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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 23:11

Cet article et les photos sont publiés sur le site : www.info-palestine.net

“ Mes chers compatriotes, je vais vous parler franchement d’une satanée petite nation appelée Israël... ”Boycott Israel

Jeudi 25 mars 2010

 

A. Cockburn - CounterPunch

 Colonisarion.gif

 



La colonisation se poursuit en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est

( Emad Hajjaj-Jordan )

 

 

1) - Une satanée petite nation appelée Israël

 Crise ou pas crise ?

 

Ne vous emballez pas. Elle n’arrivera jamais. D’ailleurs, est-ce seulement une crise dans les relations américano-israéliennes ? Oui et non. Oui, parce que la première puissance du monde se fiche de voir son vice-président publiquement humilié par une miniature de nation dont l’ensemble de la population ne représente même pas celle du comté de Los Angeles. Non, parce que les politiciens élus qui, théoriquement, dirigent le gouvernement de la première puissance du monde, vivent dans une frayeur mortelle du lobby proisraélien aux Etats-Unis. Cette fois, comme toujours, personne ne l’emportera. ( Vous pourrez trouver un récit détaillé de Jeffrey Blankfort sur CounterPunch daté d’aujourd’hui et dont une grande partie de cet article est tirée.)

Examinons la réaction de Biden, le lendemain du jour où le ministre de l’Intérieur, Eli Yishai, probablement au su de Netanyahu, annonça la construction programmée de 1 600 appartements - pour juifs, seulement - à Jérusalem-Est, juste au moment où Biden essayait de redonner vie au “ processus de paix ”.

Voilà le vice-président des Etats-Unis d’Amérique, drapé dans la dignité blessée d’un homme qui vient de recevoir un seau d’eaux usées sur la tête et qui, en pleine déconvenue, utilise vraiment les mots “ condamner ” et “ Israël ” dans le même paragraphe. Le lendemain, Biden se rend à l’université de Tel-Aviv et confie à l’auditoire qu’il est un sioniste et que, “ Tout au long de ma carrière, Israël n’a pas simplement été près de mon cœur, mais au centre de mon travail de sénateur des Etats-Unis et aujourd’hui, de vice-président des Etats-Unis. ” Ecoutez ça : “ le centre de mon travail ”. Cette déclaration de mission n’est pas reprise par la presse états-unienne.

Puis Biden se met à répéter les sornettes qu’il avait débitées à son arrivée à Jérusalem : “ Il n’y a aucun espace ; c’est ce qu’il ( le monde ) doit savoir, à chaque fois qu’on progresse c’est quand le reste du monde sait qu’il n’y a absolument aucun espace entre les Etats-Unis et Israël à propos de sécurité, aucun. Aucun espace. C’est seulement à ce moment-là que des progrès ont été accomplis. ”

Bien sûr, si aucun “ progrès ” n’a pu être identifié au cours des quarante années passées - affirmation à débattre - c’est seulement parce que, quand un président américain s’armait de courage pour établir rapidement l’agenda, avec ses menaces et ses dangers, le tout était dûment retiré quand le lobby concentrait et commençait sa contre-attaque.Gaza-Janvier-2010.jpg

Enfin, Biden s’avance en catimini vers la “ crise ”. “ J’apprécie... la réponse que votre Premier ministre a faite ce matin, disant qu’il mettait en place un processus visant à empêcher que ne se renouvelle ce genre d’évènements ( sic ) et précisant que le début de la construction proprement dite de ce projet spécifique n’aurait probablement lieu que dans plusieurs années... C’est important, parce que cela donne aux négociations le temps de résoudre ce problème, de même que d’autres questions en suspens. Parce que, lorsque cela a été annoncé, je me trouvais en Cisjordanie. Tout le monde a pensé là-bas que cela signifiait la reprise immédiate de la construction des 1 600 nouveaux logements. ”

Oui, c’est exactement ce que cela voulait dire, la reprise de la construction des 1 600 logements. Et comme le quotidien israélien Ha’aretz le souligne, ces 1 600 unités envisagées ne sont qu’une partie des 50 000 planifiées pour la partie orientale de Jérusalem. Netanyahu l’a dit, ce n’est pas négociable, quoi qu’en dise Washington, sans parler de la pitoyable Autorité palestinienne.

Au milieu des cris angoissés des princes et émirs arabes, cette conduite éhontée d’Israël à l’égard de Biden fait qu’il leur sera plus difficile de trahir les Palestiniens. Le premier conseiller politique d’Obama, David Axelrod - sans doute sans le feu vert de son patron - a déclaré à NBC News qu’il s’agissait non seulement d’une conduite “ insultante ” d’Israël envers les Etats-Unis, mais “ destructrice ” pour le processus de paix au Moyen‑Orient.

Hillary Clinton a fait savoir qu’elle avait chapitré Netanyahu au téléphone pendant 43 minutes. Son porte-parole prétend qu’elle lui a dépeint le projet de logements dans Jérusalem-Est comme l’expression d’un “ signal profondément négatif sur la démarche d’Israël quant aux relations bilatérales, et contraire à l’esprit du voyage du vice-président ”, et que “ cette action avait sapé la confiance et l’assurance dans le processus de paix et dans les intérêts de l’Amérique. ” Dans le même temps, l’envoyé spécial George Mitchell annulait son voyage dans la région.

Donc, oui, nous pouvons appeler cela une crise, mais de celles qui ne durent pas. Obama n’est pas le premier Président à avoir perdu patience avec Israël au point de semer la pagaille dans des projets plus vastes de l’Oncle Sam. Mme Clinton n’est pas la première secrétaire d’Etat à crier de colère au téléphone avec Tel-Aviv.

 

Ce n’est pas la première criseEnfants-2.jpg

Blankfort, historien du Lobby, énumère toute une liste d’autres crises, toutes résolues de façon satisfaisante au profit d’Israël. Celle de 1975, où le président Gerald Ford et son secrétaire d’Etat, Henry Kissinger, ont publiquement accusé Israël d’avoir rompu les négociations avec l’Egypte sur le retrait israélien du Sinaï. Ford déclara qu’il allait dire au peuple américain que les relations US-Israël seraient repensées. Poussés par l’AIPAC, 76 sénateurs US ont alors signé une lettre à l’attention de Ford lui disant de laisser tranquille Israël. Ce qu’il fit.

En mars 1980, le Président Carter fut contraint de s’excuser après le vote du représentant états-unien aux Nations-Unies, Donald McHenry, en faveur d’une résolution qui condamnait la politique des colonies d’Israël dans les territoires occupés, dont Jérusalem-Est, et qui demandait à Israël de les démanteler.

En juin de la même année, alors que Carter venait de demander l’arrêt des colonies juives et son secrétaire d’Etat, Edmund Muskie, de déclarer que les colonies juives étaient un obstacle à la paix, le Premier ministre Menachem Begin annonça les projets de constructions de 10 nouvelles colonies.

En août 1982, alors que la veille, Reagan avait demandé qu’Ariel Sharon mette fin au bombardement de Beyrouth, Ariel Sharon réagit en ordonnant le bombardement de la ville précisément à 14 h 42 puis à 15 h 38 dans l’après-midi, les moments coïncidant avec les deux résolutions des Nations unies qui exigeaient le retrait d’Israël des territoires occupés.

En mars 1991, le secrétaire d’Etat James Baker s’est plaint devant le Congrès, “ A chaque fois que je suis allé en Israël pour le processus de paix... j’ai été accueilli par l’annonce d’une nouvelle activité de colonisation... Cela affaiblit notre influence dans notre tentative d’aboutir à un processus de paix et crée une situation très difficile. ” En 1990, il était arrivé à un tel dégoût devant l’intransigeance d’Israël sur les colonies qu’il donna publiquement le numéro de téléphone du standard de la Maison-Blanche et dit aux Israéliens : “ Quand vous prendrez la paix au sérieux, appelez-nous ! ”.

Le 12 septembre 1991, le Président George Bush Senior s’est trouvé suffisamment exaspéré par le succès de l’AIPAC - qui avait acquis assez de voix dans les deux chambres du Congrès pour qu’elles passent outre son veto à la demande israélienne de 10 milliards de dollars de garanties de prêts - pour déclarer devant les caméras de télévision, “ Je me heurte à des forces puissantes. Elles ont quelque chose comme 1 000 lobbyistes au Capitole qui travaillent à contre-courant. Nous avons un gamin isolé ici qui fait cela ”. Un sondage national, réalisé immédiatement après, donna au Président 85% d’approbation. Le Lobby cligna des yeux mais pas longtemps. Non seulement il s’arrangea pour que les garanties de prêts passent finalement, mais les électeurs juifs se retournèrent en masse contre Bush aux élections de 1992, un fait que Bush Junior n’a jamais oublié.

Comme Blankfort le rappelle également, en janvier 2009, l’ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, s’est vanté publiquement d’avoir fait “ honte ” à la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, en obtenant au dernier moment du Président Bush qu’il l’empêche de voter une résolution de cessez-le-feu à Gaza, une résolution qu’elle avait travaillée pendant plusieurs jours avec les diplomates arabes et européens aux Nations-Unies.

Olmert a aussi fanfaronné devant une assistance israélienne, disant qu’il avait fait descendre Bush d’une tribune où il faisait un discours pour qu’il prenne son appel, quand lui, Olmert, avait appris le vote imminent de la résolution et qu’il voulait exiger du Président qu’il intervienne.

“ Je n’ai eu aucun problème avec ce qu’a fait Olmert, ” dit Abraham Foxman, directeur national de la Ligue anti-diffamation, “ Je pense que l’erreur fut d’en avoir parlé en public ”.Enfants-de-Palestine.jpg

 

Je dois souligner que cette liste ne date pas de Mathusalem de même que les affirmations tout aussi retentissantes de l’implication d’Israël, comme celle sur son agression contre le USS Liberty en juin 1967, tuant 34 personnes et en blessant 171, toutes étouffées par l’administration Johnson, en particulier Lyndon Johnson et Robert McNamara.

 

Des forces puissantes aux USA pour s’y opposer

En somme, comme Stephen Green l’écrit dans Prendre position : Les relations secrètes des USA avec l’Israël militant ( Morrow, 1984 ) il y a un quart de siècle, “ Depuis 1953, Israël et les amis d’Israël en Amérique déterminent les grandes lignes de la politique américaine dans la région. Ne sont laissés aux présidents américains que la mise en œuvre de cette politique, avec des degrés variés d’enthousiasme, et le traitement des questions tactiques. ”

Il existe des forces puissantes aux Etats-Unis qui voudraient qu’il en soit autrement, à commencer par l’armée US. Avant le récent voyage de Biden, ce n’est pas moins qu’un commandant de premier plan et grandement admiré, le général David Petraeus, qui écrivit une note au Comité des chefs d’état-major interarmées ( Joint Chiefs of Staff ), et son opinion fut réitérée dans un témoignage, mardi dernier, devant une Commission des services armés au Sénat.

