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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 20:59

Ce récit est un extrait d'un recueil de textes sur la banlieue que je suis en train de bricoler en ce moment mais je ne vous en dirai ni le titre ni rien de plus... surprise !
Semelles-de-vent-d-tail.jpg
           Ecoute… écoute… je voudrais te raconter une histoire…

 

Assis au bord du fleuve qui emporte ses péniches goulues de graviers de sables ocre rouge et jaune paille qu’elles vont déglutir sur l’île au milieu du fleuve et ses gravats d’entrepôts boîtes de conserves éventrées vidés d’humains de chiens de présent pour en faire naître des déserts étouffés de brumes crissantes acides bleuâtres… Lakhdar il regarde entre les éclats de bave grise mouillée passer des silhouettes comme des troncs d’arbres géants et leurs visages sculptés…

Assis au bord du fleuve sur ses pieds en tailleur comme il fait pour marmonner des paroles de la prière arabe qui lui restent il a les genoux abîmés il peut pas… Lakhdar il voit les formes taillées à la hache dedans les troncs des araucarias… les silhouettes des Arabes rebelles qui descendent les remous elles l’ont accompagné toute sa vie à faire l’ouvrier et il en a rien su… Y sont rares ceux qui causent encore de ce jour-là… ce jour-là qui les a figés pareils aux grands chevaux morts des abattoirs dans leur robe de chair brune… ce jour-là Lakhdar où il était ?

Ce jour-là… ces temps-là… Les rives du fleuve ici elles ont des troupeaux d’hommes qui viennent boire à même au creux des flaques de leurs eaux rousses boueuses où ils se lavent… Leur corps a la couleur d’argile rouge qui scintille brutal… on dirait celui des chevaux oui… et la jeunesse des plus beaux chevaux arabes aussi… Leur corps c’est la termitière géante cimentée de salive de la grande Babylone qui les a achetés au prix régulier légal de la viande d’oiseaux migrateurs…

Ce jour-là… ces temps-là… ce lieu-là…

Lakhdar il est assis sur ses pieds en tailleur avec les pavés du quai dessous sa peau qui lui font un strapontin de froid… Il a le burnous indigo la couleur est passée aux centaines de lavages dans la cuvette plastique du foyer… il est encore bon il peut le mettre… Ce recoin‑là du quai il connaît beaucoup… ses barges métal rouillées gluantes de bitume noir et les carcasses déchirées des péniches squattées à l’abandon… Oui il connaît ça par cœur… Lakhdar il est venu à cet endroit limite Epinay et Saint-Denis y a quarante-cinq ans il a pas bougé il regarde…

Quand il est arrivé avec des tas d’autres gars du bled une tribu qu’on aurait dit remontés depuis Marseille rapide direction du Nord où y a les usines d’autos qui les attendent d’un côté et les chantiers de construction d’un autre kif‑kif Lakhdar il se souvient que chacun est allé au hasard des adresses gribouillées sur des bouts de papiers chiffonnés au fond des poches qu’il fallait surtout pas les paumer… par ceux qui faisaient partie des installés… comme on disait là‑bas… Les premiers qu’étaient partis ils étaient debout des géants dressés aussi hauts que les arbres protecteurs… les palmiers des oasis et les oliviers pas loin des oueds et leur corps il a pas fini de grandir !… Au bled on les voyait couverts de fruits et de présents Lakhdar il se souvient de la légende de leur nom des années et des années la légende de la légende courait toujours…

Au bord du fleuve Lakhdar d’abord  il a imaginé une vie pour des lions fiers et robustes à la conquête d’un territoire nouveau et leur jeunesse qui a rien à attendre du soleil… Ils débarquaient dans un monde neuf avec leur histoire qui courait entre les pieds légers des chevaux qui s’emmêlait à la crinière brûlante et épicée des chevaux… Les autres ils ont envoyé les noms des baraques qui sont leur royaume de boue et de tôles mais ils ne pouvaient pas le savoir… Ils leur ont pas dit que la termitière géante de béton gris cimentée de salive ne rendrait à la mer que leur corps raboté… usé jusqu’au bout de l’usure et ça serait trop tard !… Ils ont rien dit du jour du fleuve et des silhouettes dérivant comme les arbres couchés à la merci des seigneurs des eaux.… Lakhdar n’avait su qu’après et c’était trop tard !…

Ce jour-là… ces temps-là… ce lieu-là… Y avait la Cité des Marguerites à Nanterre… le bidonville du Chemin du Halage à Aubervilliers… la Campa et les Francs‑Moisins à Saint‑Denis… C’est là qu’il s’est retrouvé à cause du cousin qui doit l’héberger…

Comment ils vivaient ?… Les baraques les pneus les chantiers hérissés de carcasses de bagnoles la boue les collines des décharges et le feu… Et y avait aussi les foyers… Comme ça qu’on appelle de ce côté‑ci des piles de piaules plus étroites et plus crasses que des cages dans les refuges à clébards !… Les Sonacotras et les autres qui sont pires ! Ce jour‑là… ce temps‑là… rue de la Poste à Auber celui qui louait ça ils l’ont vu… Il avait la honte… C’était un gars comme eux avant… un qu’était venu du bled… ça s’explique pas… Bidonville-de-la-femme-sauvage-copie.jpg

‑ Oui c’est ça la honte sur lui !… qu’il a répété Lakhdar avec de la colère c’est normal non !… Ce qu’ils se font entre eux les zimmigris c’est encore pire que les autres alors !… il continue Lakhdar… Normalement y’a l’entraide… Oui c’est juste y’a l’entraide qu’il se rassure de sa voix de vieil homme arabe un peu douce malgré l’accent dans la gorge… L’accent il l’a pas perdu… Chouïa…   

Ceux de l’accident il se souvient très bien Lakhdar ils étaient cinq… quatre du Sénégal et un de la Mauritanie… C’est quoi ces pays ? Chez les Gauloins personne qui connaît… chouïa… Y a un journaliste qui a demandé qu’on lui montre sur la carte… Ils ont tout raconté… Ils sont venus avec les caméras ils ont filmé les corps des cinq Blacks… Ils ont dit que c’était pas normal les foyers allumés dedans les piaules et les chiffons… Pas normal y paraît…

­1961…  Cette année que Lakhdar ne peut pas oublier… si vous pensez !… La première fois qu’il a entendu un camarade aux Francs‑Moisins dire en insistant sur chaque syllabe les mots de “ droit d’a‑si‑le” !  

Et la neige qui tombe qui fait son lit sur le fleuve à la peau noire !… La neige on leur avait pas dit que sa couverture était froide… Ils se bordaient dedans et même des fois ça les faisait rigoler… De la neige y’en a eu cet hiver tant ! Yalla ! S’il se souvient Lakhdar et lui encore dessous le burnous en laine qu’il a pas enlevé c’était bon la chaleur et l’odeur un peu… olivier-petit.jpgLakhdar il est d’origine du Sud de l’Algérie alors la neige… 

Ils sont venus faire les reportages… ils ont piétiné la boue des baraques… retourné les matelas des gourbis… balancé un coup d’œil sur les choses en tas qu’étaient leurs affaires et ils se sont tirés… Ils ont cru que c’était rien que ça leur vie parce qu’ils sont pauvres et qu’ils sont là pour le travail c’est tout… Ce qu’on leur raconte dans leurs bouquins à l’école sur ces “ pays‑là ” et dans leurs articles de journaux aujourd’hui c’est pareil toujours… Ils peuvent pas imaginer qu’ils ont des rêves et que les conteurs et les griots les disent sur les places au centre du bled  avec l’ombre bonne des grands fromagers et des eucalyptus qui arrête pas de grandir… A suivre...

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 20:25

Cet article est publié sur le site : www.info-palestine.netBoycott-Israel.jpg

Faites circuler l'info pour la manif de samedi SVP ! Ne les laissons pas tomber !


Holocauste : retour de manivelle

Samedi 30 janvier 2010

 Gilad-Atzmon---Oxford.jpg

Gilad AtzmonG.-Atzmon.jpg

 

Le site ouèbe israélien ( du quotidien Yediot Ahronot ) Ynet écrit ceci :

“ Peres, à Berlin, Netanyahu, à Auschwitz, Lieberman, à Budapest et enfin, Edelstein, au siège de l’Onu à New York, ont tous convenu d’attaquer le rapport Goldstone sur la guerre contre Gaza en ce mercredi de Journée Internationale de l’Holocauste ”.

 

Une fois encore, l’échelon politique israélien va tenter de détourner l’attention du fait que le crime israélien surpasse toute comparaison.

