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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 23:11

Ma soeur du lait de l'Ogresse suite...

Ecoute… écoute…

Le maître comme furieux de nous voir rejeter ses tentatives de triangles isocèles orientés normalement vers le Nord… le maître… il nous épiait.

Il se glissait en douce jusqu'à la ligne de craie la règle à la main. On le sentait arriver au froissement hostile de la brume tiède qui nous berçait. C'était Sami le plus âgé des mômes black-cafés qui donnait le rythme entre nos doigts noués. Nous on resserrait le cercle et nos corps devenaient des arbres immenses. Des baobabs évidemment avec leurs pieds qui dansent. Dansent debout entre le ciel et l'océan. Enfants on était plus forts que notre peur. Notre peur de ce qui va arriver en douce… par derrière… Parce qu'on croyait aux rites de la terre et de l'eau.

- Oh ! Tyroun-bâ… dis-nous quel est l'arbre qui nous habite… si tu veux bien Tyroun-bâ… dis-nous…

C'est Sami qui psalmodie en balançant ses bras comme pour la ronde dans un frisson qu'on a ressenti à l'intérieur de ses paumes… entre nos doigts noués.

- Dis-nous Tyroun-bâ… si tu veux bien… dis-nous… qu'on reprenait tous en cœur en serrant fort nos poings pour se défendre du triangle isocèle et de ses tranchants avivés.

Majestueux… le maître des crapauds il avait les nuances de sa peau écailleuse et fripée qui changeaient avec l'épaisseur des brouillards et des poussières de mercure. Majestueux… il gonflait sa gorge en une bulle transparente. Son jappement rauque qu'on attendait pas rassurés confirmait nos croyances dans l'autre sens des choses. Celui d'origine… là d'où on s'était perdus sans qu'on puisse y revenir… Ce qu'on avait pu bifurquer depuis !… Son jappement ça voulait dire qu'on allait se coltiner des piles de quart d'heures dans la pointe la plus aiguë du triangle les bras en l'air. La punition du maître pas moyen d'y échapper. Autant de piles de quart d'heures que de plaisir coupable pris à l'initiation. Au jeu de la mémoire… Sami fidèle à son rôle d'aîné il prenait tous les risques. Il répétait en scandant les syllabes comme il avait entendu faire la marabout lorsqu'il interrogeait le crapaud :

- Les baobabs mon fils… ce sont les baobabs qui parlent aux enfants de la Cité aux ordures… les baobabs qui dansent mon fils… qui dansent… dansent… mon fils…

Le baveux il se trémoussait à peine comme si on était un public pas conséquent… des bons à rien en quelque sorte… on méritait pas. De l'Afrique d'où il venait il regardait ça avec hauteur. Il nous méprisait sans se cacher… et puis il avait un peu pitié aussi… ce qu'on en savait nous des histoires qui se racontent de l'autre côté c'était seulement par grand-mère Fatima que ça nous était parvenu. Des bribes… des choses qu'elle allait piocher loin dans ses souvenirs à notre intention et qu'elle nous traduisait pendant que le djinn entendait pas… des illuminations qui lui venaient soudain…

- Et qu'est-ce qu'on doit faire Oh ! Tyroun-bâ… qu'est-ce qu'on doit faire pour trouver le pays des baobabs qui dansent ?…

Sami il prenait son rôle de traducteur tout à fait au sérieux. Va savoir ce qu'il avait vu le crapaud sous son air de petit vieillard édenté et très débonnaire. Même vraiment moqueur. Nous on n'avait pas à la ramener vu qu'on n'avait pas d'histoire… Ça faisait qu'on était un peu morts…

- Dis-nous… si tu veux Tyroun-bâ… dis-nous… qu'il continuait Sami avec courage tandis que le sifflement de la règle brûlait nos oreilles.