Dans sa déclaration au Congrès, Petraeus présente le conflit israélo-arabe comme le premier “ défi transversal posé à la sécurité et à la stabilité ” dans la zone d’influence du CENTCOM ( Commandement central US ) - Moyen-Orient ( AOR ). “ Les hostilités constantes entre Israël et certains de ses voisins présentent des défis distincts à notre capacité de faire avancer nos intérêts dans les pays de l’AOR. ”

Petraeus déclare alors à la Commission du Sénat que “ le conflit fomente un sentiment antiaméricain, en raison d’une perception de partialité US en faveur d’Israël. La colère arabe sur la question palestinienne limite la force et la profondeur des partenariats US avec les gouvernements et les peuples de la zone AOR, et affaiblit la légitimité des régimes modérés du monde arabe. ” Peu avant, Mike Mullen, président du Comité des chefs d’état major interarmées, avait prévenu les Israéliens publiquement qu’une agression contre l’Iran serait un “ gros, gros, gros problème pour nous tous. ”

En Israël, le très lu quotidien Yediot Ahronoth, a fait savoir qu’en privé, Biden s’était fait l’écho de l’opinion de Petraeus, disant à Netanyahu que la conduite d’Israël “ commençait à devenir dangereuse pour nous ( les USA ) ”. “ Ce que vous faites ici, ” aurait dit Biden, “ menace la sécurité de nos troupes qui combattent en Iraq, en Afghanistan et au Pakistan. Cela nous met en danger, et met la paix régionale en danger. ”

L’accusation selon laquelle Israël met en danger la vie des Américains combattant en première ligne le terrorisme ne serait-elle pas dévastatrice si elle était présentée d’une façon aussi dure par une personnalité politique capable au peuple américain ? Oui, elle le serait. Et avec des sondages réalisés honnêtement, sans mots équivoques, cette personnalité obtiendrait probablement des pourcentages aussi élevés ou plus élevés que ceux de Bush en 1991.Marchand de pommes de terre sur la plage à Gaza

 

Le général Petraeus, à supposer qu’il s’embarque dans la course politique en 2012 ou 2016, prendra-t-il une telle initiative ? Tout d’abord, on peut avancer l’hypothèse qu’après sa note et son témoignage, il ne se passera guère de temps avant qu’on ne lise quelque histoire d’investigations à propos “ d’allégations douteuses ”, en lien avec les nombreuses médailles du général Petraeus, peut-être même des révélations sur sa prudence Flashmanesque sur le champ de bataille. Ensuite, tout candidat républicain devra courtiser les ultrachrétiens républicains, passionnés dans leur soutien à Israël, en raison d’une programmation doctrinale de l’ultime Extase. Enfin, pourquoi tenter une telle intimidation qui ne ferait qu’envoyer l’argent des campagnes juives vers le Parti démocrate ?

Comme le remarque Blankfort, peu avant la première entrevue avec le Président Obama, 76 sénateurs états-uniens, conduits par Christopher Dodd et Evan Bayh, plus 330 membres de la Chambre, envoyèrent des lettres à en-tête de l’AIPAC au Président, l’appelant à ne pas mettre la pression sur le Premier ministre israélien lors de leur rencontre. La Chambre, ne l’oubliez pas, a acclamé l’agression israélienne contre Gaza et, par 334 voix contre 36, a condamné le rapport Goldstone.

Le Parti démocrate est fortement dépendant des plus grands donateurs politiques juifs, jusqu’à 60% du niveau le plus élevé des donateurs, selon Blankfort. L’AIPAC va bientôt tenir son congrès ( où Tony Blair sera une attraction mineure ). Y viendront toutes les principales personnalités politiques, pour flagorner et rendre leur hommage. Le 3 juin 2008, juste après avoir battu Hilary Clinton dans la course à l’investiture, Obama s’était adressé à la foule de l’AIPAC, quelque 7 000 personnes : “ Nous utiliserons aussi tous les éléments de la puissance américaine pour faire pression sur l’Iran, ” assura-t-il à l’AIPAC. “ Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Tout ce qui est en mon pouvoir. Tout, et je veux dire, tout. ” Il jura qu’il ne parlerait pas aux représentants élus palestiniens du Hamas. Tonnerre d’applaudissements. Et de déclarer alors : “ Jérusalem restera la capitale d’Israël, et elle doit rester indivisible. ” Le lendemain, les conseillers en politique étrangère d’Obama, horrifiés par cet éclat, apportaient quelques corrections.

 

Uri Avnery, écrivain chevronné israélien et activiste pacifiste, indigné, s’était exprimé furieusement à la suite de ce dernier propos : “ Et voici qu’arrive Obama qui ressort des poubelles le slogan usé de ‘Jérusalem indivisible, capitale d’Israël pour l’éternité ’. Depuis Camp David, tous les gouvernements israéliens ont compris que ce mantra constituait un obstacle insurmontable à tout processus de paix... La crainte de l’AIPAC est si épouvantable que même ce candidat qui promet le changement en tous domaines n’ose pas l’affronter. Dans ce domaine, il accepte le pire conformisme du Washington ancien style. Il est prêt à sacrifier les intérêts américains les plus fondamentaux. Après tout, les États-Unis ont un intérêt vital à réaliser une paix israélo-palestinienne qui leur permette de toucher les cœurs des masses arabes, de l’Irak au Maroc. Obama a nui à son image dans le monde musulman et hypothéqué son avenir - dans le cas où il serait élu président... S’il maintient ces déclarations un fois élu, il sera contraint de dire, à chaque fois qu’il sera question de la paix entre les deux peuples de ce pays : ‘ Non, je ne peux pas ’. ”

Donc oui, la crise sera bientôt terminée, et non, il n’y a pas d’ère nouvelle dans les relations US/Israël à l’horizon.

 Le Mur d’Apartheid à Abu Diss - Photo sur Flickr.comAbu-Diss.jpg

 

2 - La lutte contre le pouvoir des grandes entreprises

 

Dans son important rapport spécial paru dans notre dernier bulletin, Mason Gaffney traite de la fameuse décision du 21 janvier 2010 de la Cour suprême des Etats-Unis dans l’affaire “ Citoyens unis c/Commission fédérale des élections ”, où la Cour décide qu’une grande entreprise peut contribuer financièrement sans limite pour faire connaître ses opinions et s’opposer aux candidats politiques de son choix - en pratique, du choix de son PDG ou de ses directeurs. “ Les Etats-Unis sont nés d’une rébellion contre les entreprises, ” écrit Gaffney. “ La Cour suprême des Etats-Unis commença très vite à restaurer leur pouvoir et quand elle devenait trop ambitieuse, des mouvements dirigeants et populaires forts l’ont fait reculer : sous Andrew Jackson, Abraham Lincoln, Teddy Roosevelt et Franklin D. Roosevelt ( FDR ). Aujourd’hui, elle va trop loin à nouveau ; reste à savoir si un nouveau mouvement ou dirigeant va se présenter pour la faire reculer une nouvelle fois. ”

Gaffney analyse les meilleures stratégies politiques pour une contre-attaque populaire. Il conclut, “ Les contribuables ‘ ordinaires ’ vont-ils se rebeller comme ils l’ont fait lors de la Révolution américaine, de l’Emancipation, à l’époque de la Réforme progressive, et du New Deal ( Nouvelle Donne ), ou le pouvoir des grandes sociétés va-t-il croître, incontrôlé, jusqu’à remplacer tout à fait la démocratie ?

Selon une théorie cyclique, nous devrions avoir une autre réaction anti-sociétés, mais l’histoire enregistre aussi des points de basculement vers le déclin des nations, lesquelles mettent des générations à se redresser, quand elles y parviennent. Ceci pourrait passer de justesse. ”

Retour à FDR, je dis. Remballez la Cour suprême !Bedouins.jpg



Des bédouins palestiniens dans leur village face à la colonie juive de Maale Adumim en Cisjordanie - Photo : AFP



Dans le même bulletin exceptionnel, JoAnn Wypijewski, publie un article vraiment terrible sur “ la chaîne du fret ” tel que l’ont décrite, lors d’une récente conférence, des dockers radicaux venant du monde entier, réunis à Charleston, Caroline du Sud. Elle écrit :

“ ‘ Les gens qui font bouger le monde peuvent aussi l’arrêter, ’ affirment les dockers radicaux, et cela rend d’une fragilité essentielle une production mondiale et un système de distribution à la merci d’une coordination précise de centaines de milliers de parties mobiles. Si certaines de ces parties mobiles - des travailleurs sur des plates-formes de correspondances aériennes importantes, dans des centre de triages vitaux sur des grands axes ferroviaires, ou, surtout, dans un ensemble stratégique de ports maritimes - si certaines de ces parties refusent de faire leur part, alors c’est tout le système qui se bloque. Le refuser suffisamment longtemps et assez largement, et c’est tout le système qui est en crise. ”

 

Alexander Cockburn, né le 6 juin 1941, est journaliste politique irlando-américain. Cockburn a grandi en Irlande mais vit et travaille aux États-Unis depuis 1972. Avec Jeffrey St. Clair, il anime la lettre d’information CounterPunch. Il tient également une chronique intitulée Beat the Devil pour The Nation et une chronique hebdomadaire dans le Los Angeles Times et The First Post.

