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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 22:33

 Le marchand d'oiseaux fin


      Tu n’as eu aucun mal puisque j’étais la seule assise à l’une des tables rouges vermillon à reconnaître mes mains. Comme je m’ennuyais à mort dans cette attente du marchand d’oiseaux qui décidément ne venait pas et que cette heure était celle où d’ordinaire je rentrais me coucher avec les oiseaux de nuit j’avais ouvert le cahier à spirale. J’imaginais que je pourrais peut-être capturer une des brouillard symphonie dont j’ignorais tout encore et dont les mots me semblaient aussi insaisissables qu’un hérisson refermé sur son ventre.
      Je ne pouvais à l’époque que me piquer les doigts à cette bogue tendue pour défendre un marais de douceur à l’intérieur et tracer quelques signes de sang maladroits. L’imagination fulgurante de la bête accomplissait le reste et mes cahiers se remplissaient d’une écriture rouge écaillée et lancinante. Une écriture de petits cris comme ceux qui avaient été enfermés pendant longtemps dans la boîte de soda bondissant au fond du ventre de la benne à ordures.
      Le perroquet bleu turquoise a traversé la salle de bar comme un météore et je t’ai vu à sa suite au moment où je séchais gravement sur la fin de mon histoire à cause d’une image qui toujours me revenait. C’était celle de la reine mort aux doigts longs et transparents tel du marbre blanc qui tentait de me passer au poignet un bracelet d’argent alors que je lui avais déjà laissé saisir une proie bien plus fascinante que moi jadis. Une proie d’enfance.
      - Je nous croyais quitte… étais-je en train de lui dire lorsque tu es venu vers moi avec l’air de quelqu’un qui n’a pas encore franchi la fenêtre de sa nuit quand les flammes légères des bougies l’habillent de satin blanc et de soie nénuphar.
      J’ignorais qu’il était inutile de discuter avec elle car ses pouvoirs étaient bien plus grands que ceux des mots.
      - J’ai envie d’un chocolat très chaud… pas toi ? Et tu t’es assis juste en face de moi car tu savais que j’étais une amie ancienne qui te revenait enfin.
      De l’autre côté de ta fenêtre de nuit mille petites flammes vacillaient et se poursuivaient si lentement que je parvenais à peine à deviner les mains des magiciens agitant des gouttes d’eau au fond des landes de bruyère de tes yeux. Tes doigts aussi chauds que la lueur framboise du poêle se sont couchés sur les miens. Et le froid familier des mains de la reine s’est retiré à pas pesants dans un frôlement de traîne à l’intérieur de la sciure fraîche.
      De l’autre côté de ta fenêtre de nuit des plumes bleu turquoise puis vert pomme et écarlates se coulaient de tes poignets aux miens pendant que tu me tendais dans ta paume offerte un encrier si lumineux qu’on aurait dit un citron éclairé par la clarté filante de la lune comme un gros berlingot.
      De l’autre côté de ta fenêtre de nuit je me suis senti glisser du haut de la dune d’or paillée jusqu’en bas où une plage blanche infinie s’étendait semblable à un lit d’oiseau pour renaître interminablement.
      - Tu ne crois pas qu’il est l’heure d’aller dormir ?… tu m’as demandé en me faisant un clin d’œil après que le goût délicat du chocolat avec la cannelle à la fin nous ait grisés comme une marche dans une forêt mouillée.
      - Si je crois … je t’ai répondu et j’ai ri tout contre toi tandis que dans mon dos le poêle ronronnait malicieux une brouillard symphonie apprivoisée où je distinguais de voluptueux battements d’ailes écarlates.
      Alors tu as murmuré doucement :
      - J’adore ton rire… mais pas dans l’oreille… Oh ! je t’en prie… pas dans l’oreille…

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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 15:00

Non ! Nous n'oublierons pas Gaza

      Voici un poème superbe dédié à la Palestine et aux Palestiniens écrit par le poète Rassool Jibraeel Snyman qui vit en Afrique du Sud et qui a bien sûr connu la situation d'apartheid qui est celle actuelle du peuple palestinien dans la Cisjordanie occupée et à Gaza... 
      Nous sommes tous nous autres qui écrivons solidaires de ces populations colonisées et écrasées par les puissances de l'Occident et nous refusons de cautionner ce que les dirigeants des principaus Etats du monde riche-blanc-dominant font subir à ceux qu'ils méprisent exploitent et traintent comme des esclaves ! 
      Oui la rage doit nous mener ainsi que l'écrivait déjà le poète Henri Michaux à nous révolter contre notre silence et notre soumission face à ceux qui se sont toujours crus invincibles parce qu'ils ont volé leurs terres et leurs vies aux enfants de Palestine et de tous les pays où les gamins sont affamés discriminés et tués à petit feu au travail obligatoire et dans leurss guerres infâmes !
      Si nous sommes nombreux à refuser cette honteuse mascarade des nantis nous arriverons à retourner cette situation à mains nues et à redonner aux enfants un présent et un avenir joyeux et bienfaisant ! Alors au boulot camarades... y a bien à faire !   


Je rage

mardi 10 février 2009

Rassool Jibraeel Snyman

PalestineChronicle

 

Afrique du Sud - 20 janvier 2009 - Histoires d’extrême bon sens.

 

Nous devons rager - Car c’est peut-être par la rage - Qu’un monde meilleur verra le jour