Le ministre israélien de la Propagande Edelstein a déclaré à Ynet, avant son départ pour New York : “ Faire le lien entre le rapport Goldstone et la journée internationale de célébration de la mémoire de l’Holocauste, ça ne va pas être facile-facile ”. Pour ça, on ne saurait lui donner tort... La véritable interprétation du rapport Goldstone, c’est en effet que les Israéliens sont les nazis de notre temps. “ Nous devons retirer les leçons de ce qui s’est passé ”, dit Edelstein, “ à l’époque, aussi, ceux qui lançaient des cris d’alarme s’entendaient dire qu’Hitler était un clown et que toutes les sombres prévisions faites durant les années 1930 étaient totalement absurdes... ”

Il faudrait que quelqu’un se dévoue pour dire à l’homme de la Propagande israélienne qu’aujourd’hui, personne ne pense que le massacreur en masse Barak, l’agité de la bombe nucléaire Peres, la planificatrice de guerres Livni ou l’ultra-raciste Lieberman sont des clowns. Nous les respectons pour ce qu’ils sont. Mais nous n’en préférerions non moins les savoir derrière de solides barreaux.

De fait, tous ces dirigeants qui, de par le vaste monde, se sont inclinés devant la pression juive et ont fait de l’Holocauste quelque chose à célébrer annuellement au niveau international ont dû être convaincus que l’Holocauste portait en lui un message universel contre l’oppression et le racisme. Ils auraient été cohérents avec eux-mêmes ( si tant est que l’holocauste comporte effectivement un quelconque message universel et moral ), en arrêtant le bras guerrier de l’“ Etat exclusivement juif ”. De plus, la seule interprétation authentique de la leçon administrée par l’Holocauste ne peut être autre chose que le fait d’en traîner les dirigeants politiques et militaires criminels devant la justice.

27 décembre 2008 

Le ministre de la Propagande Edelstein a ajouté : “ en cette journée de commémoration de l’Holocauste, qui marque aussi la bataille contre l’antisémitisme mondial, bien plus encore qu’en un quelconque autre jour, nous devons débattre de ce lien, parce qu’aujourd’hui les soldats des Forces Israéliennes de Défense sont accusés de prélever des organes illégalement et d’assassiner des enfants ”.

Les Israéliens ont parfaitement intégré la notion que la réalité de la brutalité israélienne est aujourd’hui connue d’absolument tout le monde. Les assassinats d’enfants, de vieillards et de femmes par “ Tsahal ” font partie de notre mémoire collective. Par ailleurs, l’implication institutionnelle d’Israël dans des prélèvements illégaux d’organes humains est une donnée bien documentée et reconnue.

Le ministre Edelstein a tort lorsqu’il avance l’argutie selon laquelle “ après la Seconde guerre mondiale et la création de l’Etat d’Israël, l’antisémitisme ne vise plus les juifs, mais Israël et les Israéliens. Le rapport Goldstone, les journaux, en Suède, faisant état de prélèvements d’organes et les informations similaires, ne sont qu’une forme d’antisémitisme parmi d’autres ”. Edelstein a tort, car toutes les accusations portées contre Israël sont fondées et prouvées. De plus, l’opposition à Israël, à ses lobbies juifs et au pouvoir juif, de manière générale, est politiquement motivée, bien davantage que déterminée par une quelconque forme de racisme.

Dans le droit-fil de la “ Journée Internationale de Commémoration de l’Holocauste ”, je le dirai ouvertement et à forte et intelligible voix que s’opposer à l’Etat juif et au nationalisme juif, telle est la véritable signification que l’on puisse donner à la commémoration de l’Holocauste.

 

Dire NON à Israël, c’est dire NON au racisme.Manif-Gaza.jpg

 

Ce sont et la morale et l’universalisme qui nous y invitent, sans la moindre hésitation.

 

Gilad Atzmon est écrivain et musicien de jazz, il vit à Londres. Son dernier CD : In Loving Memory of America.

 

Du même auteur :

 

-  The Shoa ( The show ) must go on ! - 28 janvier 2010

-  Telle une lumière pour les nations - 26 novembre 2009

-  Du fleuve à la mer - 14 novembre 2009

-  Un automne à Shanghai - 24 octobre 2009

-  L’IDF ou le scalpel d’Israël - 23 août 2009

-  Adhérer au Club Minyan de l’Aipac, moi ? Vous voulez rire ? Très peu pour moi - 19 juin 2009

-  Le pétage de plombs d’Aaronovitch et la démolition du pouvoir juif - 13 avril 2009

 

17 janvier 2010 - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.gilad.co.uk/writings/the..Gaza un an !

.Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

 

Paris : Manifestation pour la Palestine


Samedi 6 Février à 14h


Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens

 

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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 19:08

Testament du jardin et du jardinier

Epinay, mercredi, 3 février 2010

  Le-tambourineur.jpg

                                 1

Au creux d’un songe de porcelaine légère

Tournent tournent mes mains un monde sans misère

Mes poignets d’ouvrier au tour centrent la terre

Comme un enfant dessine un puits dans le désert

 

J’écrirai un pays qui ne connaisse pas l’hiver

Un pays d’océan aux gardes de papier blanc

Des dunes allumées comme des rouleaux d’agate

Au milieu des îles sans cabanes sans filets

Sans pirogues je dessine une tour de guet

Sans guetteurs armés de sarbacanes de verre

Que des souffleurs de billes blessent au flanc

Pendant que le sang des rats roses salit leurs pattes

Et que les nains jetés à ma poursuite haineux et laids

Cassent les éprouvettes où les cocons poèmes

Mangent le bleu des mosaïques de Perse

Le rouge des piliers de la Mosquée de Cordoue

Le jaune de la maison d’Arles et des moissons

J’écrirai un pays qui ne connaisse pas l’hiver

Avec ses lampes pendues au‑dessus des poissons

Dans leurs bocaux de verre aux mèches d’amadou

Pendant que les fous fuient les nains dessous l’averse

Les nains jeteurs de vitres sortis des harems

Et des chambres froides où ils étaient bouclés  

Blanches comme la mort et ses charognes infâmes

Mes vers font leur boulot ils filent des printemps

Sans faucheurs sans peseurs d’or sans bourreaux femellesMoisonneur-solitaire.jpg

J’écrirai un pays qui ne connaisse pas l’hiver

Dans les demeures des rats y’a ni portes ni clefs

Nos cheveux emmêlés défont les cordes des drames

Où se pendent les gueux traqués depuis longtemps

Les nains aux ongles de cristal et les maquerelles

Griffent le ventre rond des statuettes de terre

Ma machine à écrire n’a plus la lettre I

A tous ceux qu’on harcèle je file le savoir‑faire

Du ver à soie et ses wagons de cocons remplis

D’âmes solitaires et du poème qui mûrit

Qui mûrit malgré la trahison des amis

J’écrirai un pays qui ne connaisse pas l’hiver


Au creux d’un songe de porcelaine légère

Tournent tournent mes mains un monde sans misère

Mes poignets d’ouvrier au tour centrent la terre

Comme un enfant dessine un puits dans le désert

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 23:05

Le retour de Sinbad suite...

Image-oiseau.jpg

Ecoute… écoute…

Et puis y avait Sabrina et Sinbad il a pas réalisé d’abord quand il l’a vue dedans sa tenue d’Indienne ses tifs bouclées qu’elle tressait le matin accroupie au rebord du bassin mouillée des gouttes de la baignade et des perles de verre comme un fleur de grenadier ses petites nattes qu’elle attachait pas et son tee‑shirt trop long qui lui arrivait dessous le pubis le dimanche qu’était repos qu’elle avait pareil à Kenza un corps de fille… Sinbad il a jamais eu un goût particulier pour les filles sauf Kenza sa frangine la seule des sept fille des M’mâ qui n’voulait rien savoir de la galère dedans la baraque où toute la family s’entassait se frottait se déloquait et pionçait en dessous des couvrantes de grosse laine la même piaule y en avait pas d’autre mais Kenza sitôt qu’elle a pu elle a refusé les simagrées de M’mâ qui menait la tribu des filles dare dare ! Quand ils étaient mioches Sinbad et elle ils se quittaient pas beaucoup et M’mâ n'aimait pas les manières de cette fille qui suivait Sinbad le taggeur partout et s'habillait comme un garçon…

Kenza y avait un mouvement en elle qu'on arrêterait pas… Pfuitt… Pfuitt… Et peut‑être bien il se dit Sinbad que c'est M’mâ qui lui a donné l’envie d’bouger comme ça dedans son ventre… Ouais comme ça sans savoir parce que M’mâ c'est une femme qu’a choisi sa vie en quelque sorte… Ça oui ! Mais Sinbad lui il avait pas d’intérêt particulier du côté des filles et celles du collège qu’il fréquentait à la va‑vite elles se mélangeaient pas elles restaient en troupeaux dans leur coin… celles qui venaient d’leur côté et qui se sapaient avec les jeans et les tee‑shirts des frangins trop grands ils les traitaient de petites dévergondées ou de folles c’était comme ça… Ça n’faisait pas longtemps encore qu’ils se trouvaient tous séparés dedans les écoles la marmaille des cités d’la banlieue pareil qu’les ouititis de l’autre rebord du fleuve ceux qui créchaient milieu des baraques ouvrières aussi tout l’monde quoi ! Jamais ils se sont posés des questionnement sur ce que ça leur refilait comme impressions aux loustics les clans des filles qu’ils fabriquaient obligé aux rangs sardines des préaux alors que dedans les ruelles de la tess’ de dl’a Medina arabe ils s’éclaboussaient ensemble des ruisseaux de boue ocre rose !