 

Du même auteur :

 A-lexander-Cockburn.jpg

-  Mais que font les pacifistes américains ? ( Le Monde diplomatique )

-  Ça ne sert à rien d’accuser l’Iran pour l’insurrection en Irak ( The Independent )

 

CounterPunch - édition hebdo du 19 et 21 mars 2010 - Illustrations et sous-titrage 1ère partie par la traduction ( JPP )

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 19:48

Un grand papillon de nuit bleu suite...

taourirthmimoun

Cette photo provient du site : www.athyanni.com            

 

Ecoute… écoute…

Si Moussa il raconte son village de Taourirth Mimoun avec les murailles et les portes fortifiées et les meurtrières de poterie… il tarit pas sur les hommes de la famille qui sont bijoutiers depuis que la lune elle a donné sa couleur à l’argent qu’ils cisèlent gravent sculptent et émaillent de couleurs qu’on n’peut pas décrire… Le village de Si Moussa il est tout en haut d’une pointe de rochers recouverte d’arbres… des cèdres et des chênes verts y paraît et c’est aussi un repère d’Ogres et d’Ogresses qui crèchent au fond des grottes protégées par des léopards et des chats sauvages… Halil sait parce que son père lui a dit que leur douar il est juste à côté de celui de Si Moussa et dedans leur famille y a eu des bijoutiers aussi et même des armuriers mais avec la misère ils ont laissé tomber leur savoir faire et ils sont allés louer leurs mains par ici et voilà…

Halil vient de terminer le nettoyage du sol carrelé de la boucherie de Si Moussa aujourd’hui il est tout seul… Karim passe la semaine chez son oncle dans la maison qu’il a achetée à l’intérieur d’un lotissement de pavillons neufs avec des grands jardins autour séparés par des haies de bambous des thuyas et d’autres arbres des conifères aux aiguilles bleutées pareils que ceux des montagnes kabyles au bout d’la banlieue Nord… Y a la grand‑mère de Karim qu’est venue exprès pour deux mois à cause d’une opération des yeux qu’elle doit faire ici c’est mieux et l’oncle Malek il est médecin aux urgences des hôpitaux alors pas d’lézard…

Mouima ici elle connaît pas c’est un pays étranger même si son fils aîné et toute sa famille ils y vivent les petits enfants sont nés dans un hôpital de la grande citadelle et l’existence qu’ils décrivent elle ressemble à celle des hommes des quartiers riches d’Alger à l’intérieur des djenanes les grandes maisons mauresques au milieu de leurs jardins et leurs patios à mosaïques bleues et roses avec les fontaines qui carillonnent… La maison de son fils elle ne l’a pas bien vue à cause de ses yeux qui laissent juste filtrer un puzzle de p’tits fragments colorés moitié flous sur les rebords elle est vaste et y a des pièces partout qui donnent sur la terrasse en bas recouverte avec des carreaux blancs et ocre il lui semble…-Mosquee_Ketchaoua.jpg

Elle qui a toujours habité dans une ville de l’Ouest algérien construite comme un jeu de dames par la légion à l’époque des Français elle se souvient du voyage à Alger qu’ils ont fait pas longtemps après l’Indépendance avec son mari et ses frères qu’étaient revenus du maquis personne n’était mort et ils voulaient découvrir ce pays maintenant que c’était le leur… Elle était jeune alors et elle avait pris plein les yeux les éclats de vitres de couleurs des quartiers de la ville où ils avaient couru au hasard comme des enfants… Elle a gardé de ce voyage vers la jeunesse d’un pays des images pareilles aux perles d’un collier qui roulent dedans ses rêves !… Aujourd’hui qu’elle n’y voit plus les images elles sont là elle les convoque comme elle veut yalla !…

L’Amirauté et sa jetée blanche… le Palais du Gouvernement au‑dessus des jardins Khemisti troués de bleu… la mosquée Ketchaoua aux criblées de mosaïques turquoises… la Grande mosquée blanche et or… le Palais Dar Aziza ses stucs gracieux et ses carreaux de céramiques fleuris de Tunisie… les fleurs de faïence et de bois du Palais des Raïs au pied de la Kasbah… Y en avait tant des ocre rose jaune sable et safran… des lilas et des bronze avec le blanc comme un drap de lait et encore plein leurs mirettes c’était des bleus… bleus… bleus… Elle se rappelle qu’ils se sont perdus au milieu des galeries vertes et brunes que formaient les bras des arbres exotiques du Jardin d’Essai d’où se tortillaient des lianes mouvantes comme des queues de singes… Le Jardin à ce moment il était comme une jungle géante qui faisaDar Azizait que la ville avait l’air de s’être enfoncée loin dans l’Afrique des hauts arbres sauvages… araucarias fromagers séquoias baobabs…

Pour finir ils avaient traîné le reste de la journée au creux des ruelles aux parcours secrets de la Kasbah où on regardait par en dessous les déchirures avec des taches de sang séché en bas des murs ces marques de la fierté du combat récent pendant la bataille d’Alger qu’on avait laissées exprès pour qu’elles témoignent…

Tout ça lui avait donné l’impression de se trouver sur une terre nouvelle et elle avait gardé surtout une image qui lui parlait d’Alger plus que tout le reste parce que c’était la vie des gens du peuple algérien silencieuse et simple… Il s’agissait d’un petit jardin qu’ils avaient déniché elle ne savait pas comment… Ils étaient arrivés là à l’intérieur d’un patio tout carrelé de grandes dalles de terre rouge et contre le mur blanc où poussait une herbe folle épaisse et emmêlée de fleurs vivaces une tombe avec deux stèles de pierre dressées s’étirait paisible au milieu de l’ombre mauve traversée d’éclaboussures dorées qui tombaient d’en haut… Au centre du tombeau un arbre avait poussé qui enfonçait ses racines dans le cœur de la ville arabe et ses branches attrapaient les morceaux du tissu bleu du ciel d’Alger qui ressemblait à la toile d’uJardin-d-Essai.jpgn cerf‑volant agitée par le vent… Au pied de la tombe sur la seconde stèle quelqu’un avait déposé une pastèque mûre et fendue… Ils avaient vu sa chair rose et ce fruit rond et généreux était à leur jeunesse assoiffée la promesse d’un monde où la vie serait faite d’abondance et de rêves partagés…

 

A suivre...

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 20:14

Un grand papillon de nuit bleu

Bleue petit copie

Ecoute… écoute… je voudrais te raconter une histoire…

 

Cet été de lave aux lucioles de mica qui virevoltaient autour de nous avec les mouches au-dessus de nos poubelles il nous a brûlé les yeux… Oui… il nous les a brûlés jusqu’à ce qu’il fasse volte face brutal et que sa chaleur se transforme en une ombre rouillée au goût de métal sur les lèvres… Ça s’est fait en même temps que la barbarie des maîtres de guerre semblait se noyer au fond de leurs paroles vides de sens…

Cet été de lave il fait partie des choses dont on n’aime pas parler vous comprenez ? Des choses qu’on traîne derrière soi comme un cadavre de rêves… une carcasse pourrie… un fabuleux désastre… Palestine… Liban… un joyau de paix couleur émeraude… nos yeux brûlés avec le Liban explosé et ses mots rouge sang… la fraternité arabe… Pfuitt… Pfuitt…

 

Mais en attendant car on attend forcément beaucoup dans nos quartiers… Mais en attendant il s’en est passé des choses pendant qu’on cuisait tranquilles au fond de nos marmites aux parfums poubelles… nos banlieues de Beyrouth ou de Paris sur Seine de Bamako ou de Cuba c’est pareil… Non cet été rien de glorieux dans nos quartiers mais pas la guerre non plus faut dire qu’on est vernis… Non… rien de glorieux on a marché tout l’été d’un bout à l’autre de la cité… comme on marche aussi sans doute sur les chemins brûlants du bled avec les paquets sur le dos et aux hanches en attendant que l’autobus il se pointe… On a marché avec nos rêves d’histoires venues de loin et d’autres paysages… Nous ici on rêve de partir et on imagine pas l’exil…

C’est ce qu’il se dit Halil en essuyant ses mains sur sa blouse blanche déjà y a des traînées un peu du gras de la barbaque qu’il manipule depuis qu’il a levé le rideau métal de la boucherie musulmane qui grince la mort… Croui ! Croui ! Croui ! Y a pas d’heure pour ouvrir qu’il a décidé le patron le plus tôt c’est mieux et quand il chauffe son kaouah avant d’aller remplir le camion frigo il appelle Halil et Karim qui habitent la cité il les a choisis pour ça… Ils mettent pas cinq minutes à venir c’est bien… Karim c’est en face qu’il a son gourbi avec sa famille juste à deux pas d’la boucherie… sa femme Nadia fait des heures de ménage et de repassage pour des personnes qui ont les moyens et son fils Mehdi il est à la maternelle derrière le block alors Karim il est corvéable comme on dit mais c’est un gars qui veut pas que le quartier tourne misère et qui s’implique…

Il fait bouger les frangins qui tiennent les bancs béton la journée entière… il râle quand on balance des cochonneries sur les trottoirs macadam… il surveille que les p’tits ils entrent pas dans la galère… Le patron d’la boucherie Si Moussa c’est comme ça qu’on l’appelle dans le quartier il autorise Karim l’été à installer son étalage pas très loin du magasin où il vend des merguez et du coca et le flous c’est mich‑mich… Si Moussa il sait que les jeunes pareils que Karim et Halil ils ont tous l’idée de partir du ghetto d’la banlieue s’acheter une maison plus loin au bout de la ligne du RER s’ils peuvent avec les crédits là où y a des champs avec les cultures de colza même les betteraves autour ça n’fait rien… Depuis qu’ils sont p’tits et qu’ils se coursent se pouillent s’étripent pour rigoler en bande sur black bitume ils causent que de se casser ailleurs là où y a pas des murailles béton autour qui les empêchent de marcher comme ils veulent…pointutu-petit.jpg

Eux ils sont nés ici pas comme Si Moussa qu’est arrivé du bled en 1963 et depuis il travaille dans sa boucherie et il envoie des sous à la famille qui a pas bougé de sa région des Ath Yanni cette tribu de sept villages en Grande Kabylie et Si Moussa quand y a le monde pour l’écouter il raconte son douar d’origine il arrête pas… Halil qui n’est pas encore prêt pour le voyage même si dans ses rêves de la nuit il se voit toujours lui Halil qui marche sur les petits sentiers qui chahutent les flancs de la grande montagne il ne sait pas lesquels ce sont les mêmes paysages à chaque rêve… il écoute attentif les histoires de Si Moussa qui cause de l’Algérie de son enfance kabyle comme si c’était un conte…

Ici dans la cité qu’il se répète Halil en lavant à pleins ruisseaux d’eau savonneuse le trottoir de macadam black devant la boucherie avec le balais-brosses il frotte frotte tire la mousse au caniveau et Hop ! recommence que ça soit propre hein ?… il leur fait la leçon tous les jours Si Moussa… ici dans la cité les jeunes comme lui ils ont grandi pareil que les Gaulois les uns les autres ils sont potes et la plupart ils ne pensent pas à la famille là‑bas dans les villages perchés à l’écart des grandes villes côtières… S’ils ont accompagné leurs vieux quand ils étaient p’tits un ou plusieurs étés au bled c’est rare qu’ils en causent entre eux ou comme ça à l’occasion… jamais ils retourneront sauf pour les vacances c’est pas leur pays et la vie dans ce paysage milieu des montagnes elle est trop dure !…

A suivre...

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 20:11

Comme un espoir entre nos mains suite...