Je rage

Je rage

Je rage

Je rage contre

Les dieux qui ont laissé le monde échapper à tout contrôle

Je rage contre le système qui nous trompe

Je rage contre ces rouages qui nous broient

Huilés par le silence du peuple

L’acquiescement

L’apathie

Et la tromperie

Je rage parce qu’il nous faut rager

Et non être matés

Ni pacifiés

Ni traités avec condescendance

Je rage contre le système qui contemple avec jubilation

Comment nous nous entre-déchirons

Devenons des monstres qui hurlent à la lune

Montrant les crocs

Et des griffes d’acier

Je rage parce que le silence tue

Je rage parce qu’un vote signifie parfois

Un arrêt de mort

Pour quelqu’un quelque part

Je rage

Je rage

Je rage parce que nos instruments de paix

Sont récupérés

Biaisés

Injustes

Et loin d’être pacifiques

Je rage parce que nous avons ressuscité Rome d’entre les morts

Et lui avons donné sa puissance

Pour tuer

Mutiler

Créer le chaos

Pour dire non à la paix

Et faire de nous des bêtes assoiffées de sang

Je rage parce que c’est la couleur de ma peau

Qui détermine si je suis triste

Ou ignoré

Ou accusé

De ma propre misère et de ma propre mort

Je rage en silence

Je rage au grand jour

Je rage avec ma plume

Je rage avec mes pensées

Je rage

Je rage

Je rage

Je rage parce que nous avons de la pitié pour l’empereur

Et aucune pour les victimes

Qui jonchent les champs

Mutilées

Meurtries

Je rage parce que nous sommes délibérément aveugles

Consciemment sourds

Et notre tristesse sélective

Je rage de notre hypocrisie

Et de nos fausses valeurs

De notre double langage

Et de l’éternel

Inconditionnel

Amour de Rome

L’amour de l’empereur

L’amour de l’esclave pour le maître

L’amour du fouet

Et l’amour de notre propre humiliation

Dégradation

Et descente dans la bestialité

Je rage

Je rage

Je rage

Je rage parce que des enfants meurent

Que les balles sifflent

Que nous disons adieu à notre bon sens

Parce que les politiciens renient

Et que les veuves pleurent

Des reflets de diamants dans chaque œil

Devrais-je me croiser les bras et gémir

Non

Non

Non

Non

Non

Je rage

Je rage

Je rage

Je rage parce que je le dois

Je rage parce que l’histoire

Ne se modifie pas avec des hommes soumis

Ni des hommes silencieux

Mais avec des hommes en colère

Qui ragent contre l’injustice

Et crachent à la figure des oppresseurs

Et sont prêts à défendre leurs vérités

Pareils à des montagnes

Déterminés

Résolus

Je rage

Je rage

Je rage

Je rage

Je rage

Jusqu’à ce que je me révolte

Et que je brûle palais et cachots

Viens Frère

Sœur

Mère

Fille

Camarade

Ami

Donne-moi la main

Rage avec moi

Le silence est assourdissant

L’apathie tue

Plus insidieusement que les balles

Battons le tambour

De la justice

Vibre au plus profond de toi-même

Laisse ton sang bouillir comme la lave

Et ta colère comme les flammes

Fais exploser le soleil

Eclipse-le

Réduis-le

De telle façon

Que les temples de la vanité

Soient réduits en cendre

Et la puissance détruite

Je rage

Je rage

Je rage

Je rage

Je rage

Jusqu’à ce que justice soit faite

Et l’avenir de l’enfant assuré

Jusqu’à ce que la paix soit comme l’air que nous respirons

Et que dans les champs lèvent des fleurs de joie

Pas des os blanchis

Jusqu’à ce que les collines de Palestine

Retournent à leurs légitimes propriétaires

Et que les oliviers chantent sous la brise

Les symphonies des feuilles et des oiseaux

Lettres de paix

Pour un peuple las de la guerre

En grand besoin de répit

Jusqu’à ce que tout oppresseur

Soit happé

Craigne la rage

Du peuple

Jusque-là je dois rager

Tu dois rager

Nous devons rager

Car c’est peut-être par la rage

Qu’un monde meilleur verra le jour

 

The Palestine Chronicle est heureux de présenter un nouveau poème du distingué poète sud‑africain, Rassool Snyman.

 

Autres poèmes de l’auteur :

Palestine is my name

Jesus in Gaza

 

traduction : JPP

Enfants au Camp de Khan Younis à Gaza en 1993 Marc Fourny

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10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 23:11

 Un Salon en images
 
    
      Eh bien voilà... quelques images du Salon comme promis pour vous donner l'illusion que vous y étiez et vous faire partager l'ambiance très festive de cet événement qui avait lieu dans la Mairie du 13ème arrondissement Place d'Italie et qui a été fort agréable et très riche grâce à vous tous !
      Nous on se trouvait comme chaque année dans le couloir qui donne sur le buffet arabe vu qu'on est les deux seules revues à y participer puisque les autres ne se débrouillent pas...
Inutile de vous préciser que Marie Virolle qui anime les Ed. Marsa est à l'origine de notre présence ici vous vous en doutez car mézigues pour les négociations c'est pas vraiment ça...
      Et en fait de buffet en voici quelques échantillons pris en photos par notre photographe Jacques Du Mont très pro et passionné de belles et bonnes choses comme vous voyez ! On a passé tout le Salon à sentir les délicieuses odeurs de cuisine et d'épices sans parler du thé à la menthe évidemment... on s'est régalés des couleurs et des odeurs autant que des mots et c'était très très agréable !
 







      Enfin vous imaginez facile en voyant ces images l'ambiance qui régnait et les Maghrébins aiment ce qui est beau et ce qui est bon pas de lézard ! ça fait partie de la fête et une fête sans couleurs sans épices et sans parfums c'est quoi alors !
      Les poteries ont une allure de femmes c'est connu et toute l'Afrique réalise des cuissons de poteries à feu vif sous des bottes de branchages séchés et sous de la tourbe que moi-même qui ait pas mal bossé la céramique je n'vois pas comment tout ne finit pas en miettes par les chocs thermiques... Ce sont des maîtres de ce genre de technique pas à dire !

   Bon et voilà qu'on ne parle pas de bouquins là-dedans mais pas grave ça va venir vous inquiétez pas...
      Pour la déco on fait confiance aux images habituelles et sans chameau pas de Maghreb et pas d'oasis évident... Celui-ci me plaît bien et je n'vois pas poursuoi on se priverait de sa présence rigolote ! On n'va pas faire comme les stars bidons et se prendre au sérieux non ? Donc chameau et puis on en arrive au début de notre prestation...                                                                                                     
      Et d'abord faut que je vous cause un peu de Rania dont je vous parlais hier déjà et de son bouquin que vous voyez là Nedjma et Guillaume. Rania c'est notre héroïne du Salon celle qui monte de Marseille exprès pour faire la fête et pour parler de ses poèmes et de ses écritures aux radios et aux gens qui ne la laissent pas souffler une minute ! Le succès qu'elle a c'est pas triste et on espère bien que vous irez sur son site et que vous ferez comme les autres créateurs maghrébins la découverte de ses histoires bourrées de passions et de poésie !








      Le bouquin de Rania c'est une histoire d'amour pas ordinaire entre un Prêtre et une Musulmane... Et je ne vous ai peut-être pas dit que Rania est kabyle une kabyle andalouse de Marseille et d'Espagne évidemment ! Alors à vous de jouer pour la suite...
      Notre Salon a été encore plus génial que les autres années vu que son visiteur vedette le plus jeune avait à peine six mois et qu'en plus c'est le petit loupiot de Tanit qui est la fille de notre amie Christiane Chaulet Achour prof de littérature comparée à la Fac de Cergy et écrivaine que vous connaissez tous.
      Christiane et moi ça fait plus de dix ans qu'on a fait les premiers Salons du Maghreb des Livres ensemble et sur les photos il y a eu souvent ses deux petits filles Neïla et Isma qui sont souvent venues nous voir... Alors bien sûr que le p'tit Alexis est le roi de la fête et qu'il sera né sous le signe du livre le veinard !