Aux collèges ils étaient devenus cruels et les filles elles avaient d’autres occupations elles trimaient sérieux les Gauloises s’y’en avait elles les trouvaient barbares et puis l’allure qu’ils se trimballaient dessous leurs fringues tout juste qui sortaient des réserves des costumes de théâtre ! Leurs vieux ils avaient pas le fric de les saper avec les jeans pattes d’éléphants et les sweets taggés Woodstock de toutes façons c’était pas dans leurs goûts ça avait déjà des relents de gonzesses ils blairaient moyen… Et les filles de la Medina ou celles qu’ont grandi comme eux au creux des familles d’immigrés fallait qu’elles fassent fissa après les cours qu’elles retournent filer un gros coup de paluche à leur daronne qu’y avait les cinq six loupiots à faire grailler récurer et qu’elles se farcissent les devoir les récitations le pataquès total quoi… les vieux eux ils avaient pas les connaissances alors… Sinbad il est au parfum avec ses frangines les plus délurées comme Zohra elles ont pris le relais de M’mâ enfin d’une façon c’est pas ça qui le dérange trop…

Kenza elle a toujours été une rebelle une sauvage qui n’veut rien savoir desLa-peche-a-pieds.jpg traditions d’la smala et à l’école non plus elle obéissait pas on la punissait elle se sauvait direction les pistes du terrain vague et les buissons de mûres violettes aux rives du fleuve elle s’accroupissait à zyeuter les écluses qui hululaient de toutes leurs mécaniques crantées… Craou ! Craou ! Craou ! et les mariniers qui la voyaient là entre les herbes des eaux les ajoncs moussus à la crème brune en haut les touffes sifflantes des bambous vert libellules ils la prenaient avec eux elle les faisait rire… Un jour sûr que Kenza elle va escalader les filins d’la rembarde d’une grosse péniche à la panse goudron luisante au milieu des pots de géraniums et les jouets plastique des moutards au moment où les cordes ligotées aux anneaux de ferraille elles la retiennent encore dedans les flancs rugueux de l’écluse et que les bouillons d’eaux lui taillent un costard d’écumes qui frissonnent des gris légers et frais… et Hop !

A bord de la petite maison chaulée blanc Sabrina et les autres ils ont décidé que les choses on les mettrait en commun c’était mieux et ça faisait que tout l’monde se retrouvait pareil qu’on ait de la tune ou qu’on en ait pas c’était bien pratique ! Mario depuis qu’il avait sorti Sabrina des pattes crochues des sorcière autour de la fontaine il avait trouvé naturel de continuer à lui servir de défenseur prioritaire et de pieuter dessous le même morceau de duvet celui pareil que le sac à dos qu’avait traversé toute l’Amérique et que les souffles mouillés salés d’l’océan finissaient de moisir gentil… Les choses amoureuses à l’intérieur de la tribu des Indiens elles s’étaient organisées d’elles‑mêmes et ça n’avait pas d’importance vu qu’ils avaient chacun sauf Tomy et Jean déjà des vieux par rapport aucune expérience des rituels passionnés et tragiques mais c’qu’ils savaient par contre c’est que les histoires de leurs darons et d’leurs darones à la houspille et aux culbutes de la night pour se refiche sur le museau après ils en voulaient pas ! Ils étaient tous poteaux par le hasard qu’avait décidé de la baraka en les faisant se croiser les pinceaux cet été‑là et ils avaient des envies de jouer comme Vishnou quand il arrivait à poil total au milieu du troupeau vautré sur les serviettes aux motifs de fleurs orange et marron on aurait dit celles de la cuisine formica dans les gourbis d’leurs cités à détourner des gamines et qu’il s’obstinait à leur virer leur petite culotte…

Le côté proprio des gens et des affaires aussi c’était loin d’eux ils avaient crapahuté leurs enfances entre les blocks des tess’ immenses comme les Babel qu’on trouvait plus que sur les pages des bouquins ringards y avait pas un clou là‑d’dans qui leur appartenait et qu’était pas déjà au voisin d’paillasson vous comprenez ? Sinbad lui après l’histoire de Virgile qui lui serrait le lampion dès qu’il prenait la pause au port ou chez Christina il se trouvait bien à pioncer dans la piaule aux matelas réunis qu’avait les fenêtres qui baillaient du côté des marais et que les hirondelles de mer transperçaient de leurs appels amoureux… Cri ! Cri ! Cri !… fallait pas qu’il se retrouve seul parc’qu’alors ils aurait pas supporté… Les images elles lui remontaient aux calots en dedans il les voyait défiler nettes comme sur un bout de péloche… Virgile recroquevillé sur le macadam blacks au pied du mur qui puait la pisse et la fleur rouge qui s’agrandissait… 

Dedans la piaule aux matelas chacun avait arrangé son recoin en choisissant la place qui convenait aux horaires qu’ils se faisaient et c’était surtout Jean qui dormait près de la porte pour n’pas piétinner les autres de la tribu vu que Vishnou rampait dehors dix fois la night pour aller arroser les nénuphars du bassin cimenté et les grenouilles qu’arrêtaient pas pour autant leur concert… Elle le refourrait au pieu jusqu’à ce qu’elle y aille quand ça commençait à se teinter violet et turquoise lavée à l’Est derrière la crête des bambous et souvent ils se croisaient avec Sinbad et Tomy qui s’enfonçaient au creux d’la chaleur des corps après s’être envoyés un kaouah qui les empêchait pas de ronfler deux minutes plus tard… Et Vishnou qui reniflait endormi pour retrouver l’odeur de Jean faisait la boule entre les guibolles de celui qu’il attrapait au pif sa tronche bouclée qui dépassait à l’autre bout donnait l’air à l’embarcation d’être un seul animal géant qui chouinait dans son somme… 

Le coin de Mario il y avait empilé ses bouquins de poèmes des Américains surtout Burroughs et les premiers de Buko et aussi les romans qui étaient dépouillés complet d’lBuko.jpgeur couverture et bien ratatinés aux pages écorniflés gondolés à force d’averses et tachés de trous blancs salés… Sinbad qui fouinait curieux des découvertes qu’il arrêtait pas de faire ramassait pêle‑mêle avec des feuilles couvertes d’écritures où Mario avait recopié ses poèmes préférés dans les deux langues  Les clochards célestes et On the Road de Kerouac… Le Nègre blanc de Norman Mailer… Junkie de Burroughs… La nuit de l’iguane de Tennessee Williams et au‑dessus du tas le fameux Journal d’un vieux dégueulasse de Bukowski que Mario leur lisait en vrac quand ils avaient bien tisé un ou deux godets de Kriek et Sinbad retrouvait là les accents désespérés qu’il avait fui après la mort de Virgile qui lui siphonnaient le crâne les appels des gueux de toutes les cités de la terre…




A suivre...  

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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 17:44

Nom d’un chien suite !

 Eole-figure.jpg

Ouaouf ! Ouaouf ! Ben voilà qu’on se retrouve tous les ouistitis les hors normes les loosers en tout genre et comme je vous avais promis je viens vous donner des news toutes fraîches et parfumées au premier souffle du printemps de nos galères diaboliques ouallah !

Après mon bon coup de gueule d’y a quinze jours au sujet de cette bourse d’auteurs du CNL et que ça m’a trop fait du bien de vous en refiler la première mouture je me dis qu’on a toujours raison de clamer bramer miauler aboyer c’qu’on a à au‑dedans de la tripaille et que le bataillon des tenanciers et tenancières du pot à caca qui veut nous faire la boucler depuis qu’on est nés il la ramène forcé mais pas de soucis on a le répondant qu’y convient nous autres ! On est pas sortis de la lune dedans l’univers de la zone où les tartignoles vont jamais pour se laisser enquiquiner et on en a vu d’autres lanlère de l’époque de l’insoumission civile et militaire je vous raconterai !