Epinay, dimanche, 21 mars 2010

 Liberte.jpg

 

Ouaouf ! Ouaouf !… Comment on fait pour raconter l’histoire d’une époque tellement différente de celle que se farcissent les jeunes d’aujourd’hui dans les cités ici partout où mézigue et Bonie la chienne on zone encore à nouveau toujours comme si c’était le lieu premier celui où il bat sans cesse le Tam‑tam du récit populaire le nôtre celui dont on arrive pas à se séparer parc’que maintenant il n’en existe plus d’autre tout simplement ? Me semble que j’ai toujours su même quand je le savais pas que l’histoire la vraie celle qui résonne au cœur du monde dans les ruelles des barrios de Caracas des favelas de Rio des townships de Calcutta ou de Johannesburg du Bronx à New York dans les quartiers pauvres de toutes les périphéries des grandes Babylones modernes est devenue la voix des paysans sans terres des ouvriers sans usines sans mines sans outils… elle est la messagère qui gronde appelle pleure et chante la goualante des peuples qui tracent leur destinée sur tous les chemins de la terre…

Ouaouf ! Cette histoire populaire qui se transmet d’une culture à l’autre avec sa dignité et sa grandeur à travers l’oralité par les paroles des conteurs des griots des témoins multiples de la mémoire des villages et maintenant par les mots des rappeurs et des slameurs des banlieues elle n’est pas écrite dans nos grimoires pas communiquée dans une littérature populaire digne de la formidable invention qu’elle renferme avec ses langages qui se croisent et se mêlent parce que nous sommes des voyageurs et que là se trouve notre trésor… 

Elle ne l’était pas jusqu’à ces années‑ci de terrible retour d’une misère aussi féroce que celle qu’a bien décrite Zola. Mais désormais la violence de notre situation nous a conduit nous autres qui avons la double expérience d’abord des quartiers de banlieue des années 60 où on était plongés dans une culture populaire riche de celles des immigrés d’Orient et d’Afrique et ensuite des campagnes où les traditions paysannes ont survécu jusqu’aux années 80 à prendre conscience de notre rôle de témoins et de scribes et qu’il fallait s’y coller Hop là !… Ouaouf !…

Faut vous dire d’abord que pour mézigue si c’est plus facile que pour d’autres de vois les choses qui se trament juste sous notre tarbouif c’est que par le hasard de l’existence j’ai été placée dès le départ dans cette sorte d’entre‑deux qui les voyageurs connaissent bien qui fait qu’on n’prend pas le pli de se fixer quelque part comme les grands arbres qui racinent et mon goût pour la transhumance c’est pas du tout celui des mômes des quartiers en général… La transhumance c’est comme ça que je l’appelle parc’que Bonie la chienne et moi on en a vécu de ces journées à marcher à flancd de montagne raide jusqu’au bout des chemins forestiers à la recherche des foutues cavaleuses de chèvres et si c’était pas l’authentique traversée par les crêtes pour emmener le troupeau plus vers le Nord l’été du côté de l’herbe fraîche c’était des montées milieu des genêts et des fougères plus hautes que nous qu’en finissaient jamais !… Alors ce mot je l’ai piqué vu qu’il est beau et qu’il cause du chemin pour partir et de celui pour revenir…

Ouaouf ! Donc mon enfance à Aubervilliers je vous en ai déjà causé… elle a pris vite fait l’allure quand j’avais à peine trois piges de la transhumance direction l’herbe verte d’une petite campagne et retour grâce à mon grand‑père le conducteur de locomotives et c’est drôle mais je suis sûre aujourd’hui que j’écris qu’y avait là tout de la scène primitive dans ce village à 200 bornes de notre cité d’origine où on vivait de manière quasi collective et on n’s’en doutait même pas !… Bref !… cézigue j’étais déjà toujours en vadrouille milieu d’un monde qu’est bien ficelé au niveau de l’enfermement la banlieue comme ghetto ce qu’on en a fait c’est pas mal y faut voir !…

Ouais… comment vous la raconter notre histoire alors que désormais elle n’est plus qu’une série d’images et de moments fabuleux et presque si j’avais pas encore quelques photos quelque part bien camouflées que je n’reluque plus y a longtemps je me dirais que tout ça je n’l’ai jamais vécu et qu’on a pas été nous autres les Indiens des seventies autre chose qu’un mirage !… Ouaouf ! Sûr que je ne vous mettrai pas les noms de notre hameau paumé ni de ceux qu’y avait autour comme je voulais au départ vu que j’ai eu la pas bonne idée du tout pour éviter d’me gourer dans la situation précise des lieux… hé ! y a trente piges de ça hein ?… donc je vous disais que j’ai eu la pas reluisante idée de faire une p’tite recherche et là c’que j’ai trouvé ça m’a pas plu alors pas plus ça non… Notre hameau sauvage et rebelle… nos “ terres en péril ” ils ont été rachetés par des… gens qu’ont le pognonUne-seule-vie-detail.jpg pour faire des villages de vacances pour touristes partout où c’qu’ils passent et pis voilà… 

  Rien d’autre à dire sur le sujet parc’que du coup je sais que je vais vraiment vous raconter une histoire…
     Une histoire qui sort de la bouche de lune des griots d’Afrika et que rien ne pourra jamais me la retirer de la mémoire…

 

Une histoire de chiens qui se coursaient dessus un sentier de montagne y a longtemps et qu’avaient fui le refuge des clébards de Genevilliers… Ouaouf ! Ouaouf !… Mais que je vous embrouille pas plus longtemps et que je commence à vous raconter… 

 

Ecoute… écoute…

Ouaouf ! C’était un jour du printemps un très beau jour quand on s’est pointés la première fois du côté du petit chemin de terre qui prend à droite à un tournant d’la route en bas après avoir quitté la nationale zig‑zag mais c’est pas forcé qu’on arrive sur son dos de vieille routarde crevé de partout par le gel qui tient bien dans c’coin‑là jusqu’à fin mai et plus encore… ouais c’est pas forcé parc’que si vous venez de la mer qu’est en bas dedans son coffret à turquoises vous en avez pour des plombes à traverser des gorges et un tas de ruisseaux cavaleurs chahuteurs… une vraie promenade milieu des flancs de roches brun‑gris qui comburent de pétillements dorés quasi planqués dessous les mousses et les fougères !

Nous on reluquait tout ça à bord de notre deux chevaux bleu jean une ancienne avec la manivelle devant pour démarrer une authentique que tu t’enfonces tout au fond des sièges le pif au ras du carreau un pare‑brise si on veut vu qu’avec la capote ouverte la brise hein ?… Ouais c’était une deudeuche qui arquait pas des masses dans les côtes elle peinait fort des fois en première… Ouin ! Ouin ! Ouin !… alors là pour c’qui est de se farcir des cols de 1100 et mèche elle assurait moyen ce qui nous permettait de nous gaver du paysage à outrance… Vrai qu’on était tous des loustics de la banlieue d’une grande Babylone et comme on avait qu’environ 23 balais de moyenne en exagérant un peu on avait pas eu l’occasion d’un tel festin d’enchantement en sauvagerie et en délires de couleurs qu’en sont pas si vous voyez Les mangeurs de pommes de terre de Vincent hein ? juste pour vous indiquer un chouïa…

Ouaouf ! Ouaouf !… c’était un jour de printemps 1980… ouais peut‑être comme ça ou un peu avant… On avait rempli la deudeuche de nous trois plus la Bonie l’illusionniste que vous voyez parfait on y est !… Nous trois c’est­‑à‑­dire mézigue que vous connaissez et comme le prénom que ma daronne m’a refilé il m’a jamais trop plu j’en avais ramassé un autre un drôlement class que j’ai utilisé dans les histoires après c’est Jessica à cause de Shakespeare vous vous doutez… Le second c’était mon poteau Marko un vrai fils de prolo lui pour le coup alors qu’il était et qu’avait calté du préfa lunaire de ses vieux à 16 piges mais je vous raconterai…

Marko c’est pour cézigue que je vais tenter d’vous la faire cette sarabande de nos 20 balais vu qu’on s’est bien serrés les coudes une partie de notre existence et voilà dix aEnfance.jpgnnées même un peu plus qu’ils a pris la tangente le camarade et que je saurai sans doute jamais ce qu’il est devenu… Ouaouf ! Ouaouf !… Et puis y avait Frédérique mais son vrai blaze c’est Fred… une fille de la banlieue tout pareil qui sortait juste avant la bonne aventure d’une family de Maos purs jus comme on en fait pas et ça nous a instruits forcé et après ça nous a fait rigoler un peu… Fred elle avait en commun avec Marko une incapacité génétique à n’pas vivre dedans un bordel à tout envoler aux nuages à eux deux ils faisaient pire qu’Augias et ils s’entraînaient… c’était que le début !…

Quant à la Bonie l’effrontée la folle à mettre en cage avec mille piafs pour lui picorer lui vidanger le cerveau qu’elle a rempli de projets de fugues et de gueuletons énormes vous en avez déjà une p’tite idée hein ?… Ouaouf !

Donc on s’est pointés à quatre pour tout dire au rebord du printemps qu’avait dressé sa nappe de narcisses sur les flancs d’la montagne pour un repas d’enfance qui allait durer trois années sans sortir de table et on le savait pas… C’était le seul festin de rêves qu’on allait avoir nous autres et il était prêt et il nous attendait… Ouaouf ! Ouaouf !…  

A suivre...

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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 22:25

Cet article est publié sur le site : www.info-palestine.netBoycott Israel

Pourquoi faut-il autant d’agents du Mossad pour étouffer un Palestinien avec un oreiller ?

 Mercredi 3 mars 2010

 Gilad Atzmon

 

 Alors qu’en Angleterre, en France, aux Etats-Unis et en Argentine le Mossad bénéficie du soutien de milliers d’agents dormants locaux, les Sayanim (des juifs bien trop heureux de trahir leurs voisins afin de servir leur Etat juif bien-aimé ), le Mossad, lorsqu’il opère dans des pays arabes, est contraint de shléper [yid.: infiltrer, ndt] ses nombreux assassins et leurs assistants en recourant à diverses méthodes frauduleuses.

G.-Atzmon.jpg 

L’on est tout de même fondé à se demander pour quelle raison il faut rien moins de 26 agents du Mossad pour mener à bien un seul assassinat d’un combattant palestinien pour la liberté désarmé au moyen d’un oreiller. Je vais m’attacher ici à apporter quelque éclairage à cette question stupéfiante.