     

























      Maintenant il va falloir que la relève se ramène pour nous filer la main dans nos écritures et nos folies diverses de créateurs pas prise de tête du tout car on a besoin des gamins pour ne pas perdre le fil des joies de l'existence vu que ce début d'année il ne nous a pas gâtés du tout ! Alors de voir des p'tits comme Alexis ça file la pêche et ça efface un peu les images des mômes de Gaza martyrisés... Ouf ça existe encore le bonheur !

      Et voilà toute la petite famille Christiane Alexis Tanit et Arnaud qui ne quitte pas son fiston des yeux... avec Marie au premier plan et la perspective du couloir notre couloir à nous les fées du Salon Hop ! un coup de baguette magique et vous aurez la suite... la prochaine fois...

Alors à bientôt !

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9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 23:05

Un drôle de salon après...
    Eh bien voilà ! Notre Salon du Maghreb des Livres a eu lieu et on voudrait d'abord vous remercier d'être venus tellement nombreux et d'avoir été aussi présents généreux de votre soutien et efficaces dans tous les sens du terme...
      Rarement on a eu aussi besoin que cette année parès l'horreur de Gaza d'être entourés de chaleur humaine et de pouvoir partager avec tous ce qu'on a vécu et ressenti de tellement destructeur en ce début d'année et ça nous a fait un bien fou je crois de pouvoir simplement passer ce week-end ensemble autour des bouquins et des mots...
    Vous aurez droit à un petit reportage comme d'habitude dans le courant de la semaine mais voici déjà une des parutions que vous avez pu découvrir à ce Salon qui vous donnera peut-être envie d'en savoir plus... C'est un livre collectif où j'ai réuni des dialogues autour et avec les auteurs Alain Vircondelet, Hélène Cixous, Anouar Benmalek, Leïla Sebbar, Malika Mokeddem, Jean-Claude Xuereb... Une balade d'Aden à Alger et de Rimbaud à Jean Sénac...

      Il y a également comme je vous le disais toute la collection de nos Petits Cahiers qui apparemment vous ont beaucoup plu car vous les avez achetés massivement : une grande première pour nous qui avons l'habitude de chiffres de vente plus modestes... Une cinquantaine de  Petits Cahiers de vendus c'est extra ! Et nous allons tenter pour le prochain Salon de diversifier cette collection qui semble trouver plein d'amateurs et qui nous enthousiasme nous aussi.
      Bien sûr le Salon c'est aussi l'occasion une fois par an de rencontrer les amis écrivains qu'on ne voit pas tous les jours et qui viennent réguliers et fidèles comme nous le sommes à ce rendez-vous de la Méditerranée... On y a eu le bonheur de croiser Leïla Sebbar une fidèle écrivaine et supporter de nos Cahiers, et également Christiane Chaulet Achour avec toute sa petite famille et on a particulièrement fêté le premier Salon des Livres d'Alexis qui a six mois : le fils de Tanit et d'Arnaud et le petit fils de Christiane et de Tayeb a qui on a bien sûr offert son premier petit bouquin notre Crasseux écrit par Françoise Bezombes et illustré par l'ami Louis ! Vous aurez des images de notre famille élargie dès que possible...
      On a retrouvé les habitués tels qu'Anouar Benmalek, Jean-Pierre Bénisti le fils du peintre algérien Louis Bénisti, Ahmed Kalouaz le poète, Moussa Lebkiri le conteur, et les plus exceptionnels comme Abdelkader Djemaï qui m'a fait le plaisir et la surprise de m'offrir très gentiment son dernier livre publié au Ed. du Seuil Un moment d'oubli accompagné d'une dédicace très sympath et dont je vous parlerai bientôt comme vous savez...
      Je ne vous parlerai pas de tout le monde car les écrivains y sont trop nombreux pour les citer sans en oublier mais une petite mention spéciale pour mon amie Rania Aouadène qui vient de publier son premier Roman aux Ed. Marsa animées par notre amie Marie virolle que vous connaissez tous. Nedjma et Guillaume que je vous conseille vivement d'acheter car après les poèmes d'Andalousie et de Kabylie dont je vous ai parlé déjà vous ne serez pas déçus. Et vous avez le lien pour pister facilement le blog de Rania et aller y faire un tour : c'est passionnant !
      Dernier cadeau de cette très belle et émouvante journée le livre de Leïla Sebbar publié aux Ed. Elyzad : une maison d'édition tunisienne qui fait du très bon boulot d'après l'aspect extérieur du livre et je vous en dirai plus lorsque je l'aurai lu mais d'avance je sais que je ne serai pas déçue car avec Leïla il n'y a rien à craindre et le thème de ce récit me touche beaucoup.
      Il s'agit de Mon cher fils dont voici la quatrème de couv : " Un vieil homme, ouvrier chez Renault, revient vivre à Alger après trente ans passés dans l'usine-forteresse de Boulogne-Billancourt, l'île Seguin. Il vit seul, dans une petite maison aux volets verts, face à la mer. Il a eu sept filles et un fils dont il est sans nouvelles depuis longtemps et à qui il n'a jamais réussi à parler. Avec la complicité de la jeune Alma, écrivain public à la Grande Poste, il lui écrit, il tente de lui écrire.
Un roman sur les silences de l'histoire, du roman familial dans l'exil, le silence qui sépare un père de son fil."
      Voilà... On est heureux de vous avoir vus ou revus si nombreux et si attentifs à découvrir ce qu'on essaie de vous offrir avec le meilleur de nous-mêmes... ça a été un très beau moment qui nous fait chaud au coeur ! Merci à tous et dans quelques jours les photos de notre photographe attité Jacques Du Mont...

Alors à très bientôt !


     

     
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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 23:04

Un drôle de Salon des Livres du Maghreb...

     
Comme chaque année en février voici notre Salon du Maghreb des Livres qui approche vu que c'est dans deux jours : le week-end qui vient...
      Cette année aussi je vous en dis deux mots au cas où vous auriez envie de venir nous voir... on espère toujours des visites inattendues mais sans y croire... on a l'habitude de se faire ça entre gens qui écrivent qui lisent qui aiment raconter et écouter les histoires... et les histoires du Sud d'abord !
      Bon mais si vous voulez venir on vous attend ! 
      Cette année comme l'année dernière ça a lieu dans la Mairie du 13ème arrondissement Place d'Italie toute la journée de samedi et dimanche à partir de 11 heures du mat...
      On y sera avec nos
Cahiers des Diables bleus et surtout avec notre collection des Petits Cahiers que vous connaissez déjà vu qu'ils existent depuis six mois maintenant...
      Un drôle de Salon ça oui... après cette fin d'année très dure que nous avons vécue et dont on ne s'est pas très bien remis faut vous le dire... mais si on a survécu à cette horreur c'est qu'on a beaucoup communiqué par écrit avec les différents copains et copines d'Algérie et de tout le Sud en général... ça aide l'amitié dans ce genre de malheur et de désarroi...