C’était pas les p’tites magouilles des Ogresses à pognon et à combines ripous… celles des morveuses de l’école des bonnes sœurs déjà elles me caftaient j’étais leur chèvre émissaire comac à cause de mon air pas d’ici pas de là toujours d’ailleurs… que j’te dénonce par ci que j’te rapporte par là ! Oh là là ! non que c’était pas la purée des morues des suçons des charognes si j’me remémore de notre atmosphère aux grenadines d’alors qu’on en achetait des grands bidons l’été les familiaux au super entrepôt des familles il fallait se farcir la route au bout de notre sentier c’était 60 kilomètres d’un bord direction Alès et rebelote c’était pas cher sinon on aurait pas pu… On en mettait des goulées dedans nos gamelles remplies de l’eau des sources ça n’manquait pas on en avait deux rien que pour nous des jolies riboulantes depuis la montagne du Bougès au­‑dessus notre eau courante à nous quoi ! on avait installé des rouleaux de tuyaux black plastique avec des raccords et tout au bout en haut où ça prenait la crépine qu’y fallait amorcer c’t’affur je vous dis pas !

Y’avait c’ui qui se mettait au départ à côté des rocs de grès gris d’où qu’elle caracolait la mignonne toute pure comme un rire de moutard et il criait que l’autre en dessous à un kilomètre de là il le capte… 

‑ Oh là ! Oh là ! Ya ! Ya ! Ya ! C’était l’appel pour rentrer les chèvres les sauvages qui cavalaient à plein flanc du plateau et qu’on envoyait les clébards derrière s’ils faisaient pas tout s’exploser le troupeau on était veinards ! Ya ! Ya ! Ya !

L’appel aux cabrettes où que tu sois tu le prends dans les esgourdes et même de l’autre côté du col de Jalcreste tu le reçois parfait et les autres qui rentrent aussi ils te répondent c’est le chant des transhumants… Ya ! Ya ! Ya ! Donc c’ui qu’est en haut il tient bien la crépine dedans le bouillon de la flotte glaciaire qu’y ait pas d’air qui s’engouffre et celui qu’est à la bonne franquette c’est l’autre du bas à l’arrivée vu que figurez‑vous lui il doit pomper avec sa bouche et le bout du gros tuyau dedans que ça vienne ! S’il aspire un bon coup une vraie goulée de gars des montagnes alors l’eau de la source la fraîche la pas boueuse pour deux ronds elle cavalcade elle précipite elle jaillit follette et gaillarde et s’il a pas la baraka il s’en avale une géante giclée plein le lampion mieux qu’un ricard glaçons que c’est et plein sa chemise son futale la douche totale quoi c’est la rigolade énorme de ceux qu’en manquent pas une aux alentours les poteaux ils se bidonnent alors c’est trop bon !ombre-sur-st-Malo2000.jpg

Et maintenant c’est lui qui l’envoie l’appel le grand cri de la montagne des cabrettes :

‑ Oh là ! Oh là ! Ya ! Ya ! Ya ! Et ça veut dire à c’ui d’en haut que c’est bon c’est amorcé il peut coincer la crépine dessous la lauze plate qu’est prête pour l’usage et que tout le gros chaud d’lété qui cogne tape tambourine sur la montagne du Bougès on aura notre eau courante devant la porte du gourbi qui fait fontaine mariole qui ribouldingue de joie au fond d’la bassine de tôle pour se laver après le blot aux ruches ou aux foins et puis elle s’en va par les ruelles ruisseaux de notre hameau communautaire elle descend elle descend et elle rejoint plus bas la retenue qu’est notre baignoire aux merveilles !

  Tout en haut où elle nous avise qu’elle y est la source c’est bien placé pour mirer le chemin forestier que la clique des keufs du coin elle emprunte pour nous zyeuter dedans notre bled juste un peu sur la pente avec jumelles aux renseignements et donc comme vous calculez bien que les schlingues qui passent leur existence de mégots à espionner cafter bavouiller des horreurs au compte des autres qui s’en tapent de leur monde à rebours des enchantements on en a un peu l’entraînement chez les diablotins ! Ouaouf ! Ouaouf ! Pourquoi que je vous cause de notre jeunesse de ces moments‑là que ça a pas de rapport vous vous dites hein ? 

Si que ça en a vu qu’alors on avait intérêt à pas roupiller profond because à l’aube ils rappliquaient les roussins avec leur 4L toute cahotante dessus notre chemin d’enfer du bled qu’on les entendait de très loin vous pensez on était dans l’isolement la solitude des cailloux et des nids à éperviers et ça affûte correct l’entendement et pis y avait la chienne Bonnie l’infernale la folle que vous connaissez déjà que je vous l’ai présentée et qui nous hurlait au tarbouif sitôt que quelqu’un s’embouchait à l’extrémité de nos 5 kilomètres de piste à renardeaux et à hermines… Ouaouf ! Ouaouf ! Ouaouf ! 

La vigilance on l’avait vu que si on se laissait avoir par la rousse c’était deux piges de taule chez les militaros et là je vous garantis que les joyeusetés des Ogresses à côté c’est la confiture de grenades l’excellente qu’on en redemande pour sûr ! Cette mémoire‑là si je vous en cause un peu souvent et que je m’écris pour le plaisir de mézigue mais rien que pour moi cette fois les histoires de notre bonne aventure des hameaux où c’qu’on a expérimenté les communautés des sixties et la suite c’est à cause que la fraternité solidaire la vraie j’ai connu ça alors et jamais plus après non jamais plus !

Donc en conséquence je sais c’que ça veut dire quand on s’engage avec la conscience politique qu’on a nous autres et qu’a pas lâché d’un pouce depuis avec d’autres des poteaux pour aller au bout tout au bout du combat et c’est comme ça qu’on l’a gagné notre lutte ! Que les service militaire les armées puantes à caca la mort des gamins de 18 berges dans les tranchées de l’horreur où qu’a été Céline et la décimation des jeunes gars en 1917 et les conscrits envoyés illégalement en Algérie… ouais tout ça on a combattu contre et on leur a mis bien profond dans le fion ! Ouaouf ! Ouaouf !

Et s’ils ont réussi après à les sacquer nos communautés de jeunes rebelles à les faire crouler sous le manque de pognon et avec le harcèlement de leurs lois de bourges les mêmes que celles qu’ont fait perdre Allende et que déjà encore les dénonciations des “ amis amies and Co. ” ceux dont parle Léo des “ Et Basta ! ” vous savez… ça y allait bon train comme là aujourd’hui demain et encore encore ! c’est pas fini la partie on continue et on finira par les avoir Hasta la victoria sempre !

CARABAGNE2.jpg

Alors pourquoi je vous fais ce détour là hein ? Ouaouf ! Ouaouf ! Ben c’est juste pour vous dire qu’on s’est bien débrouillés pour finir les companeros des Diables bleus diabolics ensemble et que grâce à Marie notre pote des Ed. Marsa on a eu l’idée extra pour faire passer mon p’tit bouquin Mais où vont les feux follets de la rue ? en commission de lecture quand même qu’il était une autoédition comme elle répétait la dame du CNL qui avait l’air très dégoûtée ! Et l’idée c’est que Marie va le republier dans son édition à elle ainsi il sera plus un p’tit loustic marginal total et on a obtenu la dérogation on est les meilleurs ! Ouallah !

Maintenant faut encore qu’il s’en aille en comité de lecture le projet d’Alphabêtes City que vous commencez à connaître aussi depuis le temps que je vous en refile des morceaux en bataille d’écriture mais là c’est le hasard du jeu qui décide on y peut plus rien… 

Enfin c’était pour vous dire que la solidarité fraternelle ça existe face aux crasses mélasses qu’on se farcit forcé dès qu’on a des tas d’inventions qu’arrêtent pas de nous arriver entre les pattes comme des cadeaux de lune et des astéroïdes fabuleux pareilsLes-quatre.jpg aux images de p’tit Louis notre enchanteur des Cahiers des Diables bleus et qu’on s’en moque parce qu’on est une bonne équipe de diablotins et qu’on s’aime !

Allez c’est reparti le moral d’enfer et la bonne aventure d’Epinay à Saint‑Malo et à Douarnenez et Hisse et Ho ! je vous tiens au courant de la suite c’est promis… Ouaouf ! Ouaouf !

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 19:17

Le retour de Sinbad suite...

Visage-des-cit-s-d-tail-2009.jpg

Sabrina elle s’était mise aux galures des feutres des usagés cabossés blacks des gai lurons de bourges qu’elle arrangeait d’abord un bon coup à l’eau de Javel et ça les rendait frétillants neufs comme le sable des plages que Vishnou qui n’déparait pas les autres moutards de son âge sur ce plan maçonnait châteaux palais citadelles et y restait qu’à les reteindre de jolies mascarades et à y coudre des fleurs par‑dessus on obtenait de l’inattendu qui faisait bien l’affaire des vacanciers pas fortunés qui trouvaient que les tarifs étaient à leurs bottes… 

Le p’tit commerce de Sabrina il marchait à donf elle déballait ses fripes aux terrasses des bistrots les patrons disaient rien ils étaient en bonne amitié avec les Indiens ça les amusait les mimiques de Vishnou qu’arrivait régulier à troquer aux lardons des familles un peu bourges et bien pourvues en monnaie les flèches aux lamas roses dedans leur étui sac plastique pendu à ses reins d’une cordelette tressée contre un cerf‑volant aux ailes vastes comme celles du cormoran black qui lâchait pas Sinbad au‑dessus du port… Il était là on le voyait qui plongeait et rapportait à la surface bleu cuivre de l’océan à midi une friture qu’il engloutissait toute vive… Craou ! Craou ! Craou !