Le Mossad, ça n’est pas n’importe quelle agence de renseignement gérée par des gentils chiants comme la pluie. De fait, il est géré par des Elus, et sa raison d’être est de servir les intérêts de l’Etat juif et du projet national juif. Ces derniers jours, nous avons appris que plus de deux dizaines d’agents du Mossad ont été identifiés - pour l’instant - par la police de Dubaï. L’on se serait attendu à ce qu’un groupe aussi varié et étendu d’assassins juifs opérant dans un pays arabe hostile, un rabbin combattant au moins eût été requis, ne serait-ce qu’afin de respecter les lois de la cacheroute, de maintenir une ligne téléphonique fonctionnant 24/24 avec Dieu et de pérenniser un esprit juif vindicatif.

Autant il est bien connu que la nourriture, à Dubaï, est fabuleuse, autant les marchands de delicatessen [ charcuteries, ndt ] cachères y sont rares, en centre-ville. Par conséquent, nous avons besoin, aussi, d’un expert juif formé à cette fin, qui achèterait le poisson en vue de la préparation du gefilte, ainsi que les poulets, pour le bouillon. Nous aurions besoin d’au minium un chef connaissant la façon dont on transforme des poulets et de l’eau en Pouvoir Juif ( le consommé de poulet ). Vous devez vous souvenir du fait que, d’un point de vue juif, la nourriture est essentielle. A la différence des animaux, qui ne tuent que lorsqu’ils ont besoin de manger ou lorsqu’ils ont détecté un danger imminent, l’Israélien tue pour des “ motifs futurs ” ( démocratie, pluralisme, guerre “ contre la terreur ”, etc. ), et tuer pour des “ motifs futurs ”, il préfère le faire en ayant le ventre bien plein.Controle.jpg

Entre préoccupations culinaires et réglementation propres au régime cachère, voilà trois membres de notre équipe d’ores et déjà affectés. Reste que vingt-trois assassins en puissance sont plus que suffisants pour un unique assassinat. Mais il y a d’autres éléments à prendre en considération. Gardant présent à l’esprit le fait que les révélations récentes au sujet de l’instabilité mentale de certains des membres du Mossad, il est plus que probable qu’un psychiatre, un analyste freudien, un infirmer psychiatrique et une infirmière aient été requis afin de porter assistance aux héros juifs mortels “ avant et après ”. Mais cela porte, de fait, notre petite équipe à à peine dix-neuf assassins en puissance.

Comme nous l’apprennent les journaux, six des agents du Mossad étaient des femmes. Cela pourrait signifier que nous avons besoin, aussi, d’expertes esthéticiennes. Une coiffeuse spécialisée dans “ les situations qui décoiffent ”. Nous avons sans doute besoin, aussi, d’une consultante en cosmétiques juifs, qui connaisse, de plus, la manucure et la pédicure. Qui soit capable de transformer l’ongle d’une beauté juive en un mortel poignard sioniste ( juste au cas où une panne technique d’oreiller se produirait ). Nous avons besoin aussi d’un spécialiste ès‑moumoutes, qui sache transformer un garçon de Tel-Aviv en dandy d’Essex. Ces “ spécialistes ès-beauté J. ” ramènent notre équipe à dix-sept assassins.

Mais nous n’avons pas encore fini, comme nous l’apprennent les journaux. Nos assassins Mossad étaient très amateurs de tennis. Manifestement, ils ne pouvaient se fier, en la matière, en un consultant arabe ou jihadiste : ils devaient donc emmener avec eux le leur propre. Ils avaient sans doute besoin d’un arbitre de tennis israélien cachère et de quelques colons athlétiques courant après leurs balles. Supposons que nous ayons besoin de deux ou trois lanceurs de balles et d’un arbitre, cela réduirait notre équipe d’assassins potentiels à quatorze membres, l’un dans l’autre.

A en croire The Times, l’Holocauste joue un rôle central dans la philosophie du Mossad. “ Nous devons être forts, user de notre intelligence et nous défendre afin que l’Holocauste ne se répète jamais ”, dit ainsi Meir Dagan, le chef actuel du Mossad. Or il se trouve que le Mossad est en nakba2.jpgtrain d’assassiner au nom du passé juif. Il est plus qu’évident que le Mossad a schlépé, infiltré à Dubaï certains de ses meilleurs prêtres de l’Holocauste, ceux qui rappellent eux espions pourquoi il faut qu’ils tuent et pourquoi ils doivent s’exclure de la famille humaine. Considérant le récit holocaustique basé sur le chiffre six, l’on peut raisonnablement supposer que le Mossad a envoyé à Dubaï au minimum six mentors ès‑Holocauste : un pour chaque million.

Toutefois, comme nous le savons, l’holocauste nazi n’est qu’un épisode de plus dans une liste innombrable d’autres judéocides. “ Ne jamais oublier de ne jamais pardonner ” est, apparemment, la devise sous laquelle sera placé l’avenir juif. L’un dans l’autre, nous pouvons estimer qu’il convient d’inclure neuf ou dix prêtres juifs du Judéocide afin d’inclure les pogromes est-européens du dix-neuvième siècle, l’Inquisition, Amalek et tutti quanti. Voilà qui devrait réduire notre liste d’agents d’élimination à tout juste cinq.

 

Reste qu’autant les juifs nationalistes et leurs chefs spirituels jurent de “ ne jamais oublier ” et de “ toujours se rappeler ”, il y a des choses qu’ils insistent véritablement à négliger, à balayer sous le tapis ou à négliger. Ainsi, par exemple, ils semblent incapables de comprendre la véritable signification de la Mission d’Investigation sur le Confit à Gaza, dont les conclusions sont connues sous l’intitulé de rapport Goldstone. Ils insistent à rejeter la lecture que Shlomo Sand fait de leur histoire, n’y voyant qu’un ramassis de contes phantasmatiques totalement imaginaires, bien près de verser dans le mensonge absolu. Ils s’ingénient à fermer les yeux sur le fait que les envoyés de l’AIPAC, l’AJC, l’Anti‑Defamation League, le LFI et le CFI sont tous en train de pratiquer, chez nous, un lobbying abject en faveur d’une idéologie raciste expansionniste, le sionisme..

Avec un ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, couché sur la liste des auteurs de propagande israélienne ( Hasbara ), et avec des sionistes prêchant des guerres interventionnistes dans tous nos médias, avec un Bernie Madoff nous faisant des cours sur Ponzi et un Alan Greenspan qui nous a amené le plus grave effondrement financier que nous ayons jamais connu, nous avons grandement besoin de quelques spécialistes juifs qui soient à même d’endoctriner des agents du Mossad afin de les rendre totalement aveugles et complètement amnésiques. J’imagine aisément qu’avec des gens comme Wolfowitz, Miliband, Goldstone, Abe Foxman, Greenspan, Madoff, Olmert, Livni, Sharon, Peres et d’autres, bien trop nombreux, nous avons besoin de bien plus de cinq malheureux experts pour convaincre l’équipe de tueurs du Mossad que la cause juive est entièrement cachère.

Que voit-on ? Nous avons déjà dénombré vingt-six assistants absolument indispensables pour assassiner, et encore, nous n’avons pas mentionné le moindre opérateur‑oreiller du Mossad. Ainsi, il faut bien plus que vingt-six agents du Mossad pour assassiner un seul Palestinien désarmé : CQFD. J’imagine que ces prochains jours, la police de Dubaï va nous gratifier de beaucoup d’autres photos d’Israéliens déguisés.Joe-Sacco.jpg

 

Force m’est de reconnaître qu’avec Israël, la vie est toujours pleine de surprises. Que ferons-nous pour rigoler, quand il ne sera plus là ( ce qui ne saurait tarder ) ?

 

Gilad Atzmon est écrivain et musicien de jazz, il vit à Londres. Son dernier CD : In Loving Memory of America.Gilad Atzmon

Dessin de Joe Sacco

Du même auteur :

 

-  Dreyfus, les Protocoles et Goldstone - 13 février 2010

-  Holocauste : retour de manivelle - 30 janvier 2010

-  The Shoa (The show) must go on ! - 28 janvier 2010

-  Telle une lumière pour les nations - 26 novembre 2009

-  Du fleuve à la mer - 14 novembre 2009

-  Un automne à Shanghai - 24 octobre 2009

-  L’IDF ou le scalpel d’Israël - 23 août 2009

-  Adhérer au Club Minyan de l’Aipac, moi ? Vous voulez rire ? Très peu pour moi - 19 juin 2009

 

1er mars 2010Boycott.jpg

Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.gilad.co.uk/writings/why...

 

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

 

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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 22:46

La citadelle engloutie suite...

Tatouage4.jpg

Assise en bas du Block 3 l’Afrique Morgane moi j’attends que l’été se tire et que la fin d’out me ramène les frangins du bled qu’ont l’air de dattes bien mûres et qui rapportent dessus leur peau l’odeur sucrée rèche du Sud et dedans leur corps minces de mômes de la zone devenus de jeunes princes solaires les morsures avides des dieux chiens de la lumière et des vents qui brûlent les iris bleu‑noir tapis au fond de leurs paupières… 

Pour l’instant y a personne qui se ramène et Zahra elle est partie avec sa daronne chez sa tante maternelle khalti Anika qui va lui montrer à se faire le henné sur les mains avec des dessins de fleurs et d’oiseaux qu’elle invente elle‑même que toute la cité où elle a son gourbi lui réclame des motifs pareils…

Khalti elle a le goût extra pour ça qu’elle me dit Zahra à chaque fois qu’elle fait le trajet jusqu’à la cité qu’est de l’autre côté d’Alphabêtes City au Nord de notre Phare Ouest y a qu’un bus des brousses à prendre c’est pas loin… C’est sa mère qui lui a appris au bled quand elles vivaient avec son vieux et ses frangins… ils étaient six garçons et dedans y a le daron à Zahra... Fahti à l’intérieur d’la maison que toute la famille se partageait… C’était la seule fille et vu que son paternel avait pas décidé qu’elle fasse l’école avant qu’elle aille apprendre chez des bonnes sœurs qu’enseignaient aux gamines la coûture en plus de l’écriture la lecture et des matières basiques qui n’pouvaient pas causer de tort… elle avait trouvé cette façon d’avoir des cahiers bon marché aux pages un peu jaunes avec des carreaux pour les dessins au début ça l’aidait bien…

Comme le henné c’est une affaire qu’est réservée aux femmes son vieux il avait pas vu d’malice à c’qu’elle gribouille dessus les pages des cahiers qu’elle réclamait ensuite à la sœuOiseau-miroir.jpgr économe qui lui en refilait au compte‑goutte les dessins de fleurs de feuillages et d’oiseaux qu’elle choisissait avec une grande attention parmi les images des bouquins de leçons de choses… Du côté de l’invention et de l’habileté à tranformer les photos des fleurs réelles des jardins dans les patios des colombes des hirondelles des cigognes des grues et à recopier les dessins des frises des mosaïques pour les maquiller en motifs modernes pas croyables que les jeunes filles des Blocks elles prennent pour des tatouages Anika elle est la meilleure pas de lézard oualla !…