      Y aura pas moins de deux nouveaux Petits Cahiers cette fois-ci : et d'abord celui de notre Crasseux l'ours fétiche qui nous accompagne depuis plusieurs années que Françoise Bezombes une de nos collaboratrices lui a donné vie et que Louis l'a gribouillé et puis mis en couleur sur des p'tits bouts de papier...
      Cette fois-ci il a son propre territoire de papier pour que les gamins puissent vraiment en profiter et le manipuler dans tous les sens... et il a des couleurs extras qu'on a revues à la hausse rien que pour lui et pour vous ! Comme toujours le prix de ces Petits Cahiers est proportionnel à leur taille et donc celui-ci vaut tout juste 4 euros... ce qui vous permet d'en acheter plein et de les offrir à tous les p'tits gamins que vous connaisez...
      Le Petit Cahier qui accompagne le Crasseux est un peu plus grave si on peut dire vu que c'est une nouvelles Lettre de Shérazade à Julien que nous a envoyée Leïla Sebbar et qui prend la suite de notre premier Petit Cahier publié au mois d'octobre 2008 où on peut lire trois Lettres échangées par Julien et Shérazade...
      Cette fois-ci le sujet qu'aborde Leïla nous est tristement familier puisqu'il s'agit des massacres de Gaza qui ont eu lieu à Noël et des grandes manifestations de soutien qui se sont déroulées un peu partout dans le monde pour soutenir les Palestiniens au coeur de ce monstrueux désastre...
      A ma connaissance Leïla Sebbar est la seule écrivaine algérienne vivant en France depuis des années qui a jugé utile et absolument essentiel d'écrire pour témoigner de l'horreur de ce qui se passait sous nos yeux et de notre colère devant notre impuissance. Je n'ai pas lu d'autres textes en provenance d'écrivains du Monde Arabe vivant ici mais peut-être m'ont-ils échappé... je l'espère...

      Leïla m'a envoyé spontanément cette Lettre de Shérazade à Julien alors qu'elle est publiée dans d'autres maisons d'édition car elle savait que nous la publierions aussitôt avec nos modestes moyens comme nous pouvons...
      C'est un très beau texte comme toujours et profondément engagé et émouvant que je vous conseille de venir découvrir au Salon... Nous essayerons de le faire circuler le plus possible car cela nous semble vraiment urgent de continuer à manisfester notre opposition ferme et résolue face à ce qui se passe chaque jour en Palestine et d'exiger par tous les moyens possibles que le peuple palestinien puisse enfin vivre libre et en paix sur sa terre. Ce Petit Cahier est vendu 3 euros.
      Bien sûr il est illustré par l'ami Louis et vous y retrouverez certaines des photos que vous avez vues sur notre blog du camp de Khan Younis à Gaza en 1993 réalisées par Marc Fourny.
      Il y aura à ce Salon d'autres surprises dont je vous parlerai demain et nous y serons comme d'habitude en compagnie de notre amie Marie Virolle la responsable des
Ed. Marsa.
Alors à demain...

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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 00:02

      D’ordinaire j’aime pas parler de choses persos quand j’écris des poèmes et quand j’emploie le “ je ” c’est pour que ceux qui lisent puissent entrer dans les mots plus facilement… mais là s’agit comme je fais parfois de donner la parole à mon grand-père aux yeux bleus à qui je dois probable mon envie d’écrire…
      Il a jamais rien écrit lui et je n’suis pas sûre qu’il aimerait mes histoires mais ce sont les gros livres aux dos rouges carton de son armoire très haut que je le regardais aller chercher pour me les lire quand la nuit nous tombait dessus à côté de la cuisinière à bois en fonte qui ronchonnait gentil auxquels je songe à chaque fois que je commence à écrire quelques mots…
       Il a jamais rien écrit mais il savait le goût léger acide et réglisse de la vie… me l’a refilé avec les glaïeuls rouges les oiseaux du ciel la lumière crépuscule qui se tire de l’autre côté le cri des hiboux aux géants quinquets dorés… A tous ceux des miens et tant d’autres ouvriers paysans artisans gens du labeur que la cruauté des heures obscures du jour ont enfoncé dans le silence je dis que c’est pour vous que j’écris et pour vous je continuerai…  




Le tant aimer

Mardi, 30 mars 2004

A Célestin mon grand-père aux yeux bleus

  

J’ai aimé le feu que tu m’as donné 

J’ai aimé l’arbre et sa forêt

J’ai aimé un matin neuf sans peur et sans honte

J’ai aimé un à un chaque matin du monde

J’ai aimé l’instant mouillé où tout se tait

J’ai aimé ton regard heureux posé sur moi

Frais comme une guirlande de petites lunes

J’ai aimé guetter l’heure de la veillée

Pendant que les vieilles femmes filaient des contes

Et démêlaient les écheveaux de nos émois

Toi et moi nous désirions caresser le monde

Comme un arbre le ciel avec ses doigts

 

J’ai aimé les mots que tu m’as donnés

J’ai aimé l’arbre et son secret

J’ai aimé sous nos pieds sentir danser la dune

J’ai aimé son ventre couvert d’étincelles

Que nous n’avions pas peur d’éteindre en marchant

J’ai aimé le désert son silence son cri

Pendant que les outres vidées sur les margelles

De nos puits rêveurs buvaient le vent

Les couleurs des fruits que tu as apportés

Mieux qu’un grand festin m’ont ravie

J’ai aimé cet instant où tout était

J’ai aimé entre nous les portes du monde

J’ai aimé leur lourd montant de bois s’ouvrant

Le seuil que nous franchissions si léger

 

J’ai aimé les cailloux que tu m’as donnés

J’ai aimé l’arbre que tu aimais

J’ai aimé la forêt d’anciens livres posés

Comme de vieilles mains sur les tables claires

De ton atelier J’ai aimé les pages

Des lettres de cet écrivain volage

Qu’avec des gestes tendres tu recollais

Pendant que les gens de bien  brûlaient ses livres

J’ai aimé ta présence comme une clairière

Où un instant se serait arrêté le monde

La forêt le désert le temps une seconde

Tout ce que j’ai aimé ne vieillira jamais.