Quand c’était l’heure des apéros un peu avant le dîner Sabrina remballait la camelote à l’intérieur du sac à dos de Mario celui qu’avait traversé l’Amérique jusqu’à San Francisco à la rencontre de Timothy Leary de Ginsberg de Kerouac et de Burroughs si on voulait pas trop chipoter parc’qu’à l’écouter Mario il avait à pinces arqué des bornes et des bornes d’un bout d’l’Angleterre aux US et à l’autre ce qu’était quand même pas probable en vérité mais on était pas à ça près ! N’empêche qu’il se montrait pas radin un bon camarade en somme pour leur partager les histoires on the road à tous et qu’il décrivait impeccable Ashbury Street ses baraques bariolées pink‑blue‑yellow et les teufs énormes où le “ San Francisco sound ” arrachait les esgourdes des gars et des filles rassemblés au Golden Gate Park et dans toute la ville pour l’Eté de l’Amour… Ah ! the Summer of Love c’était mieux et plus excitant que tous les poèmes flingués de Burroughs réunis !

Sinbad qu’avait jamais flairé des aventures de la sorte même si dedans la zone et les ghettos d’la périphérie on la reniflait depuis bien avant qu’les fils de rupins s’y collent la rebelle qu’on l’aLe-savoir-sans-permission-copie-1.jpgvait au fond de la boue des p’tits ruisseaux d’la Medina comme des pépites d’or pur il était épaté des bouquins que Mario leur fourrait sous le pif et qu’il gardait en tas dedans la pièce collective où les matelas les uns contre les autres formaient un plumard en commun… Mario lui il avait pas approfondi les études plus que ça mais il causait l’américain des rues à l’aise autant que s’il avait traîné à la remorque de Bukowski entre ses bars à putes et ses piaules d’hôtels qui le mettaient charogne tellement elles puaient la daube et la crasse des trente‑six misères et il baragouinait ses poèmes de Jouer du piano ivre… qu’il leur traduisait à sa sauce c’était le panard et Sabrina assise en tailleur les bouts d’un poncho patchwork entre les plis de sa jupe indienne laissait tomber les morceaux d’sa couture pour taper dans ses mains et réclamer la suite… 

A l’heure de l’apéro Sabrina vendait aux passants bien sapés des colliers de perles de couleurs tissés qu’elle avait aussi entrelacés à ses cheveux teints au henné rouge et quand Mario que Vishnou suivait à la trace de ses déambulation pour mancher dedans les coins les plus touristes la récupéraient un peu avant que les lampes lucioles géantes des bistrots du port s’allument ils allaient dévorer ensemble une double portion de frites et de sardines grillées arrosées de Kriek pour Sabrina et Mario et de grenadine pour Vishnou qui louchait sur la bière en loucedé…  Puis ils rentraient à pieds direction la petite maison chaulée blanc avec Mario et sa guitare qui rendait le chemin plus court il reprenait ses airs favoris des morceaux qu’il savait par cœur de Pearl la galette de Janis Joplin…

Vishnou qu’avait refilé à Sabrina qui lui servait de mère en l’absence de Jean le reste de la recette du jour s’était endormi sur place et il fallait le porter tout du long avec le pain et les courses du supermarché que Mario pratiquait à l’aise Vishnou entre les guibolles en train de faire carotte des tablettes de chocolat du clacos et des p’tits gâteaux planqués au fond de la poche plastique où les flèches aux lamas roses montaient la garde  et qu’étaient réservés à ceux qui trimaient vraiment…

Arrivés à la petite maison chaulée blanc Vishnou qui se réveillait en poussant un cri de guerre se ruait d’un bond de tout son corps chocolat dans le bassin cimenté qui ramassait l’eau de la source où des têtards minuscules se faufilent entre les herbes qui nagent… C’était le signal d’un plaisir qu’on imagine pas entre les murs de la Cité aux ordures celui de l’eau fraîche quasi glacée qui recouvre la peau d’sa tunique douce limpide qui prend la place des masques de poussières de soleil de sel de sable et de goudron… Le bassin il est rempli autant d’herbes qui nagent et de mousses que d’eau vive qui s’échappe c’est le lit d’un palais et les draps d’eau on s’enroule dedans pendant que la night elle s’amène… Les chauves‑souris elles planent ras en vrombissant les sorcières le radar aiguisé et Vishnou qui compte en gauler une et se la faire rôtir pour ce soir il planque jaillit et rebondit entre les feuilles des nénuphars et il les loupe à tous les coups… Tri ! Tri ! Tri !

Tomy… Sinbad et les autres ils ont allumé un feu de cageots et de bouts d’bois ramassés sur la plage ou le long des marais qu’étincellent sitôt que le plateau de cuivre du soleil a plongé et la lune elle commence à nacrer tout c’est un coquillage visage M-lune-overblog.jpgpâle que le renardeau camouflé des buissons à genêts mâchouille un peu à la night il emporte un éclat au fond de son terrier jusqu’à ce qu’y en ait plus et Hop !  Au-dedans de la petite maison chaulée blanc on a installé les espaces collectifs et c’est pas Sinbad que ça dérange lui à l’intérieur de la baraque de M’mâ il a jamais eu sa piaule ni rien qu’était pas à tout l’monde alors ! La gargamelle c’est chacun qui s’y colle quand il veut vu que les travailleurs comme Sinbad et Tomy ils fournissent le poiscaille sans restriction on est pas rationnés d’autant que Jean qu’a pactisé avec des maraîchers qu’embauchent pour les saisons des cueilleurs pas exigeants aux entournures elle déménage les légumes éborgnés à l’intérieur de la musette militaire et s’y a des pêches de vigne sauvages c’est pas de refus… 

Le retour des Indiens à la petite maison chaulée blanc il se fait à l’instinct des estomacs mais d’abord c’est l’envie de s’retrouver les uns les autres qu’il se dit Sinbad vu que chacun a planté sa family pour la transhumance et les plus aguerris à la route comme Tomy et Jean ils savent déjà qu’ils retourneront pas… Jamais qu’ils envisagent de faire leur trou dans la Cité d’leurs vieux les zimmigris ou ceux qu’ont largué leur paysage les minières du Nord où ils ont trimé tout lardons les filatures les grandes fermes qu’ont exploité leurs darons ils étaient ouvriers agricoles un pan de l’année et le reste… c’était dans l’improvisation pareil que les esclaves blacks ! Ouais ceux qui peuvent ils retourneront pas c’est joué la tess’ quand t’en sors que t’as eu le blot de t’arracher et que tu fais demi‑tour c’est que t’es un blaireau qu’il se répète Sinbad pendant que la première tournée de boustifaille est en route le poisson posé au creux de la grille un vivier à homarCHAHUT.jpgds éventré avec les tomates les courgettes et les aubergines… Vishnou qu’est toujours le plus rapide quand il s’agit de bâfrer et habile comme pas un a reniflé le festin qu’il émiette éparpille à coups de flèches de bambous et pour finir il dévore c’qui lui tombe en s’brûlant à pleines mains…

Sinbad qui le zyeute il pense à Virgile et sa silhouette dessus macadam black rouge couchée qui passe à toute vitesse et à leur enfance à la Cité aux ordures… Qui aurait pu dire que le bonheur n’existait pas ?

A suivre...

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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 23:07

Cet article est publié sur le site : www.info-palestine.net

The Shoa [The show] must go on !Boycott-Israel.jpg

 Jeudi 28 janvier 2010

 Gilad Atzmon

 Gilad.jpg

La semaine dernière, un survivant de l’Holocauste, Thomas Blatt ( 82 ans ), a témoigné au procès de John Demjanjuk.

 

Blatt a déclaré qu’il fait encore des cauchemars où il revoit la période qu’il a passée dans le camp de Sobibor : “ J’y retourne, dans mes rêves : ceux-ci sont terriblement réels. Dans mes rêves, je suis encore là-bas. Cela m’obsède, continuellement : tel est le prix que j’ai payé, pour m’en être sorti... ”

John Demjanjuk, Ukrainien d’origine ( 89 ans ) set accusé par le Tribunal de Munich d’avoir joué le rôle d’un ‘ complice indirect* ’ dans la mort de 27 000 juifs, dans le camp de Sobibor, alors qu’il était lui-même un prisonnier de guerre de l’Allemagne. Car, voyez-vous, le système judiciaire allemand en est à poursuivre des “ auxiliaires ” du crime nazi. Ce qui est fort gênant, c’est le fait que cela n’arrange pas grand-chose, dans le procès en question. Demjanjuk nie tout lien avec le crime qu’on lui impute. De plus, le procureur allemand ne dispose pas de la moindre preuve d’une implication personnelle ou indirecte de Demjanjuk avec un quelconque crime, ou avec tout autre événement criminel lié à l’Holocauste.