Et leurs mères elles peuvent rien dire quand elles arrivent leurs mains et leurs bras au‑dessus du poignet où gigotent et s’entortillent des vrilles de pétales jasmins et de plumages barbouillés d’étoiles et de flammèches rousses que leurs darons ils reluquent ahuris et s’ils demandent ce que c’est la réponse ils la prennent direct…

‑ Ben quoi… c’est le henna !… C’est kahlti Anika elle est la meilleure hannaya de toute la Cité !…

Probable qu’ils se doutent les vieux qu’on les enfume chouïa et que la fête de la tradition c’est devenu une coquetterie que les gamines elles utilisent pour des raisons pas avouables et que khalti elle est dans le coup mais ils ont pas les arguments alors ils lâchent l’affaire… Assise au pied du Block 3 l’Afrique Morgane moi je n’participe pas aux rituels avec les filles arabes en tant que Gauloise c’est pas ma place et si la mother elle me chope avec les paluches gribouillées des dessins du henné alors elle me fera la grande scène que c’est la honte de la honte et que bientôt je vais ramener un fiancé r’beu et que Rémi il va trinquer sérieux s’il surveille pas que sa fille elle fréquente des lascars !… Rémi ! hi hi hi !… 

 A c’moment que Rémi je le vois qui se pointe sa dégaine qui chaloupe qui tangue qui arraisonne les bancs béton… il frotte sa salopette de bleu qu’il a sur le dos l’été avec le marcel dessous quand le cagnard lui poinçonne les étiquettes qui dépassent de la casquette contre les carcasses de tôle des bagnoles calorifères… A c’tépoque les caisses le long des trottoirs elles font grille pain la journée si elles bougent pas elle peuvent s’auto incendier radical si tellement qu’elles cuisent et les p’tits ils s’en servent de toboggans et ils hurlent piaillent maudissent que ça leur brûle le joufflu ! Cri ! Cri ! Cri !… et Rémi il revient à la night sa peau couleur d’l’abricot qui remonte la daronne dleo-petit-2.jpg’énervement… 

‑ Eh Morgane !… fait bon hein ?… qu’il m’envoie en se laissant dégringoler à côté d’la musette aux outils qui carillonne sa ferraille… Bon c’est l’heure des maïs avant le rappel et j’remarque qu’il a lavé ses pognes de jardinier au bistrot c’est sa manière à lui de dire qu’il est plus au turbin pareil que la douche de l’ouvrier… Ses mains de jardinier avec les coupures du sécateur les crevasses du gel qui guérissent jamais et la corne au creux des paumes qui fait des p’tites auréoles comme la peau des chataîgnes elles sont belles elles touchent la terre c’est pas rien… Il les frotte l’une contre l’autre deux trois fois avant d’allumer sa clope et il grogne sa satisfaction quand la fumée des rouquines elle nous embrume…

A suivre...

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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 19:55

La citadelle engloutie suite...

Detail-ma-banlieue.jpg

‑ Rémi hi hi hi !… Morgane eu eu eu !…

Rémi il a jeté son mégot et il s’est levé avec la grosse fatigue de la journée aux pavillons sur le dos la musette elle pendait lourde contre sa hanche… sûr qu’il avait encore rapporté des cailloux…


Ecoute… écoute…

Devant le bistrot de Sien qu’est en train de faire cuire des galettes au sésame et des beignets au pommes bourrées de cannelle P’tit Nègre commence à ouvrir le ventre du morceau d’arbre éclaté que les épaves de péniches qui déguenillent à l’échouage ont arrêté de leur panse prodige pour tailler une pirogue…

Comment on le prévient qu’ici y a personne qui remonte le fleuve ? Des fois il regarde au-dessus des Blocks où le sucre il s’écoule par la bouche du roseau fendu et les oiseaux colibris se roulent milieu des flaques de farine manioc… Les femmes blacks du Block 3 tout en haut les envoient chercher P’tit Nègre au coin puni du triangle isocèle. L’insti‑tueur dit que non… et il chasse les oiseaux‑colibris qui passent à l’attaque pour prendre notre défense… Piouh ! Piouh ! Tri ! Tri ! Piouh !

‑ Mais fichez‑moi le camp bande de sales Négros !… il crie l’insti‑tueur en secouant les bras au‑dessus de sa tête pour chasser les troupes d’oiseaux‑colibris piailleurs effrontés…

Les fourmis malfaisantes en profitent pour me grimper sur les arpions et s'attaquer à mes provisions de carrés de sucre qu’on chourre à la cantine du collège Morgane moi et Zahra ma frangine. Elles me mangent mon goûter à même les poches. Elles me volent le quart d'heure unique de douceur que j'ai. Bien sûr  pour attendre je m'organise… Je mets au monde des petits êtres grognons et lancinants que j’invente à l’intérieur des pages gribouilles de notre cahier et je les facture aux secondes. Chacun d'eux a la tête en forme d'une goutte d'eau. Dessus la vitre d'un regard ils s'accrochent glissent et se cassent… Je marque au rouge à lèvres sur la vitre tachée de mains ces drôles de vies prises dans le givre des larmes le cEole.jpghagrin des vieux hommes et des vieilles femmes arabes les zimmigris…

Au pied du Block 3 y a des gens qui passent… Y a des gens pas fourmis pour deux sous dans la Cité des ordures… Comme grand-mère Fatima qui s’appuie deux fois les marches sans avarice ascenseur occupé par les mouettes et me donne en cache‑cache une barre de chocolat du noir c’est mon préféré… Elle en achète à l’épicier arabe qui stocke les bâtons de réglisse et les bouts de chocolat ils ont la largeur de deux doigts dans un bocal en verre à côté de celui avec les malabars roses et les carambars qui t’arrachent tes ratiches… Djeda Fatima elle sait que nous autres les mômes du Block 3 l’Afrique pour les gourmandises on peut se faire lanlaire nos vieux ils nous filent la somme recta des commissions et si on n’s’organise pas à magouiller chouïa on a rien au fond d’nos poches… 

Dans l’quartier faut dire on est pas tentés niveau des bricoles à provoquer des envies derrière les vitrines les baskets de marque les santiags les jeans pattes d’ef les blousons en cuir black avec les têtes de tigres rouges et or recousues par‑dessus et les inscriptions du style “ Sweet Amerik ”… Les boutique ici elles ont que des choses môches et louches à vendre des choses de la nécessité pour les family ouvrières et les autres les plus aguichantes elles ont pas ouvert longtemps et puis elles ont fermé et sur la lourde y a écrit “ A louer ”… Alors les barres de chocolat quand on la voit Djeda Fatima avec Zahra ma frangine on les lui pique à l’intérieur de son cabas presque on lui fouille les coins de sa djellaba mauve aux brodures argentées elle est la fée du Block 3 l’enchanteuse des histoires qui nous nourrit les esgourdes et notre estomac c’est trop bon !… 

Djeda du chocolat elle en a pas de quoi rassasier la tribu des Indiens et elle bat la retraite vite clopin-clopant derrière son chat borgne qu’a un blaze très class… Archimède c’est son blaze en entier qu’on peut pas dire que ça sonne très rebeu mais il s’en tape le greffier et tout l’monde le briffe de son surnom “ Archi ” ça lui va comme une moufle vu qu’il est complet frisé genre mouton mais un mouton black rasta vous maginez un peu ? Archi il a peur de personnLe-chat.jpge dans la Cité à cause de sa dégaine racaille et de sa taille pas ordinaire c’est un matou de combat quelque sorte on le respecte…

Et son œil de verre qu’on dirait un calot luciole il l’a gagné au combat contre le clébard miteux féroce un briard bouffeur de greffes du gardien de la Tour de la Mort qu’a disparu après ce coup‑là et personne sait ni le gardien c’qu’il est devenu… Archi qui n’se balade jamais à la night dans les terrains vagues du côté d’Alphabêtes City ne daigne pas entrer dans le cercle de mes compères les sept chats aveugles de jour… Normal Archi est borgne d’accord mais il n'est pas aveugle…

A suivre...

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 20:07

Comme un espoir entre nos mains…

Samedi, 13 mars 2010 Mort de Jean Ferrat

 Cevennes-1.jpg

Ouaouf !… Trop dur !… Je n’peux pas entendre les premiers mots de “ Que la montagne est belle ” qui est pourtant pas du tout mon texte préféré de Jean Ferrat sans que les larmes elles se pointent avec leur écume salée qui pique y a rien à faire… Comme ça depuis que la news nous est tombée et au fond c’est bien parc’que ça remue la vieille bête poussive le canasson qu’arpentait bouillant des arpions les drailles de la Cévennes y a pas trente ans de ça et qui là maintenant que je vous cause bouffe son picotin aux hormones dedans son HLM… Ouis il y est retourné l’animal sur les lieux toujours aussi zone de son enfance la honte !… Et ma pote de chienne Bonie elle a pas suivi elle s’est envolée déjà 18 piges de ça vous maginez… Elle est restée milieu des herbes sauvages des rosiers batailleurs des pommiers et des saules de notre dernier jardin c’est une p’tite part de moi enterrée là‑bas dedans l’argile où je suis encore avec elle… Je vous le dis là en confidence vu que Bonie la clébarde anarchiste la terreur de l’Ouest et des histoires elle est bien vivante la bougresse hein ? Allez pas douter des fois vous me feriez de la peine… Ouaouf !

Ouais… revenons y un peu… donc pas moyen que je m’écoute cette montagne de l’ami Jeannot le camarade du meilleur de tout sans que ça me retourne les sangs et me fasse un mal de chien !… Ouaouf !… Faut vous dire pour que vous croyez pas que je suis dans l’émotion comme ça que la raison elle est simple aussi simple que l’histoire qui va avec… C’est que la période de ma life que je garde en moi comme un secret dont je vous cause par ci par là mais à peine celle de ma jeunesse dans un hameau abandonné des Cévennes où on a mis en route une communauté… ouais ce mot je sais vous connaissez mais est‑ce que vous avez-vous un jour vécu cette expérience‑là ?… où on est devenus à la fois bâtisseurs maçons charpentiers paysans éleveurs potiers fabricants de fromages jardiniers tisserands mécanos et tant d’autres choses encore… et où on a vécu reliés avec les autres communautés éparpillées à travers les vallées qui vont d’Alès à Saint‑Jean du Gard à Florac et à Mende… elle représente pour moi tout l’espoir du monde… Ouaouf !