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 23:23

      Parler de Gaza...
Camp de Khan Younès à Gaza en 1993
     
      Je vous avais promis qu'on n'oublierait pas Gaza et ce qui s'y est passé durant les jours de cette fin d'année qui sont d'ordinaires des moments festifs où les enfants sont particulièrement joyeux et où la perversion de l'Etat d'Israël a choisi de détruire justement à cette période le plus possible de gamins palestiniens et d'enlever aux autres l'espoir d'une vie qui ressemble à celle de tous les enfants.
      Non... on n'oubliera pas et voici deux textes adressés justement à cet Etat assassin et à ceux qui le dirigent de la part  de deux écrivain d'origine et de culture juive qui expriment avec détermination et avec force ce que nous devrions tous dire à notre façon nous qui prétendons utiliser l'écriture pour résister et agir contre toutes les formes de barbarie et de guerres...
      Il est essentiel aujourd'hui que des personnes dont la famille a été marquée par le génocide du siècle précédent refusent celui qui a été appliqué cet hiver à Gaza et qu'ils dénoncent ce que d'autres prétendent faire en leur nom. Ils nous montrernt l'exemple de ce que nous pouvons également dénoncer ensemble et leur prise de parole donne plus de légitimité à la nôtre.
      Rien ne peut justifier la violence à l'égard de populations civiles désarmées et enfermées dans un lieu d'où elles ne peuvent fuir et où elles ne peuvent trouver aucun refuge. Ce qui se joue à Gaza c'est l'élimination et la destruction systématique de tout un peuple ! Ne restons pas muets face à cette monstrueuse imposture...

“ Effacez le nom de mon grand-père à Yad Vashem ”

 Publié le 29-01-2009

 

      Jean-Moïse Breitberg, écrivain, demande à Israël de faire retirer du Mémorial de Yad Vashem le nom de son grand-père et ceux de tous les membres de sa famille morts en déportation, après les crimes commis par l’Etat sioniste à Gaza.

 

      “ Monsieur le Président de l’Etat d’Israël, je vous écris pour que vous interveniez auprès de qui de droit afin que l’on retire du Mémorial de Yad Vashem dédié à la mémoire des victimes juives du nazisme, le nom de mon grand-père, Moshe Brajtberg, gazé à Treblinka en 1943, ainsi que ceux des autres membres de ma famille morts en déportation dans différents camps nazis durant la seconde guerre mondiale. Je vous demande d’accéder à ma demande, monsieur le président, parce que ce qui s’est passé à Gaza, et plus généralement, le sort fait au peuple arabe de Palestine depuis soixante ans, disqualifie à mes yeux Israël comme centre de la mémoire du mal fait aux juifs, et donc à l’humanité tout entière.
      Voyez-vous, depuis mon enfance, j’ai vécu dans l’entourage de survivants des camps de la mort. J’ai vu les numéros tatoués sur les bras, j’ai entendu le récit des tortures ; j’ai su les deuils impossibles et j’ai partagé leurs cauchemars.
      Il fallait, m’a-t-on appris, que ces crimes plus jamais ne recommencent ; que plus jamais un homme, fort de son appartenance à une ethnie ou à une religion n’en méprise un autre, ne le bafoue dans ses droits les plus élémentaires qui sont une vie digne dans la sûreté, l’absence d’entraves, et la lumière, si lointaine soit-elle, d’un avenir de sérénité et de prospérité.
 
      Or, monsieur le président, j’observe que malgré plusieurs dizaines de résolutions prises par la communauté internationale, malgré l’évidence criante de l’injustice faite au peuple palestinien depuis 1948, malgré les espoirs nés à Oslo et malgré la reconnaissance du droit des juifs israéliens à vivre dans la paix et la sécurité, maintes fois réaffirmés par l’Autorité palestinienne, les seules réponses apportées par les gouvernements successifs de votre pays ont été la violence, le sang versé, l’enfermement, les contrôles incessants, la colonisation, les spoliations.
      Vous me direz, monsieur le président, qu’il est légitime, pour votre pays, de se défendre contre ceux qui lancent des roquettes sur Israël, ou contre les kamikazes qui emportent avec eux de nombreuses vies israéliennes innocentes. Ce à quoi je vous répondrai que mon sentiment d’humanité ne varie pas selon la citoyenneté des victimes.
      Par contre, monsieur le président, vous dirigez les destinées d’un pays qui prétend, non seulement représenter les juifs dans leur ensemble, mais aussi la mémoire de ceux qui furent victimes du nazisme. C’est cela qui me concerne et m’est insupportable. En conservant au Mémorial de Yad Vashem, au coeur de l’Etat juif, le nom de mes proches, votre Etat retient prisonnière ma mémoire familiale derrière les barbelés du sionisme pour en faire l’otage d’une soi-disant autorité morale qui commet chaque jour l’abomination qu’est le déni de justice.
      Alors, s’il vous plaît, retirez le nom de mon grand-père du sanctuaire dédié à la cruauté faite aux juifs afin qu’il ne justifie plus celle faite aux Palestiniens. Veuillez agréer, monsieur le président, l’assurance de ma respectueuse considération."

 Jean-Moïse Braitberg est écrivain.

 

Le Monde (édition du 29.01.09)
















De Michel  Warsharwski : “ Ehud Barak, Tzipi Livni, Gabi Ashkenazi et Ehud Olmert… vous n'avez aucun droit de parler au nom de nos martyrs. ”

 

       Ehud Barak, Tzipi Livni, Gabi Ashkenazi et Ehud Olmert - n’ayez pas l’impudence de montrer vos gueules à aucune cérémonie commémorative des héros des ghettos, de Lublin, de Vilna, de Kishinev ou de Varsovie.
      Et vous aussi, dirigeants de “ La Paix Maintenant ”, pour qui la paix signifie une pacification de la résistance palestinienne par tous les moyens, y compris la destruction d'un peuple. A chaque fois que je serais présent, je ferai personnellement tout pour virer chacun d’entre vous de ces commémorations, parce que votre présence même serait un immense sacrilège.
       Pas en leurs noms !
      Vous n'avez aucun droit de parler au nom de nos martyrs. Vous n'êtes pas les héritiers d’Anne Frank du camp de concentration de Bergen-Belsen mais de Hans Frank, général allemand responsable de l’anéantissement des juifs de Pologne.
      Vous n’êtes pas les héritiers du ghetto de Varsovie, parce qu'aujourd'hui le ghetto de Varsovie est exactement en face de vous, cible de vos tanks et de votre artillerie, et son nom est Gaza. Gaza que vous avez décidé d'éliminer de la carte, comme le Général Frank a eu l'intention d'éliminer le ghetto. Mais, à la différence des ghettos de la Pologne et de la Biélorussie, dans lesquels les juifs ont été laissés presque seuls, on n'éliminera pas Gaza parce que les millions des hommes et de femmes des quatre coins de notre monde construisent un bouclier humain puissant portant ces mots : “ plus jamais cela ! ”
       Pas en notre nom !
      Ensemble, avec des dizaines de milliers d'autres juifs, du Canada, de la Grande‑Bretagne , d'Australie à l'Allemagne, nous vous avertissons : n'ayez pas le toupet de parler en nos noms, parce que nous allons vous pourchasser, si nécessaire jusqu'en enfer, l’enfer des criminels de guerre, et enfoncer vos mots jusqu'au fond de votre gorge, jusqu'à ce que vous nous demandiez pardon pour avoir osé nous mêler à vos crimes. Nous, et pas vous, sommes les enfants de Mala Zimetbaum et de Marek Edelman, de Mordechai Anilevicz et de Stephane Hessel, et nous remettons leur Message à l'Humanité dans les mains des Résistants de Gaza pour qu’ils le conservent, pour nos enfants et pour tous les enfants du monde: “ Nous luttons pour notre liberté et la vôtre, pour notre honneur et le vôtre, pour notre dignité humaine, sociale et nationale et pour la vôtre. ” ( Appel du ghetto au monde, Pessa’h 1943 )
      Mais pour vous, dirigeants d'Israël, “ liberté ” est un mot sale. Vous n'avez aucun “ honneur ” et vous ne comprendrez jamais le sens des mots “ dignité humaine ”.
      Nous ne sommes pas une “ autre voix juive ”, mais la seule voix juive ayant le droit de parler au nom des martyrs du peuple juif. Votre voix n'est rien autre que les vociférations bestiales millénaires des assassins de nos ancêtres.