On savait que c'était interdit de rompre le cercle avant la fin de la cérémonie. Celui qui l'aurait fait ç'aurait été un traître et un renégat. On avait honte de notre crainte face au baveux impassible. Il semblait rien redouter des hommes. Pourtant lui il disposait pas de la vitesse afin de s'enfuir dans l'herbe aux tam-tams. Pas plus il  pouvait se protéger des coups le crapaud. Ou de se faire trancher la tête pour l'exemple…

- Le pays des baobabs qui dansent mon fils… il est de l'autre côté des morceaux de tôles… là-bas qu'il est… dans la Medina des Arabes. Là-bas fils… là-bas y'a la femme qui sait l'histoire des arbres qui dansent… là-bas… Sami il traduisait.

A ce moment précis de l'histoire les coups de règle ils arrivaient. C'étaient des morsures au bas des reins… au creux du cou et sur les épaules. Ils nous tatouaient d'éclairs mauves qui nous confondaient dans le partage de la douleur et de la haine du maître. P’tit Nègre il était en la circonstance le plus black des Blacks. Il morflait par avance car ses oreilles décollées offraient une tentation supplémentaire. Par force… Une provocation… Le maître y taillait des encoches comme on fait pour dire qu'y a une chose qu'on n’doit pas oublier.

- Négros… foutus Négros… vous ne finirez donc pas de m'empoisonner avec vos sorcelleries !… C'est encore toi sale petit Black qui a apporté cette bestiole. Enlève-moi ça ou je vous le fait bouffer ce midi avec vos têtes de poissons pourries… Foutus Négros…

Ça c'était ce qu'il disait le maître. Mais nous on savait qu'il pouvait rien contre Tyroun-bâ le seigneur des crapauds qui le fixait de ses deux sous de cuivre scotchés dans ses yeux. Tyroun-bâ il faisait l'immobile comme sculpté à l'intérieur du bronze patiné. Jamais le maître aurait osé s'aventurer à franchir le tracé de craie. Ça voulait bien dire quelque chose. Tyroun-bâ l'impassible qui avait pas d'armure et lui… chacun sur son territoire ils étaient. Ils se défiaient du regard… Ils s'hypothéquaient des kilomètres de tables et de bancs avec leurs mômes… Ceux qui étaient les plus fidèles au baveux et à ses incantations et ses mimiques c'étaient pas les cancres comme on l'a dit… Au contraire… Pour le suivre y fallait avoir des dons hors du commun. Ce qui énervait le plus le maître c'est que Sami était le roi des mathématiques… Ça collait pas… C'était pas additionnable.

Faut bien avouer que c't'école-là c'était celle de la zone que personne du côté des maisons ouvrières sans ouvriers car souvent ils avaient quitté pour refiler la place à des ratons laveurs un peu déclassés mais plus profitables avec de la monnaie… non personne ne regardait son intérieur de près. Elle était très taggée et colorée de peintures de guerre et de poèmes du Ghetto.

Sinbad qu’on avait jamais vu mais dont les oiseaux parsemaient aussi la Cité des Blocks les écrivait "peau aime" et dans l'école de la zone on savait tous que ce qui s'écrit sur la peau ça vit pour de vrai. C'est pour ça aussi que les bombes aérosol avaient la couleur du sang souvent. Les ratons laveurs blancs ils déposaient eux leurs marmailles calibrées de l'autre côté des palissades là où nous autres on n'va jamais que pour chiper les soutiens-gorge de soie rouge et les bas résilles des femmes à l’intérieur des super marchés. Juste affaire de se déguiser un peu.