Oh ! c’est pas longtemps que ça a duré mais chaque jour cette rengaine et surtout ses deux ou trois derniers vers on se la chantait… C’était notre choix à nous gamins d’la banlieue qu’elle auréolait de la beauté des mots… Elle nous donnait raison d’être des marginaux des Indiens aux yeux des autres bien casés bien rangés bien morts… Elle nous libérait de leur jugement et de leur façon de tout bousiller et d’être sûrs qu’il existe qu’on monde le leur… “ Il faut savoir ce que l’on aime Et rentrer dans son HLM Manger du poulet aux hormones… ”  Ouaouf !… Et parce que ce monde qu’on croyait inventautomne-cevennes.jpger un peu comme on écrit une histoire à chaque jour une page du cahier quadrillé… comme on s’en souvient à chaque soir un fragment un bout de mémoire quand on est un griot conteur… ce monde on l’a laissé filer se séparer de nous de notre jeunesse brûlante qui nous l’avait offert notre butin d’enfance notre réalité en devenir chaque matin… alors je ne peux plus l’écouter cette chanson sans avoir au creux des mains comme un espoir perdu qui en finit pas... Ouaouf ! Ouaouf !...

 

C’est drôle en écrivant les mots au‑dessus j’ai l’impression que je cause de quelque chose qui vient définitif de s’éteindre comme un petite lampe douce et bonne de lumière que quelqu’un a emportée avec lui… Ouais c’est ça… y a plus d’espoir entre nos mains d’aujourd’hui si on y regarde de près y en a plus du tout c’est l’ombre partout dans tout au bout de tout !… Mais si on se dit ça comme ça tout brutal et qu’on essaie pas encore de s’y coller à la petite loupiote… de s’y réchauffer nos paluches d’hiver et de prolos des mots de griffeurs de paplars d’atenteurs à la pudeur du silence de mort alors ça sera trop dur… Alors mézigue et le clébard de la bonne aventure on va tenter une autre fois de vous les enchanter vos cages à miel !… Ouaouf !

Et là ça va être de l’histoire populaire de la vraie de la vécue de l’origine de l’authentique mémoire de cézigue et Bonie la chienne anarchiste comme vous la fréquentez pas vu que ceux qui les racontent les histoires toujours on s’demande où donc qu’ils l’ont casée leur life comme s’ils étaient vautrés entre l’parquet en chêne et la moquette pure laine depuis qu’ils ont mis leur museau au portillon et que jamais ils posent leurs arpions dedans la vie hein ? Ouaouf ! Ouaouf !… Enfin pour nous autres c’est la pénibilité totale c’t’époque qu’on se farcit alors !… Oh ! pas tout l’temps que ça a été comme ça bien vrai et on a même eu la frime comme je vous disais de se fader nos 20 piges dans les années où y avait des p’tites camoufles allumées par tous les recoins de la Cévennes notre territoire à utopies… les miens c’était 1976 qu’on imagine ! Ouais les miens c’t’entendu vu que Bonie la bestiole d’épouvante la fouineuses à poubelles l’éventreuse de boîtes à conserves pourrissantes une horreur sur pattes qui schlingue du clapoir que c’est pas supportable… elle avait tout juste trois balais et c’était une semeuse de zone comac… Ouaouf !

Et mézigue qui est une bavacheuse sans retenue c’est exact je l’ai modéré l’enthousiasme de vous la dire notre histoire qui est pourtant de ces temps vautrés aplatis au fond dchevres-troupeau.jpge la niche avec collier d’interdits trois tours et muselière sur le tarbouif aussi peu probable que si on l’inventait que ça ferait un extraordinaire cinoche science‑fiction pour les marmots mais… Ouais mais le problème c’est que si je vous l’allume ma lampe à mirages j’vais en avoir bien du mal à continuer à faire limace ici milieu d’un monde qui est si tellement vieux que celui d’y a trente piges derrière à côté du coup il a l’air tout momignard “ comme un espoir mis en chantier… ” Ouais probable que c’est pour ça que j’me décide pas depuis que j’écris y a un bail… à en causer de notre transhumance qu’on avait tous mise en route les gamins des banlieues et des campagnes les enfants de prolos et de bourges touillés mic‑mac à la même marmite des désirs qui sont devenus sans qu’on sache comment notre réalité…

Ouaouf ! Ouaouf !… Me semble que c’est ça… tant que je l’écris pas notre espoir il y reste encore un peu accroché “ comme une étoile au firmament ” à la lumière qui pétillait de ses centaines de petites loupiotes des hameaux de la Cévennes sauvage… notre Commune perchée aux flancs de sa montagne de lauzes noires de la Vallée Longue à la Vallée Française au‑dessus de la ville d’Alès noire encore plus alors la cité des mineurs de charbon… Et qui sait… que je me dis vu qu’on a été des tas d’allumeurs de rêves le long de cette tranchée qui s’étire du Gardon aux Gorges du Tarn et qui s’enfonce encore plus encore plus jusqu’à Mende à l’autre bout du plateau sucé frotté ravagé des zephs les plus épouvantes et de tous les soleils d’insensé… y en a d’autres que mézigue à cette heure qui se souviennent et qui pourraient eux z’aussi la chanter la goualante des Indiens de la grande terre qu’avaient déjà y a 30 piges de ça je vous le confirme et c’est pas Bonie qui me contredira… Ouaouf ! Ouaouf !… qu’avaient déjà pigé qu’elle venait juste de commencer la transhumance des hommes sans terre et que la vraie histoire des peuples c’est qu’ils sont pour toujours des nomades…

Ouais c’est ça que j’aimerais ça me botterait de la raconter avec les poteaux qu’étaient tout pareil que nous autres des mômes de la zone qu’avaient décidé subandre1.jpgit que ça allait bien de crounir rancir ici à l’intérieur des Blocks béton de Macadam city blues et qu’ils s’en vont reprendre la route que leurs vieux ils ont arrêtée là dedans la tess’ y a des années de ça et Hop !… Nos vieux ils étaient racinés dedans ces cités et ils pouvaient pas retirer leurs arpions du bitume on aurait dit qu’y avait pas le monde tout autour qu’y avait pas au‑delà de l’océan l’Arabie et aussi l’Afrique et au‑delà du fleuve la petite campagne la terre de leurs ancêtres paysans ouvriers qu’y avait rien d’autre que les murailles de la Babylone ghetto d’où ils bougeront plus jamais !… Ouaouf !…

 

Ouaouf ! Alors quand on a choisi de se casser ils ont pas compris nos vieux… ils nous refilaient un présent avenir de béton bien solide bien lourd bien rassurant pour des siècles et on en voulait pas !… Nous ce qu’on guignait c’était la bonne aventure la piste qui s’en va là‑bas loin qu’on en voit pas le bout la croisée des chemins le Far Ouest l’Abyssinie l’Andalousie Cuba les Papous le TransSibérien…Bonie-petit.jpg tout c’qui bouge qui refuse de s’installer quelque part… Bon attention ! je vous raconte pas tout là franco de comment on y est arrivés à nos Cévennes communautaires parc’que sans ça on y passera des lustres et pis pas que j’exagère avec mézigue… suis pas du genre à étaler ma bio comme un greffe sa pelure de loustic lézard au soleil sauf pour écrire l’histoire des gens hein ? Et d’abord faut que je me remémore… que je me rafraîchisse… pas que j’embrouille et que je vous distille du frelaté de l’inexact du fermenté aux bloches !… Que la Bonie l’infernale la farfouilleuses elle me reprendra si je me goure en fourrant son tarbouif baveux entre mes paluches comme elle fait avec ses mirettes à l’inventaire des côtelettes et Zouh !… Ouaouf ! Ouaouf !…

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 18:45

      J'avais rien l'intention d'écrire aujourd'hui... travailler à mes ours et voilà... un p'tit week-end tranquille avec l'ami Louis malade enrhumé et voilà que la dernière image du combat de nos adolescences rageuses vient de se casser ! Une encore une de trop... Jean Ferrat même si on est loin d'être toujours al avec lui mais on s'en fout car c'était un poète de l'engagement total et un être solidaire des gens simples des ouvriers et paysans de nous autres quoi...
      Après Léo notre frangin anar nous v'là encore un peu plus seuls un peu plus largués des amarres alors pas possible d'écrire un mot pour l'instant... Voici trois textes dont un d'Aragon que vous n'risquez pas de lire ailleurs que sur notre blog des Cahiers diaboliques rien que pour dire que le combat des gens du peuple ne s'est jamais arrêté et qu'il continue avec des mots qui sont nos armes à nous !...
       Voilà de quoi bien énerver les rampants qui croient qu'il n'y a plus de gens debout et que les poètes attendent leur médaille et leur fin de mois ! Notre espoir à nous il est mis en chantier chaque matin et chaque nuit... On continue !

Au revoir Jean et Vive La Commune ! Nous serons toujours des Partageux Salut et Fraternité

La Commune
jean_ferrat.jpg

Jean Ferrat

 

Il y a cent ans commun commune

Comme un espoir mis en chantier

Ils se levèrent pour la Commune

En écoutant chanter Potier

Il y a cent ans commun commune

Comme une étoile au firmament

Ils faisaient vivre la Commune

En écoutant chanter Clément

 

C'étaient des ferronniers

Aux enseignes fragileslouise-Michel.jpg

C'étaient des menuisiers

Aux cent coups de rabots

Pour défendre Paris

Ils se firent mobiles

C'étaient des forgerons

Devenus des moblots

 

Il y a cent ans commun commune

Comme artisans et ouvriers

Ils se battaient pour la Commune

En écoutant chanter Potier

Il y a cent ans commun commune

Comme ouvriers et artisans

Ils se battaient pour la Commune

En écoutant chanter Clément

 

Devenus des soldats

Aux consciences civiles

C'étaient des fédérés

Qui plantaient un drapeau

Disputant l'avenir

Aux pavés de la ville

C'étaient des forgerons

Devenus des héros

 

Il y a cent ans commun commune

Comme un espoir mis au charnier

Ils voyaient mourir la Commune

Ah ! Laissez-moi chanter Potier

Il y a cent ans commun commune

Comme une étoile au firmamentjeanferrat.jpg

Ils s'éteignaient pour la Commune

Ecoute bien chanter Clément


 

Jean Ferrat 

Cuba Si

 

La nuit quand je m'en vais à rêve découvert

Quand j'ouvre mon écluse à toutes les dérives

Cuba dans un remous de crocodile vert

Cuba c'est chez toi que j'arrive

 