 
Camp de Khan Younis à Gaza en 1993

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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 23:49

De Camus à Céline... “ Je me révolte donc nous sommes ”... 
Epinay, décembre 2008

 

Ecrire sur Camus ça n’est pas une chose facile pour des gens qui ne prétendent pas avoir des opinions bien bricolées par les années d’école et l’habitude de bavouiller de ci de là avec de l’éloquence et du bon raisonnement ni pour ceux qui n’aiment pas du tout se retrouver parmi les innombrables qui ont pondu leur petit commentaire sur l’homme qui marche sous le soleil de Tipaza et le reste…

C’est pour ça que moi qui ai quand même quelques autres raisons de le faire ne serait‑ce que mon expérience de vie insoumise et marginale porteuse d’une certaine forme de révolte je me suis abstenue… Bien que le désir je l’aie eu je l’aie et qu’à mesure que le temps passe et que les rencontres avec des êtres de vie authentique qui ont bien connu le Camus des années algériennes tel que mon ami Jean Pélégri ou que Jean-Claude Xuereb m’incitent… je songe souvent qu’il faudrait s’y mettre…

Probable que c’est l’horreur de bavasser dans le vide et de faire du commentaire de texte alors qu’il y aurait tant à mettre de nos aventures autour des mots de L’Homme révolté de Caligula des Justes de Lettre à un ami allemand et des articles algériens au minimum qui m’ont retenue toujours de parler des engagements et des utopies accompagnant chaque réflexion de Camus… Et peut-être encore l’aura du doute en faisant une personne humaine qui écrit si loin des maîtres en écriture tous ceux-là qui nous assomment… Je crois bien que c’est ça qui me touche d’abord chez lui : le fait que j’y repère parfois sous le glacis de l’homme de lettres l’enfant des quartiers pauvres d’Alger où il a grandi…  l’enfant qui devenu un homme devait se demander s’il avait une légitimité pour devenir un écrivain…

Probable que c’est la même chose qu’avec Céline sur qui je me suis décidée à gribouiller un ou deux articles parce que là aussi là toujours c’était ma vie qui s’y collait. Et même si les deux hommes et les deux œuvres n’ont rien à voir je m’y sens moi pourtant en fraternité sensible avec plein d’intuition qui circule qui va qui vient et j’y retrouve des lambeaux de toutes les fringues que j’ai endossées les unes par-dessus les autres... Ouais c'est ça...  un peu à la façon de Céline à Meudon et de comment il s’attifait le bougre…

Jusqu’ici j'ai préféré laisser aux professionnels de l’art oratoire et de la critique le champ libre... Je me sens tellement hors de ce contexte-là à des mille de distance de la pensée abstraite et tellement malhabile à ajouter quelque chose... une réflexion… dans le sens de réflexe comme une balle qui rebondit et qu’on attrape au vol sans y penser justement… une réflexion hésitante indocile et malmenée c'est forcé par la réalité à tant de démonstrations aux références imparables…


          “ Des idées tout le monde en a… ” c’est Céline qui le disait et comme il avait raison… Oui des idées tout le monde en a et moi justement en ces années de ma jeunesse 1975 par là… j’avais 19 berges et des idées je n’en avais pas lerche… J’avais réussi à virer le pataquès de lieux communs qui est l’héritage piégé des braves gens de la droite catho non politisée c’est‑à‑dire bien dans le sens du courant que cherchait à me refiler mes vieux… eux qui n’avaient rien vu d’autres en 1968 que le manque d’essence pour la voiture de mon père qui était alors représentant en fil à coudre et fermetures éclair… ça ne s’invente pas…

Mais et Camus dans tout ça vous allez dire ? De Camus dans cette année 1975 je venais de découvrir complètement ahurie le texte de L’Homme révolté que je bouquinais sous la table pendant les cours de philo en bouclant une terminale difficile où je m’ennuyais redoutable sauf pendant les heures de philo par le fait… De cette terminale le principal souvenir qui me reste à part Camus c’est d’avoir lu les premiers vers de René Char de Desnos de Breton et de Saint John Perse grâce à mon prof de philo le poète Georges Brindeau… et d’en être restée les yeux écarquillés…

Avoir un prof de philo poète pour de vrai c’est déjà pas banal et un bonheur qu’on imagine pas qui puisse vous arriver à 19 berges mais faut que je vous dise que pour moi les années d’étude et d’école elles ont été à la fois tristes et violentes … une suite d’heures qui me rapetissaient dans mon corps et la poésie c’est bien la première chose qui m’a filé le début de la piste pour me tirer de là… fiche le camp vite vite de cet ennui qui me crevait la peau et de la peur pas descriptible qui va avec… Pas étonnant que j’aie rencontré Camus quasi en même temps vu que lui le désespoir d’une enfance qui ne mène nulle part je suppose qu’il l’a connu malgré la compagnie qu’il avait des petits mômes des rues d’Alger et de la liberté qu’y avait alors à vivre sur cette terre solaire…

Mais sa souffrance à lui c'était une pauvreté bien réelle semblable à celle des autres gamins ce qui permet de comprendre qu’il se soit senti proche des personnages de la littérature russe et surtout de ceux qu’on rencontre dans les romans de Tolstoï car quelle était la misère des koulaks ! La misère qui transpire comme une mauvaise sueur de la plupart des récits des écrivains russes tels que Gorki Dostoïevski Gogol… a dû aussi influencer l’écriture des Justes et la phrase qu’on trouve dans les premières pages de L’Homme révolté : “ La conscience vient au jour avec la révolte. ” colle tout à fait avec l’histoire de Stépan et de Yanek. Et la situation d’une grande partie de la société russe à l’aube de la révolution devait avoir des ressemblances avec celle des populations de l’Algérie colonisée qui ont un matin décidé que ça y était la limite de ce qu’il avaient supporté était atteinte…