Certainement que c'est Morgane moi qui ai eu l'idée de changer de peau mais pas seulement. C't'envie d'être clown ça les travaille aussi ceux de la Cité des Alphabêtes et de la Medina qu'on croise sur le chemin des Indiens lorsqu'on y va parfois. Les fringues de femmes c'est pour Zahra qui danse… danse comme la reine des baobabs qu'elle est même si elle ne connaît pas les secrets de Tyroun-bâ. Et pour Morgane moi c'est le fard blanc… la poudre rouge et les couleurs des yeux qui les font profonds jusqu'à ce qu'on s'y noie. Mais ça empêche pas de chiper les minijupes de jersey rouge et les tee-shirts moulants à paillettes… Clown pour une fille c'est délicat…

Le regard de Tyroun-bâ est insaisissable. Celui du maître il proclame la vérité char d'assaut du nénuphar d'acier. Au fond des yeux troubles du crapaud elle dort la vérité des fleurs dans leur fruit. Elle est là la force de Tyroun-bâ…

Le mouvement que personne est en mesure d'arrêter. Le mouvement de la vie qui invente le moyen pour continuer à fabriquer la fleur du temps faisant les saisons une après l'autre. Goutte à goutte.  Tyroun-bâ même exilé comme il se trouve de son état il sait où mener le peuple des crapauds et les rêves des enfants dans le ventre de la Cité. Et personne jamais ne s'attaquera à Tyroun-bâ le protégé de Nuit la noire.

A suivre...

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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 20:48

Un nouvel extrait de cette histoire de la Cité des Alphabêtes où vous allez retrouver Morgane et Zahra sa frangine dans leurs aventures des années 70 quelque part dans le monde de la périféerie...
Ma soeur du lait de l'Ogresse

     
             Ecoute… écoute…

Accroupie au pied du Block trois les jambes recroquevillées sous sa mini jupe rouge Morgane sommeille. L’histoire de djeda Fatima vient s’enrouler comme une parure de sable autour du cou de l’ours blanc. Ils ont imaginé de nourrir les ours importés avec les conserves périmées du super marché. Tout comme nous dans la cantine du Block trois l’Afrique. Les mangeurs de poisson cru cherchent à briser la glace de leurs mains pour se serrer encore plus les uns les autres.
          Ce qu’ils savent eux et Morgane tout comme eux c’est que leur histoire pour l’instant elle les a menés sans leur demander leur avis dans la Cité aux ordures. Et y a des chances pour qu’ils en partent pas de sitôt. D’ici on s’en va pas. Y’a pas d’ailleurs. Peut-être qu’y'a pas besoin de partir aussi loin pour inventer sa vie ?… Sans doute qu’elle se dit Morgane… il suffit de quitter la défroque de pauvreté qu’on traîne avec nous. Mais ça aussi… est-ce qu'on peut ?

Les ours eux ils sont très soucieux de la beauté de leur fourrure. Ils ont fait des milliers de kilomètres à bord des camions-frigo et quand tu regardes ce qu’il leur reste au bout du voyage ça te donne envie de rire. Alors ils n'mangent pas. Et la grève se recouvre de leur faim. Et le rayon du super marché s'envahit de boîtes périmées que les fourmis finissent par acheter. Les fourmis ne sont pas difficiles au royaume des aveugles. Les ours me sentent arriver de très loin avec mes têtes de poissons plein les poches. Pour eux je suis l’Eté. Parce que je rapporte l’odeur. Même frelatée par mon égarement au p’tit coin du triangle isocèle et mouillé. Poisson pourri… L’odeur d’enfance qu’on oublie pas. Morgane...  Mon grand-père il capturait des toiles de mer avec son cheval d'anarchie… Makhno il s'appelait…

 

Quelques jours après que mon père ait commencé à lire le cahier écrit par la grand-mère Morgane  Zahra a décidé d'oublier mes yeux. Zahra c'est ma sœur du lait de l’Ogresse. Ça fait des années qu’on traverse ensemble le couloir sombre maquillé de traces louches et de graffiti dégoûtants en se tenant la main très fort. L’enfance c’est ça d’une certaine façon. Et pour les filles surtout. Les filles de ce temps-là… C'est criblé de pièges que personne vous a dits… Préau aussi inquiétant qu’un hall de gare bourré de recoins noirs où des types louches nous guettent leur sexe-couteau à la main. Et puis encore la solitude comme une feuille blanche et fanée qui plane pour se poser doucement sur nous. Comme elle s'en allait la vie déjà et qu'on le voyait pas… d'une certaine façon… Bille de verre roule sans fin. Pour quoi ma vie ?… pour qui ?… bille de plomb tombe sans fin. Qui arrêtera sa course entre nos doigts ?