Je rencontre un vieux nègre aux yeux de bois brûlant

Assis devant la mer grain de café torride

Le front dans le soleil il me montre en riant

Là-bas, les côtes de Floride

 

Cuba, Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba... sí

 

Il dit j'ai vu Harlem il dit j'ai vu New-York

Et noir j'avais si peur devant les chiens à nègresche_guevara.jpg

Que j'aurais préféré la peau rose d'un porc

Collée sur ma poitrine maigre

 

Et maintenant Cubain pauvre comme Cuba

Je suis libre et ma femme a la couleur du sable

S'il n'y a rien à manger on danse la conga

Mais les chiens restent sous la table

 

Cuba, Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba... sí

 

Adieu Cuba adieu mon rêve à la peau brune

Mes éperons d'argent sonnent sur tes galets

Et mon cheval rêvé qui renifle la lune

Piétine déjà l'eau salée

 

Que je devienne un jour un vieux singe ridé

Que le ciel de Cuba se brise comme verre

Je sais que l'on peut vivre ici pour une idée

Mais ceci est une autre affaire

 

Cuba, Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba, Cuba sí

Cuba, Cuba... sí

 

 

Un jour un jour

Louis Aragon

 Fidel-Castro-3.jpg

Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime

Sa protestation ses chants et ses héros

Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux

A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime

 

Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu

Emplissant tout à coup l'univers de silence

Contre les violents tourne la violence

Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue

 

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

 

Ah je désespérais de mes frères sauvages

Je voyais je voyais l'avenir à genoux

La Bête triomphante et la pierre sur nous

Et le feu des soldats porté sur nos rivages

 

Quoi toujours ce serait par atroce marché

Un partage incessant que se font de la terre

Entre eux ces assassins que craignent les panthères

Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché

 

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute brancheAragon.jpg

 

Quoi toujours ce serait la guerre la querelle

Des manières de rois et des fronts prosternés

Et l'enfant de la femme inutilement né

Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

 

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue

Le massacre toujours justifié d'idoles

Aux cadavres jeté ce manteau de paroles

Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

 

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

 

 

 

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 20:38

Défier l’Histoire : pourquoi les opprimés doivent construire Boycott Israelleur propre récit

 

Vendredi 12 mars 2010

 

Ramzy Baroud

 

L’historien américain Howard Zinn, mort récemment, nous a laissé un héritage qui a redéfini notre rapport à l’Histoire.

 

Le professeur Zinn a osé contester la manière dont l’Histoire a été dite et écrite. En fait, il est allé jusqu’à défier la construction conventionnelle des discours historiques par la plume du vainqueur ou des élites qui ont gagné le droit au récit par leur force, leur puissance ou leur influence.

Ce genre historique pourrait être considéré comme précis pour autant qu’il reflète une interprétation égoïste et pharisaïque du monde par un nombre très réduit de personnes. Mais il est également fortement imprécis si l’on prend en compte la grande majorité des peuples partout dans le monde.

L’oppresseur est celui qui détermine souvent son rapport avec l’opprimé, le colonialiste avec le colonisé, et le maître avec son esclave. Les descriptions de tels rapports sont assez prévisibles.

Même les faits historiques héroïques que nous sommes nombreux à reprendre ‑  comme ceux célébrant l’héritage dans le domaine des droits de l’homme, de l’égalité et de la liberté que nous ont laissé Martin Luther King, Malcolm X et Nelson Mandela ‑ tendent malgré tout à être sélectifs. La vision de Martin Luther King pourrait avoir prévalu, mais certains tendent à limiter leur admiration à son discours dans lequel il disait “ j’ai fait un rêve ”. Le héros des droits civiques était aussi un ardent pacifiste, mais cela est souvent négligé, vu comme secondaire.

Malcolm X est souvent tout simplement écarté, malgré le fait que ses paroles si percutantes aient atteint les coeurs et les esprits de millions de gens de couleur dans l’ensemble des Etats-Unis et encore beaucoup plus autour du monde. Son discours était en fait tellement radical qu’il ne peut être “ aseptisé ” ou réinterprété de façon contrôlable.

Mandela, le combattant de la liberté, est accueilli avec des accolades sans fin par ceux-là même qui l’avaient stigmatisé comme terroriste. Naturellement, son insistance sur le droit de son peuple à recourir à la lutte armée ne peut être discutée. C’est un sujet trop explosif, même en ne faisant que le mentionner, à une époque où n’importe qui osant utiliser une arme contre les champions autoproclamés de la démocratie, est en retour automatiquement classé comme terroriste.

 L-histoire.jpg

Par conséquent, l’histoire des peuples des Etats-Unis et du reste du monde écrite par Zinn a représenté une étape importante du récit historique.

En tant qu’auteur palestinien inspiré par de telles lumières, j’ai ressenti également la nécessité de fournir une lecture alternative de l’Histoire, dans ce cas-ci de l’histoire palestinienne. J’envisageais avec beaucoup d’hésitation d’écrire un livre qui serait une histoire du peuple de Palestine. J’estime avoir gagné le droit de présenter une telle version de l’histoire, étant le fils de réfugiés palestiniens ayant tout perdu, réduits à l’exil dans un camp de réfugiés de Gaza, pour y vivre tristement. Je suis le descendant de paysans, de “ Fellahin ”, dont l’odyssée faite de douleur, de lutte, mais aussi d’une résistance héroïque est constamment mal représentée, déformée, et parfois vue comme tout à fait négligeable.

C’est la mort de mon père ( sous le blocus de Gaza ) qui m’a finalement obligé à traduire mon souhait sous la forme d’un livre. “ Mon père était un Combattant de la Liberté, Histoire non-dite de Gaza ” [ My Father was a Freedom Fighter, Gaza’s Untold Story ] a proposé une version de l’histoire palestinienne indépendante de celle d’un narrateur israélien ‑ qu’il soit bien disposé ou non ‑ et sans être un récit issu d’une élite, comme c’est souvent le cas pour les auteurs palestiniens. L’idée était de donner un visage humain à toutes les statistiques, toutes les cartes et tous les chiffres.

L’Histoire ne peut pas être réduite aux bons contre les mauvais, aux héros contre les bandits, aux modérés contre les extrémistes. Qu’elle soit mauvaise, sanglante ou ignoble, l’Histoire tend généralement à suivre des modèles rationnels, des cours prévisibles. En comprenant le raisonnement qui sous-tend la dialectique historique, on peut tirer [de l’Histoire] plus qu’une simple compréhension de ce qui a eu lieu dans le passé. Il devient en effet possible de dresser une carte assez pertinente de ce qui peut se produire.

Peut-être un des pires aspects des médias d’aujourd’hui, coupés des réalités et aliénants, est leur production de l’Histoire ‑ et donc leur caractérisation du présent ‑ basée sur une terminologie simpliste. Ceci donne l’illusion de l’instruction, mais sans réellement nous aider à comprendre le monde dans son ensemble.

De telles simplifications si excessives sont dangereuses parce qu’elles produisent une perception erronée du monde, qui en retour produit des actions mal orientées.Abu-Alla.jpg

Pour toutes ces raisons, il nous faut tenter de découvrir des significations et des lectures alternatives de l’Histoire. Pour commencer, nous pouvons essayer de proposer des perspectives historiques qui s’efforcent de voir le monde du point de vue de l’opprimé : les réfugiés, les fellahin à qui a été refusé le droit, parmi beaucoup d’autres, de narrer leur propre histoire.

Ce point de vue n’est pas sentimental. Loin s’en faut. Un récit historique élitiste est peut-être le récit dominant mais ce ne sont pas toujours les élites qui influencent le cours de l’Histoire. L’Histoire est aussi dépendante de mouvements collectifs, d’actions et de luttes populaires. En niant ce fait, on nie la capacité de l’action collective à produire un changement. Dans le cas des Palestiniens, ils sont souvent présentés comme une multitude de malchanceux, de victimes passives sans volonté qui leur soit propre. C’est naturellement une perception erronée : le conflit des Palestiniens avec Israël n’a pu durer aussi longtemps qu’en raison du refus des Palestiniens d’accepter l’injustice, de se soumettre à l’oppression. Les armes mortelles d’Israël peuvent avoir changé le paysage de Gaza et de la Palestine, mais c’est la volonté des Gazaouis et des Palestiniens dans leur ensemble qui a formé le paysage de l’histoire de la Palestine.

Présenter lors d’une récente visite en Afrique du Sud My Father was a Freedom Fighter, a été une de mes expériences les plus fortes. C’est dans ce pays que les combattants de liberté se sont levés dans le passé pour combattre l’oppression, contester et abattre ensuite la ségrégation. Mon père, ce réfugié de Gaza, a soudainement été accepté sans réserve par le peuple d’un pays situé à des milliers de kilomètres de là. La notion d’une “ Histoire populaire ” peut être puissante parce qu’elle va au delà des frontières et qu’elle se développe au delà des idéologies et des préjugés.

Dans ce récit, les Palestiniens, les Africains du sud, les Américains natifs et beaucoup d’autres se retrouvent être les fils et les filles d’une histoire collective, avec un héritage pesant, mais ils appartiennent cependant à la communauté active des nombreux combattants de la liberté qui ont osé contester et même parfois changé le cours de l’histoire.

 

L’Afrique du Sud l’a fait. La Palestine le fera

 

* Ramzy Baroud ( http://www.ramzybaroud.net ) est écrivain et publie pour PalestineChronicle. Ses écrits sont publiés par de nombreux journaux, quotidiens et anthologies à travers le monde. Son avant-dernier dernier livre : La Seconde Intifada : une chronique du combat du peuple ( Pluto Press, Londres ) et le dernier tout récemment publié : Mon Père était un combattant de la liberté : l’histoire non dite de Gaza ( Pluto Press, London ).

 

Du même auteur :Ramy-Baroud-copie-1.jpg

 

-  Une odyssée pour la Justice - 8 février 2010

-  La guerre qui vient - 6 février 2010

-  Ce n’est pas une nouvelle Turquie, c’est juste le bon moment ... - 31 janvier 2010

-  Palestine/Israël : Un Etat unique, avec liberté et justice pour tous - 14 janvier 2010

-  Les Musulmans ne doivent pas payer le prix de la crise identitaire européenne - 29 décembre 2009

-  L’hypocrisie d’Al-Demoqratia - 15 décembre 2009

-  Comment Israël a gagné une nouvelle fois la bataille des colonies... - 13 novembre 2009

 

22 février 2010 - Transmis par l’auteur - Traduction de l’anglais : Claude Zurbach

 

 

 

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