A l’époque où j’embarquais à bord de L’Homme révolté je ne connaissais rien de l’enfance algérienne pauvre de Camus et je ne me vois pas en train d’aller quêter des similitudes de souffrance et de désastre avec la mienne ou des moyens pour recoller mon enfance en pièces vu que tout ça je ne pouvais pas le penser ni y penser… J’étais en plein dedans avec mes 19 berges et j’allais mettre un bout de temps à en sortir… Là où je zonais alors c’était la grande solitude et je n’avais pas d’autre compagnie que les bouquins où je creusais page après page ma galerie depuis des lustres en me disant qu’un jour ça déboucherait… ouais et j’avais raison… ça a débouché sur la révolte…

A l’état de solitude de mon adolescence il n’y avait que la révolte qui pouvait opposer son incendie et donner du sens à l’insensé total qui créchait sous ma peau parce que justement elle n’est ni une idée ni un concept ni une théorie et que ceux qui prétendent qu’elle est cela sont des niais qui n’ont jamais connu la lucidité atroce d’avoir le choix à la sortie de l’enfance entre l’abêtissement commun et le désespoir singulier…

Non… la révolte elle s’est pointée avec les poèmes de Baudelaire et de Rimb’ chantés par Léo Ferré et avec ses textes de Poètes vos papiers ! qui me griffaient la gorge comme un greffier qu’on libère de sa cage… Elle était cette émotion sauvage et brute avec laquelle on se construit en face de la chiennerie du monde bâtard des nantis et contre celui des hommes sans conscience. Cette émotion dont parle Céline qui allait devenir comme ça l’outil dont j’avais besoin pour forger à mon propre incendie mon histoire et ma destinée et les relier à celles des autres…

Et je peux dire aujourd’hui que j’ai bien bourlingué sur les pistes de l’existence et de l’écriture que L’Homme révolté de Camus tel que je l’ai lu à 19 ans a été le premier texte libertaire que j’ai approché de lui et le premier texte libertaire qui m’ait initiée à une expérimentation de l’histoire de la révolte humaine qu’il s’agisse de celle d’un paysan Makhnoviste d’Ukraine d’un ouvrier du livre de la Commune de Paris ou d’un anarchiste républicain espagnol en 1936…

Et la phrase qui ne m’a pas quittée depuis : “ Je me révolte donc nous sommes… ” venue un matin fracasser la vitre de ma solitude est s’il faut parler d’idées de la même invitation au désordre joyeux mis en commun que celle de Louise Michel : “ Toute idée remuée devient une aurore… ” 
A suivre...   

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 23:11

Ma place au cœur des lampes

Epinay, dimanche, 28 décembre 2008

 

Je ne sais pas pourquoi ils veulent tous

Que ça soit moi qui prenne la place

Du maître des équipages

Le type sans visage qui change

L’attelage des chevaux épuisés

Essuie la sueur et la crasse panse

Les coupures des cuirs usés sur leur dos

Les trous des caillasses aux sabots

Mélange aux mangeoires des pommes

Mûres et leur parle une langue ancienne

Avec des mots nouveaux moi qui refuse

Les bonshommes au ventre trop gros

Qui cassent le rythme de la course folle

Des grelots du vent dans leur crinière

Moi qui entasse sans les froisser

Les bonnes femmes dont les jupons emballent

Au passage les pétales des narcisses

Doux serviteurs de leurs aisselles lasses

Des parfums bon marché

Moi qui ouvre les portières aux courtisanes

Laissant les juments alezanes aux guerrières

 

Je ne sais pas pourquoi ils veulent tous

Que ça soit moi qui prenne la place

Du cocher chef des diligences

Le type dont la casquette de renard

Cache les yeux capitaine des escales

Qui sait de l’errance lire les cartes

Suivre les pistes où personne ne passe

Tailler la route entre genêts et fougères

Eviter la voie aux ornières royales

Le chemin le plus court où le voyageur

Perd la trace de l’enfance du bateleur

De foire et de son ours qui faisait des tours

Sur sa paillasse avec des ballons

De glace et des ouistitis jaunes qui touillent

Les tasses de café du bout de leur queue

Le soir au fond des mémoires moi qui choisisse

Le détour par la spirale de bruyère

Broutée de brume moi qui assume

D’être en retard sur l’horaire d’allumer

Les lucioles de Galatée au chalumeau

D’acétylène pour faire reluire

Les yeux aveugles des chevaux arabes

Et scintiller les grelots du vent

Dans leur crinière d’incendier les lanternes

Afin que les papillons de nuit nous mènent

A la table de l’auberge généreuse

 

Je ne sais pas pourquoi ils veulent tous

Que ça soit moi qui prenne la place

Du premier veilleur de nuit debout

A la porte de la citadelle obscure

L’ombre fidèle qui tient haut le flambeau

Pour éclairer le bout de la route en sorte

Qu’ils n’aient plus qu’à attendre le passage

De la caravane imaginaire

De l’enfance avec tout son équipage

De libellules légères de cochers

Chauves aux ailes noires de cavalières

Arabes vêtues de burnous blancs en fleurs

D’amandiers de jeunes garçons jouant

Avec leurs doigts rouges du bendir

Et du oud de l’ours faisant des tours

Aux ouistitis jaunes qui s’épouillent

En dansant sur les trottoirs moi qui réveille

Les gardiens de la ville endormie

Les poètes les conteurs de ma tribu

Que je leur parle avec une langue ancienne

Et des mots nouveaux d’une caravane

Remplie de rêves en partage et de fêtes

Partie au début de nos vies pour la grande

Féerie des légendes à écrire

Des vagabondages pas croyables

Avec Rimb’ et l’or d’Aden dans nos bagages

Mais d’abord solidaires et nomades

Réunis autour de nos communs totems

Pierres de bonté et d’insouciance

Nous faisant libres de nous-mêmes

 

Quand d’autres ont collé leurs armoiries

Peint leur visage écrit leur nom

Plein d’arrogance et de comédie

Sur les vitres de couleur que Baudelaire

Avait offert à la diligence

Et bien que leur corps ait depuis longtemps

Rejoint la cohorte de poussière

Des fantômes plus lourds que le plomb

Des cercueils je sais pourquoi je veux

Que ça soit moi qui reprenne la place

La mienne celle qui bat comme un marteau

Dans la poitrine des poètes la seule

Qui me revienne ombre fidèle de l’enfance

Au cœur des lampes éternelles

Le feu qui incendie mes iris verts

D’oasis où bruissent les mots perdus

Pour moi d’une langue que je n’écris pas

Petite sœur cachée tant de fois approchée

A balisé la piste des griots de chants

Pourtant qui me relient au monde et m’ensorcellent.

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 18:30

      Des oiseaux dans la guerre...