M. Blatt ne se rappelle pas, lui non plus, de Demjanjuk. Il n’est pas non plus en mesure de dire si celui-ci est coupable, comme on l’en accuse, d’avoir contribué à gazer quelque 27 900 juifs. “ Cela fait plus de soixante ans ”, a-t-il expliqué... “ Je ne me souviens même pas du visage de mes parents. C’est au tribunal de trancher : était-il là-bas, ou non ? S’il y était à l’époque où j’y étais moi-même, alors je peux aisément imaginer qu’il a poussé des juifs, à la pointe de la baïonnette, dans les chambres à gaz... ”

D’après le quotidien britannique The Mirror, M. Blatt a été convoqué à ce tribunal “ pour donner une voix vivante à l’horreur, en lieu et place d’un récit historique poussiéreux ”. Apparemment, dans l’état qu’a atteint l’état hyperréaliste de notre monde, les documents historiques et la factualité sont réduits à l’état de “ poussière ”, tandis qu’un témoignage personnel, saturé de spéculation, d’associations d’idées et d’émotions, est considéré représenter une “ voix vivante ” persuasive. En fin de compte, Demjanjuk, un vieillard, est accusé, dans ce procès, d’avoir contribué à la mort de non moins de 27 900 personnes. Le tribunal allemand ferait mieux d’apporter quelque chose de concret, plutôt que de pures spéculations.

M. Blatt a affirmé mordicus que “ les Ukrainiens ‘ comme Demjanjuk ’ étaient les pires de tous. Nous avions plus peur d’eux que des Allemands ”. Il y avait “ cent-vingt gardes ukrainiens, et seulement dix-sept hommes de la S.S., à un moment donné... ”, a indiqué ce Blatt au tribunal allemand. Blatt affectionne manifestement les généralisations. Je me demande si un garçon palestinien suggérant que les juifs ‘ comme Blatt ’ qui ont assassiné sa famille l’année dernière en bombardant un abri de l’Onu à Gaza, serait, lui aussi, accueilli à bras ouverts au tribunal de Munich. Pour une raison étrange, dans le contexte du discours libéral occidental, dès lors qu’il s’agit de juifs, la généralisation ne pose aucun problème, pas plus que le recours à des catégorisations raciales et le fait de suggérer qu’il puisse y avoir une culpabilité par association. Et, d’une manière ou d’une autre, le reste de l’humanité se voit enjointe d’éviter ce même discours.

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Toutefois, ces accusations grossières, de but en blanc, portées contre les Ukrainiens, en tant que personnes qui, apparemment, sont prises pour des preuves à conviction au tribunal de Munich, peuvent en réalité mettre en évidence la motivation sinistre qui préside au procès en cours. Comme les autres, les Allemands semblent montrer certains signes patents de “ fatigue de la Shoah ”. Ils semblent préférer décliner leur responsabilité dans le passé nazi, et laisser les prisonniers de guerre ukrainiens tout prendre en pleine gueule. De la même manière, nous pouvons nous attendre à ce qu’à un certain stade, l’Amérique et la Grande‑Bretagne ne décident de recourir à la même tactique, en accusant leurs collaborateurs dans le monde arabe de la mort et des carnages qu’elles-mêmes ont laissés derrière elles. Israël, qui est en train d’être confronté à son dossier judiciaire de plus en plus fourni de crimes contre l’humanité, pourrait, lui aussi, mettre l’astuce allemande en pratique. Il pourrait aussi être tenté de sélectionner des Palestiniens au hasard et de les accuser d’avoir joué un rôle objectif dans les crimes perpétrés contre le peuple palestinien, non ?

Mais il y a quelque chose d’encore plus intéressant, dans ce procès honteux en cours. Alors que Demjanjuk nie avoir joué un quelconque rôle, fut-ce objectif, dans les crimes nazis, M. Blatt reconnaît volontiers avoir travaillé pour la S.S. et apporté sa contribution à ce qu’il qualifie lui-même de machine de mort : “ Un autre travail ( que je devais faire ) consistait à couper les cheveux des femmes qui allaient être tuées ”, explique-t-il. “ Celles qui venaient de pays comme la Hollande croyaient au mensonge ”, affirme-t-il. “ Les femmes me disaient : ‘ S’il vous plaît : ne me coupez pas les cheveux trop court ! ’ Mais les juifs polonais, eux, ils savaient déjà. Ils avaient entendu énormément d’histoires terribles, ils avaient senti la fumée des brasiers, la nuit ”. Blatt poursuit : “ Ils disaient : ‘ Comment peux-tu faire ça ? Comment peux-tu travailler pour la S.S. ? ’ ‘ Si je le faisais, c’était pour survivre ”.

L’on peut se demander si la volonté de survie de Blatt est plus cachère que le désir d’un prisonnier ukrainien de rentrer chez lui. Autrement dit, étant donné l’aveu fait par Blatt de sa collaboration à la S.S., pourquoi n’a-t-il pas été accusé, par le même tribunal allemand, d’avoir été un “ supplétif ” du crime nazi ?

Une réponse possible, c’est que Blatt est juif, alors que Demjanjuk, lui, est un Goy. Aussi terrible cela soit-il, aux yeux du tribunal de Munich, la volonté de ‘ survivre ’ d’un juif est sans doute supérieure au désir d’un Ukrainien de survivre jusqu’à la fin de la guerre en un seul morceau. Si tel est effectivement le cas, le tribunal allemand ne fonctionne ni moralement ni de manière universelle. Par conséquent, il serait raisonnable d’avancer que le tribunal de Munich est incapable de tirer les leçons nécessaires et élémentaires du passé nazi de l’Allemagne.

La justice allemande, d’une manière ou d’une autre, persiste à différencier les gens en fonction de leur race et de leur ethnicité.Palestine.jpg

 

[ * Un ‘ complice indirect ’ est une personne qui apporte assistance à la perpétration d’un crime, mais qui n’y participe pas, en réalité, en tant que complice principal ].

 

Gilad Atzmon est écrivain et musicien de jazz, il vit à Londres. Son dernier CD : In Loving Memory of America.

 

Du même auteur :

 

-  Telle une lumière pour les nations - 26 novembre 2009

-  Du fleuve à la mer - 14 novembre 2009

-  Un automne à Shanghai - 24 octobre 2009

-  L’IDF ou le scalpel d’Israël - 23 août 2009

-  Adhérer au Club Minyan de l’Aipac, moi ? Vous voulez rire ? Très peu pour moi - 19 juin 2009

-  Le pétage de plombs d’AGilad_Atzmon_photo.jpgaronovitch et la démolition du pouvoir juif - 13 avril 2009

 

25 janvier 2010 - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.gilad.co.uk/writings/the...

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 21:44

Le retour de Sinbad suite...

De-retour-dans-l-enfance.jpg
        Sabrina elle taffait de son côté y avait assez de quoi ! Avec ses longs tifs bouclés elle en faisait des dizaines de p’tites nattes et ses fringues de gitane bariolées à la façon des Natives People d’Amérique du Sud qu’on trouvait sur les photos dans les magazines qu’ils récupéraient au vendeur de journaux il leur filait ceux qu’il n’avait pas casés aux touristes du jour leurs vêtements de coton et de laine tissés toutes couleurs elles les découpait et les collait sur les pages d’un cahier d’école et dedans les fringues qu’on pouvait avoir pas cher à Emmaüs elle taillait des costumes mirifiques personne savait d’où elle était venue elle avait trop la classe !
          C’était facile de ramasser dans les villages du port des restes de pelotes de laine dépareillées des chutes de tissus toutes les sortes possibles des velours des satins brodés de bouts de dentelles jaunis des tulles des feutres des cretonnes à fleurs à motifs traditions que les vieilles elles apportaient au fond d’leurs pochons les matins du marché pour la fille indienne…

Aux bistrots que fréquentaient les gars qui trimaient aux bateaux de pêche on avait appelé tout d’suite les jeun’s de la p’tite maison chaulée blanche les Hyppies ou bien les Indiens mais y avait des quantités de nomades comme eux qui fuyaient désertaient les camps de transit des méga citadelles périphériques qu’étaient devenus en pas dix piges des constructions béton bien blindées qui bougeraient qu’au bout d’un lustre c’était couru on avait vu ce qui s’était passé avec les immigrés des années 50 comme la famille de M’mâ et tous les p’tits ceux d’la deuxième génération dont Sinbad il était ils voulaient refaire la transhumance dans l’autre sens ! 

