres ils ont refilé à leurs héritiers le goût à répéter le rituel sacré couleur de sang et puis ils sont allés partout répéter non ce sang n’est pas la mien !

c’était un soir d’été qui se dénudait écarlate avec des pépites d’horizon à ramasser les quinquets rimmel de la nuit à la fenêtre… c’était mon heure d’errance ma passion hibou décollage au ras des rues fallait que je parte et on m’a demandé de dire un mot… un mot oui mais lequel ?

me voici spécimen d’exote mûr à point et il est temps de tailler la route hein ? ceux que j’ai aimés ils avaient radiné de très loin c’était des gens de parole qui judacent pas et je croyais que les laveuses de macchab’ appartenaient à la tribu alors j’ai dit ce que j’avais sur le bout de la baveuse et j’ai senti mon vieux pote de rat blanc et noir au nez rose que je trimballe partout se recroqueviller au creux de ma profonde… j’ai fourré mes doigts et les ratiches de Ravachol ont agrafé mon index du léger comme pour avertir… je suis son unique issue de secours…

même un mot des fois y vaut mieux pas y a rien de tel qu’un mot pour déchaîner la haine des sots et pour qu’ils sautent sur l’occasion comme Ravachol sur les petits bouts de fromage…

empoisonner les rats !

le soir de l’affront mes frangins d’Alger ont des mains d’ouvriers aux abattoirs autour d’une assiette de lentilles thaïlandaises… on me somme de fournir une explication manger avec des gens qui font passer le goût pour la guerre avant celui des lentilles ça veut dire qu’il faut avoir le sens de la fuite et des semelles de papier à cerf‑volant j’ai de l’insouciance en pagaille…

le poète vigie d’Alger sait qu’ils ont toutes les armes de leur côté ceux qui racontent qu’écrire c’est un job sans pesanteur un job d’oiseau quoi et ce coup‑ci y aura personne pour dénouer le fil qui lui serre la gorge qui va l’étrangler lui l’étranger lui retirer les ailes…

les trois laveuses sont là se tiennent debout aux portes de l’infamie elles sauront emmouscailler les journaleux… les mots c’est comme l’encre c’est lourd ça traîne au fond des poings fermés il en reste toujours un peu tiens ! si ça vous dénonce les paluches sales on est repéré tout de suite alors tailler la route ! ce sang n’est pas le mien !

 

empoisonner les rats !

il s’appelait Ravachol c’était un spécialiste en grignotage de romans russes un peu archaïques les romans russes sont de grands fleuves irrésolus il avait une préférence pour Tolstoï… avec Guerre et Paix il pouvait tenir tout le temps de l’hiver à Vladivostok… 

c’est Tom un hobo du Transsibérien qui me l’a refilé on s’est croisés sur un quai Gare de l’Est à son retour de Vladi… il revenait d’Okinawa l’île où les oiseaux ne vieillissent pas et une fois rejoint Séoul il a troqué son passage à un docker Mongol contre trois bouteilles de Vodka embarqué à Sokcho sur un cargo transporteur de bois frais…

direction l’index de turquoise liquide du Bosphore oriental pointé vers Zolotoï Rog à Vladi il a traîné entre les entrepôts aux chicots rouillés sur le port des heures il a marché… il s’arrêtait seulement aux cabanes à roues pour se gaver de pirozhki au chou et avaler des litres de bière où nagent des crevettes il ne voulait pas rater ça…

Vladi c’est l’Orient du froid avec des quais qui en finissent pas quand il en avait bien marre le petit tramway jaune et bleu le larguait à la Gare qui ne va pas plus loin… on peut se laver aux fontaines de céramique verte les pieds des hobos et des poètes ont besoin d’eau qui désaltère l’oubli… Photo064-Batiments-sur-le-carreau-de-la-mine-d-Auboue-Se.jpg

dans les wagons du Transsibérien y a de l’eau chaude aux robinets de cuivre des gogues de luxe mais lui il partageait un puceux de 3ème classe avec un vieux cantonnier qui avait sa claque de balayer les rues d’Ulan‑Ude à cause du zeph qui remet les choses à leur place et tu n’en vois pas la fin… il a refusé de bazarder sa brouette rouge il ronflait dedans les soirs à Vodka alors il a fallu l’embarquer et aussi avec le grand compas et le nounours d’astrakan à peluche anthracite son héritage de l’époque qu’il était ingénieur à la fabrique de textile Krasnoë Znamia de Leningrad la Rote Fahne… 

planquer des litrons dans ton pieu même en platskartny la classe des gens qui ont du mal c’est interdit alors ils acceptent de voyager dans l’odeur des gogues et du thé noir longtemps Tom et l’archi cantonnier Nestor et le rat… à chaque arrêt du Transsibérien ils ont tenté de s’embaucher dans les cirques ambulants mais malgré la dégaine de Nestor et son récit de ce qui l’avait mené de son activité dans le constructivisme soviétique à gratter les routes avec un vieux balais de paille ils sont arrivés à rien du tout… Photo133-Chargeuse-Eimco-a-air-comprime-Mines-de-fer-d-Hu.jpg

A suivre...

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