      Comme vous l'avez vu le massacre de gamins de Gaza nous a totalement traumatisés et on n'est pas prêts d'oublier ça ni de passer là-dessus... Maintenant ça va être le temps des comptes à rendre pour ces assassins que sont les militaires de toutes les armées du monde et ceux qui les dirigent !
      Pas rêver... on aura pas leur peau comme ça mais on va s'y atteler ferme et surtout travailler ensemble pour arriver à protéger les peuples sans défenses des tueurs qui pullullent dans ce monde de dingues...
      Et comme notre blog des Cahiers est d'abord dédié aux jeunes et aux mômes de la banlieue voici un extrait du Journal de Bord que tenait Majeda publié par Le Monde et qui nous a drôlement plu tant les passages qu'on a choisis sont proches de la vie... Presque une histoire de Petit Prince...




Cette odeur si particulière revient polluer nos vies

 

Animatrice socioculturelle à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, Majeda al-Saqqa tient un carnet de bord depuis le début de l’opération “ Plomb durci ”. Nous en publions des extraits.

 

Samedi 27 décembre Comme un tremblement de terre.

 

      J’étais sûre que les Israéliens attaqueraient pendant les vacances de Noël. Et que ni l’Union européenne, ni les Etats-Unis ne réagiraient […] Mais pas une seconde, je n’aurais imaginé ce qui est arrivé.

      Vers 11 h 30, c’est comme un tremblement de terre qui frappe Khan Younès. Mon cœur bondit : ma mère, mes sœurs ! Mes neveux à l’école et au jardin d’enfants ! Je cours dehors pour aller les chercher. Ils sont déjà revenus : par hasard, notre voisin les a ramenés avec son fils. Totalement terrifiés. Wael, mon neveu de 4 ans, n’y comprend rien - il ne savait même pas qu’Israël existait. Maintenant il sait. Ils savent tous.

      Nous nous rassemblons dans le jardin. Lors de la dernière attaque, les fenêtres ont volé en éclats sur nos têtes, les portes ont été cassées. Ce bombardement est tellement plus puissant que rester dehors semble être la meilleure solution. Le tonnerre de bombes continue, la fumée s’élève alentour. Et cette odeur si particulière revient polluer nos vies. ( … )

 

Vendredi 2 janvier Le F16 et les oiseaux

 

      Wael s’est réveillé très fâché contre moi :

      ‑ Tu nous avais promis un arbre de Noël, on n’en a pas eu. Tu avais promis de m’emmener à la plage, tu ne l’as pas fait. Tu avais promis qu’on regarderait les oiseaux et tu ne nous laisses même pas jouer dans le jardin.

      Wael adore regarder les oiseaux. Ces derniers jours, il a souvent regardé vers le ciel et demandé pourquoi les oiseaux mettent autant de temps à retrouver leur nid dans le jardin. Hier, Wael regardait les oiseaux quand un F16 est arrivé, occupant tout le ciel. A chaque bombe lâchée, les oiseaux s’éparpillaient, paniqués. Au début, cela amusait Wael. Maintenant, il sent que les oiseaux sont en danger. Il me dit :

      ‑ Cette nuit, l’avion a encore blessé mon doigt. Je sais que tu ne me crois pas, mais il est tombé et a mis le feu au jardin. J’ai senti l’odeur.

      - Alors tu as fait quoi ?

      - J’ai cherché mon avion pour ramener tous les oiseaux à leur maman parce qu’ils m’appelaient à l’aide.

      - Et tu les as aidés ?

      Il me lance un regard noir :

      ‑ Bien sûr que non !

      - Pourquoi ?

      - Parce que tu ne m’as pas acheté d’avion ! Je n’ai rien pu faire pour eux et ils sont vraiment fâchés contre moi !

      Je le regarde dans les yeux :

      ‑ Wael, je te promets qu’à la fin de la guerre, je t’achète un avion très grand, avec une télécommande.

      Il demande :

      ‑ C’est quoi, la guerre ?

      - C’est ce qu’on est en train de vivre. C’est ce que tu as vu dans ton rêve.

      - Mais pourquoi des gens veulent faire cette guerre ? Pourquoi des gens voudraient que les oiseaux ne puissent pas retourner à leur nid ?

      Je lui tends les bras :

   ‑ Wael, pardon pour toutes les choses que j’ai ratées ces derniers jours. J’ai du travail… On continue plus tard.   
      Il est content de ma promesse de cadeau. Et moi d’avoir pu abréger cette conversation.

Dimanche 4 janvier Danse de drones, mélodie de guerre

      Sûrement le pire jour de notre vie. Ma mère dit que même la guerre de 1967 n’était pas si terrible. Pas d’électricité, très peu d’eau et ce froid horrible qui accompagne l’orchestre de la guerre en direct. Les canons des chars, les bombardements des F16, le drone qui fait des cercles jour et nuit… Comme si une abeille bourdonnait juste dans le creux de l’oreille. J’ai décidé d’appeler ça la mélodie de la guerre. Comme cela, peut-être que Wael me questionnera sur cette mélodie au lieu de demander, encore et encore :

       ‑ C’est quoi la guerre ? Qui a commencé ? Pourquoi ?

Mais la mélodie ne l’intéresse pas du tout. Maintenant, il questionne sans relâche :

      ‑ Pourquoi le pilote veut tuer les oiseaux ? Pourquoi il les déteste ? Il ne sait pas que les oiseaux ont une vie, comme nous ?

      Je suis saisie par cette dernière question. […]

      Les bombardements continuent. Wael est très nerveux. […] Alors, j’obéis à ma mère : on se colle les uns aux autres, ce qui est très bien pour la chaleur, mais très mauvais pour la sécurité. Dehors, la mélodie continue, alors on compte à voix haute : 1, 2, 3, … 28, … 43… Comme les enfants ne savent pas compter après 50, on arrête. ( … )

 

Lundi 5 janvier Tout compte ( de bombes ) fait.


      Juste avant d’aller au lit, Wael lance :

      ‑ En fait, j’aime bien la guerre.

      - Pourquoi ?

      - Je ne suis pas obligé de me laver le visage ou les mains dans le froid. Je ne me lève pas pour aller au jardin d’enfants.

      - Mais si tu n’y vas pas, tu n’apprendras pas à compter et tu ne pourras pas compter les bombes…

      - J’aime pas compter les bombes, de toute façon, et il monte vers sa chambre.

      Je me sens tellement stupide d’avoir fait compter les bombes à ce petit garçon !         
      Wael revient :

      ‑ Je voulais te demander : si un garçon et son papa sont en fer, la bombe les détruira ?

      - Oui.

      - Et s’ils sont en bois ?

      - Aussi.

      - Et s’ils sont en arbres ?

      Tout à coup, je comprends que je dois répondre non, juste pour qu’il puisse dormir…

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