Des cabanes en tôle leurs vieux ils avaient sauté comme des diables complaisants dedans les troupeaux de tours fortifiées des châteaux ghettos modernes avec leurs guetteurs aux meurtrières vitrages pare‑balles et Hop ! Le bonheur il était assuré garanti tampon dessus les paplars encore une fois ils avaient obtenu les tickets pour une vie qu’ils verraient pas circuler au creux d’leurs veines et leur sang ils l’ont vendu au rabais on leur a pas dit que c’était pour toujours qu’ils signaient et que leurs p’tits la marmaille joyeuse et guenilles d’étoiles ils seraient esclaves pareil ! Et Hop !

Sabrina elle était bien occupée les soirées de la petite maison chaulée blanc à tricoter des formes de toutes les sortes des carrés des triangles des losanges au fond noir ou crème avec dessus les divinités incas pleines de bras de jambes et de visages couleurs terres et ocre rouge ou des verts de feuilles et des animaux totems des lamas rose et violets des jaguars bleu marine des aigles et des serpents orange qui ressemblaient à des dessins d’enfants… Après y fallait encore coudre ensemble les puzzle qui remplissaient des paniers plastique fauchés au supermarché que Vishnou lui faisait carotte surtout les lamas rose vif milieu des triangles verts qu’il préférait…

Il en fabriquait des fanions ligotés à des bambous qui poussaient à la frontière des marais qu’entouraient la petite maison leurs cannes où les sternes au costard noir‑blanc venaient chiper des feuilles pour leurs nids et que Mario lui coupait en aiguisant bien la pointe c’était des flèches extras ! Vishnou il était élevé comme ça pousse une sorte de loupiot aux allures de marguerite sauvage la touffe en bataille d’épis et les guibolles qui sortaient des culottes que Jean récupérait aux chifftirs d’Emmaüs et que Sabrina rapiéçait de lamas rose vif… la-mer-ses-atomes-et-l-autre-cote-jpg

Enfant‑fleur qui se poilait de se la ramener tout nu comme il avait l’envie Vishnou réclamait à Mario les tatouages des Sioux aux poudres de couleurs touillées triturées avec la terre d’argile qu’on trouvait pas loin au bord des marres il lui en dessinait des lunes des soleils des signes des écritures anciennes pleines de formes géométriques et des lamas sa bestiole fétiche il lui tressait des couronnes de rayons sur le front des écailles et des cercles avec des triangles dedans qui lui graffaient les épaules jusqu’au derrière… Comme il existait tout seul milieu de la bande des grands qui pouvaient pas comprendre ses histoires de loupiot Vishnou se scotchait aux autres loustics qui radinaient au port avec leurs vieux des caves des blaireaux qui le trouvaient mariole et qui l’auraient adopté… Il  avait l’air de trouver ça trop excitant de débouler dedans le pataquès à l’époque du Flower Power ça lui convenait gentil au marmot et les kilomètres de pistes des landes que les genêts racolaient autour c’était son territoire d’exploration dans les panards de Mario le bonheur total !  

Sabrina elle s’y collait aux patchworks à force elle avait pris des goûts particuliers qu’on reconnaissait qu’on lui demandait y avait une mode c’est entendu et ça donnait à fond à cause du monde qu’en avait marre de cette tristesse qui remontait tant qui débordait des caves des soubassements de la vie on voulait autre chose on le désirait fort à se l’inventer s’en tartiner des façades de nos museaux de fouines des banlieues un peu pâlottes décolorées du poil et des calots… on était au parfum que ça s’annonçait et les Natives People avec leurs costumes qui voletaient tout en légèreté des tons qu’imitaient les patchworks de fleurs entre les feuilles des grands arbres ça nous causait bien… C’était des bleus d’abord des turquoises de la Cordillèrequ’elle réussissait du kif au même que si elle était d’origine de là‑bas Sabrina et aussi les orange sanguines des bandes entières pour les ponchos que les vieilles lui en réclamaient à la place de leurs châles noirs ça les rendait joyeuses c’était la jeunesse qui leur redéboulait aux basques !

Sinbad entre ses nights à l’abordage des tombereaux de poiscailles qui le lâchaient pas de l’odeur poisse et raide il en fournissait à qui mieux mieux et la fatigue des bourlingues de boui‑boui en aller‑retour d’la p’tite maison chaulée blanc il la mirait plus lerche sa vie à c’moment… Pourtant il se disait quand il avait un peu la possibilité de retrouver l’atmosphère des piafs de la Citédes Blocks qui lui piaillaient au fond des esgourdes qu’il les oublie pas… Piaouh ! Piaouh ! Raouf ! Cri ! Cri ! Cri ! que jamais autant il n’avait eu l’impression de la sentir lui bouillonner aux tripes et que les expériences qui lui bourraient ses sabots bottes en même temps que les poiscailles tombés du quai elles étaient tellement plus fortes que tout c’qu’il s’était farci comme agonies dedans la Medina depuis qu’il était p’tit ! Pas souvent qu’il avait trimardé de la sorte lui qu’est plutôt un gars fugueur vis‑à‑vis du boulot et des complications que les autres ils fourrent dans la musette sitôt que t’es à leur merci ! 

Et puis il se sentait pour la première fois après le drame avec Virgile de retour dans quelque chose de joyeux et d’enfantin comme s’ils allaient à nouveau partir son pote et lui les bombes aérosol au fond d’la besace tagger les murailles de la Babylonedésespoir des silhouettes d’oiseaux déjantés… Piaouh ! Piaouh ! Raouf ! Cri ! Cri ! Cri ! Sinbad il se demandait pas les raisons c’était tout ce qui lui chavirait comme une fête des brouettes d’aventures en plein naseaux qui le secouait de nouveautés épatantes et terribles et la lumière du bout d’la terre qui lui faisait fenêtres à peine réveillé à l’intérieur du duvet de Tomy le matinal qui cavalait au port avec les grains de la rosée dessus les tifs elle lui glissait au fond des mirettes ses iris mauves et jaune pâles une clarté laiteuse qu’il gardait longtemps avant de se bouger du pageot… Et pour finir de recommencer l’histoire à partir de c’moment‑là y avait Sabrina…

 deja-le-soleil-se-fait-sombre6.jpg 

A suivre...
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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 23:03
Désir de Femmelegoutdesautres2.jpg

 

Femme quel est ton nom ?

 

Petite enfant bavarde née au creux des vagues

Existes-tu ? As-tu des doigts Des lèvres

Des pupilles triangles comme celles des chats ?

Toi qui cours dans la rue

Après des cerceaux de soleil

Que personne ne voit Existes-tu ?

As-tu un sexe Des hanches

Des petits seins qui ressemblent aux miens ?

Petite châtelaine dont la bouche de marbre

Fait la moue Existes-tu ?

Pourquoi mets-tu sans cesse

La clef sous le paillasson

Lorsque je vais roder dans l'île

A la recherche de mon nom

 

Enfant sauvage accroupie entre les cuisses

De la grande pierre Que me veux-tu ?

Es-tu d'argile De chair fertile

De parfums engloutis dans ton corps imaginaire ?

Petite déesse d'algues et de silex         

Outre du souffle Que me veux-tu ?

Es-tu d'onyx De cuir fauve D'ombres fluides

Où je reconnais mes cavités de mousses ?

Pourquoi te caches-tu sous ces robes

Et ces voilettes écarlates Lorsque je viens

Guetter à la fenêtre de l'atelier

L'esquisse de ta chevelure ?

                       

Adolescente dont la natte fouette

Les murailles du château englouti

Qui attends-tu ? Sors-tu d'une rivière

D'une toison d'herbes D'un pubis de femme

Sous un écran de renoncules ?

Voilure déployée qui s'amarre

A des hanches mouvantes Qui attends-tu ?

Sors-tu d'une harpe D'une coulée de désirLa-petite-joueuse-de-fl-te-petit.jpg

D'un chant qui monte et se tord

Comme une tresse de lumière ?

Pourquoi offres-tu ton corps à leurs mains

Qui grattent sur lui leurs complaintes de nacre

Alors que je t'apporte quelques poignées

De terre rouge Pour combler notre déchirure

 

 

Jeune femme nocturne laissant fuir le souffle

En dehors de toi Quel est ton nom ?

T'ont-ils nommée sirène ou Blodeuwedd

Mélusine nageant dans le clair-obscur

D'un ventre doucement marin ?

Jeune souveraine jouant

D'une flûte de cuivre Où tu têtes la vie

Quel est ton nom ? T'appelles-tu vibrance

Oiseau de lune Ou bien cathédrale explosée

Par le souffle de l'outre ?

 la rencontre3

Pourquoi fuis-tu petite âme légère

Parmi les débris de tes désirs brisés

Lorsque je me glisse dans l'île 

Sur mes pieds ailés ? Moi qui ne suis que le vent

Que l'outre a avalé

                       

Petite vague bavarde au creux de nos flancs

Qui n'existe que dans les yeux miroirs

D'un désir de femme beau comme la lumière

 

Dis-moi Quel est mon nom ?

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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 23:42

Le retour de Sinbad suite...

baillon.jpg

Chez Christina Sinbad il s’est retrouvé un peu comme chez Sien et son bistrot “ El Che ”de la Cité aux ordures mais comme c’était la première fois qu’il jouait plus avec les piafs des bombes d’aéro et même s’il avait déjà eu à l’affronter la castagne aux roussins d’la tess’ il s’était pas retrouvé au fond de la cale d’un rafiot milieu des lascars c’qui nécessitait d’la débrouille et d’l’entraide il se disait qu’il avait plus besoin de M’mâ ou d’une femme comme ça autour de lui… Ici pour s’la gagner sa place fallait piger vite fait et pas la ramener en regardant du coin de l’œil ce qu’y’a à savoir !

‑ La paie elle est assurée et costaud c’est le syndic des dockers qu’y veille et par en dessous on rajoute le poiscaille qui tombe sur le quai… qu’il l’a affranchi Tomy… tu vas t’habituer ça arrondit bien ! C’est la façon qu’on a de dire pour les p’tits avantages en souvenir d’une vieille coutume qui dure dans l’métier !

Et Sinbad il a capté qu’y s’agissait du poiscaille que chacun il s’attache à l’intérieur des sabots bottes qui sont taillés exprès de ces largeurs pas communes du tout et avec une ficelle qu’on pend autour du cou planqué par le tablier du ciré qu’est pareil beaucoup trop large… Hop là ! Et vas‑y la marine ! Qu’y a aucun métier autant barbare en dangers d’tout poil que c’t’affaire de se coltiner avec l’océan et ses caprices ses amuseries où des dabs coriaces ont mouillé leur carcasse et que l’turbin du déchargement qui se réglait tout à la force de tenir les plombes durant en cale il mérite… Ouais qu’il mérite et un peu encore ! Ensuite y a qu’à trouver les filières pour refourguer et pas trop se faire secouer c’était un métier que le commerce et celui‑là y supporte pas l’amateur le cave le zinzin ! Sinbad pour sa part il se réfléchissait que sûr c’est d’ce poiscaille-là qu’arrive en loucedé en glissades à la caille d’une façon qu’est pas malhonnête au fond dessus les quais d’la Cité aux ordures où on manigance encore des transactions et des combines un peu ficelle !

Sur le port Tomy il a rencardé Sinbad aux rencontres avec des types qu’étaient d’anciens marins et qui trafiquent sacrément à la refourgue de grosses quantités dans la discrétion garantie… Les gars quand ils causent du marché à la pause au large des rades qu’on pourrait leur faire une oreille ils ont entre eux d’la connivence bourrue et d’la cruauté et Sinbad il se dit qu’leurs ancêtres c’étaient probable des corsaires qu’avaient affûté leurs lames et trinqué à l’aventure aux abordages et maintenant qu’eux leurs héritiers ils en étaient à trimarder à quai ils se vengeaient avec le poiscaille des trésors des coffres perdus… Ce monde‑là il lui plaisait drôlement à Sinbad à cause des histoires que M’mâ lui avait relayées et de son blaze à mystères !

Et malgré que le travail soit plutôt de ceux qui n’donnent pas à st-Malo1000.jpgrêver Sinbad il zyeutait les gars que Tomy lui avait emballé comme des capitaines au long cours le jonc d’or à l’oreille gauche les tatouages et les cicatrices leurs cent vingt kilos et leur barbe qu’avait toujours des reflets roux de l’air d’un qui les matte un par un enjamber les pages des récits des Nuits qu’Yvon le camarade lui prêtait quand il radinait avec son poteau Virgile et qu’ils piétinaient là des plombes à torcher des poèmes dans la compétition d’l’a bonne amitié…

Sauf qu’eux les dockers les canailles du port comme ils se l’envoyaient à la plaisanterie ils rêvaient pas Ah ouiche ! S’ils furetaient fouinaient se rencardaient mollo à la conquête des coins bien paumés des crèches dehors de tout en campagne à l’abandon que la rousse soupçonne pas pour stocker tous ces poissons en caisses de glace et si on peut le géant congélo ça sera le top de l’affaire ! Alors la petite maison chaulée blanc au rebord des marais qu’les hirondelles de mer les promeneuses qui jacassent clarinette au‑dessus elles ont à la caille pour venir se reproduire c’était c’qu’on pouvait faire de mieux ils allaient pas laisser passer la baraka !

 

Ecoute… écoute…

Mario qu’est trop lézard pour aller cueillir des bestioles gluantes blindées d’écailles verglacées au fond des cales il zone bourlingue sur le port et faufile aux tables des bistrots où il gratte sa guitare qu’a traversé pareil à bord d’la grande charrette solaire un morceau du Nord de l’Italie et pis le reste jusqu’ici par les chemins à poussière en chantant dans un engliche sorti des faubourgs de Milan les rengaines de Janis Joplin de Jimmy Hendrix Jim Morrison Brian Jones…

Mario qu’était régulier bien éclaté aux herbes folles avait la passion en délire de Janis qu’il pouvait pas appeler autrement que The Rose et vu que personne au juste à part Sabrina avait d’infos sur c’qu’il avait bricolé avant de faire la route au départ de Florence il accrochait les gens qui se méfiaient pas à cause de son air ado et il leur déballait le récit d’sa virée au festival pop de Monterey sur les traces de Janis et son groupe du moment Big Brother and The Holding Company et il les saoulait avec la performance de The Rose couverte de bijoux hippies et sapée rose vif qu’avait rendu les types et les nanas complètement oufs avec sa voix hallucinée et rocailleuse qui chantait Ball ans Chain de Big Mama Thornton comme on l’entendra pas !

Mario était dans les transes à c’t’évocation‑là ce qui lui arrivait que bien peu faut le savoir et il avait jamais trop pris d’herbe pour pas se souvenir des paroles des deux chansons de Janis qu’il disait par cœur comme des poèmes que les jeun’s des sixties répétaient encore des piges après qu’elle les ait plantés là à tout juste 27 balais… Ouais c’est vrai que Sinbad il avait jamais rien entendu de ce style déglingué à donf quand il se rongeait à l’intérieur des murailles de la tess’ à seize piges qu’avait Mario qui gratouillait des notes sur le ventre de sa gratte et qui disait avec un ton trop grave  “ Me and Bobby McGee ” et rapide il continuait avec “ Mercedes-Benz ” qui forait son tunnel de désespoir dedans les tripes de Sinbad parc’qu'il se bourrait le mou que si Virgile avait pu écouter ça ç’aurait été tellement bon pour lui !

Les gaziers dans les bouis‑bouis du port ils avaient pas l’air renseignés sur ce qui s’tramait à San Francisco de l’autre côté de leur océan qu’était pourtant dedans la même marmite à bouillir les langes d’un monde trop vieux et s’ils en débarquaient des States et d’ailleurs ils le racontaient à personne… Et ils causaient pas plus de la musique rock que Janis dessous son boa rose quand elle avait composé les morceaux de Pearl qu’était sorti qu’après sa mort d’overdose elle leur foudroyait aux boyaux Ya ! Ya ! Ya ! Mais quand Mario se pointait au poignet il secouait les bracelets la-proie2000overblog.jpgde perles de verre de couleurs comme elles en ont les squaw indiennes qui sonnaient sur le rythme des mélodies qu’allaient du folksong au rock et retour en grattant l’instrumental “ Buried Alive In The Blues ” y avait souvent au fond d’leurs quinquets vagues une brume bleu violet qu’envahissait tout et qui leur donnait l’allure des jeunes silhouettes fantomales des mômes de Woodstock… 

Mario il était toujours dans la compagnie de Vishnou qui tendait à la compagnie une boîte de cirage où des pièces rose cuivre tombaient et parfois aussi des petits billets… Vishnou faisait la quête tout nu et crayonné de tatouages stylo-feutre parc’que ça lui bottait et qu’en plus à c’t’époque on avait biffé les pancartes “ Interdit de truc et de machin… ” et les mômes il y allaient c’était comac ! Lorsque la cagnotte était bonne et qu’les petits sous tintinnabulaient c’qui s’produisait quasi tous les soirs Vishnou qu’avait droit comme c’était régulier à la moitié des gains s’baladait entre les badauds du port la truffe fourrée dedans d’une géante glace chocolat et il s’occupait plus d’autre chose que de l’immensité de son plaisir…

A suivre...

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