Les maîtres aiment pas que les filles inventent un monde en désordre dans lequel on pourra se mesurer avec le sens des choses qu’ils ont décidé une fois pour toutes. Les maîtres aiment pas qu’on prenne leur monde à revers. Un jour on cesse d’attendre que les choses elles fassent un signe qui confirme qu’on a le droit de la dire autrement la réalité… La réalité du née-nue-phare qu’est-ce que c’est ? La réalité de notre vie à nous dans la Cité sans histoires…

Le maître de l'école du savoir sait qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps pour achever la fabrication du moule aux angles nets et rigoureux… et pour nous entasser là-dedans. Le maître… c'est lui qui fera de nous des ilotes abruties et dociles. Y'a pas de doute… Déjà il nous soupçonne d'une révolte que nous permet… et ça il y peut rien… notre mélange café-crème chouïa chouïa avec les autres qui sont de loin les plus nombreux. Même on peut dire sans abuser que les ratons laveurs blancs se font rares dans notre quartier de pauvreté. Ils ont émigré vers des zones où il pousse des arbres avec leurs feuilles malgré la double voie express aux poussières de mercure.

En bordure de la Cité ouvrière sans ouvriers c'est là qu'on trouve les petites maisons avec les arbres-lilas et les chèvrefeuilles. Sûrement c'est dans ce coin qu'il s'est réfugié le jardinier qu’a planté l’arbre géant au bord de la tess’ qu’est devenu un peu un squatt à force… Le jardinier personne l'a jamais vu vraiment. Pas plus que le joueur de sax. D'autant moins qu'il est aveugle… alors… Et même Rémi mon paternel qui fait lui pareil le jardinier je lui en ai causé un mot il sait rien…

P’tit Nègre Zahra et moi on a compris jusqu'à ce qu'on quitte l'école de la Cité que c'est parce qu'on était ensemble qu'on s'en sortirait. La chance qu'on avait d'être isolés de la tribu… La tribu des ratons-laveurs blancs c'était bien la pire… Mais fallait pas préjuger des autres… Mieux c'était qu'on fasse les nomades d'un bout du Block trois à l'autre. Y'a pas une maison dans ce jeu de cubes qui soit pas notre maison…  On a fini par habiter tous les recoins des halls et des escaliers… les poubelles et les intestins de la chaufferie. Forcément… Et même P’tit Nègre parvenait à venir en classe avec le crapaud Tiroun-bâ… celui du marabout son oncle caché à l’intérieur du cartable. Au fond de la cour ruisselante de farandoles de pluie fade à l'angle Sud du préau sous le vent salé on lui traçait un cercle de craie où qu'il siégeait. Alors nous on s'accroupissait autour de lui.

On s'accroupissait comme d'autres pour tourner le jeu de la chandelle mais nous c'était déjà parce qu'on aimait se raconter les histoires… Les histoires venues du Grand Sud là-bas pimentées avec des grains de sable et craquantes des herbes desséchées des brousses. Ah ! s'il y avait pas eu les histoires alors sûr que tous ensemble on serait morts d'ennui et de plus d'espoir…



A suivre...

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 22:38

      Il y a quelques jours comme on faisait des fouilles parmi les vieux bouquins d'une broc avec l'ami Louis à la recherche d'anciens livres illustrés qu'on collectionne car Louis est un passionné de belles images comme vous savez... je suis tombée sur un bouquin qui m'a tout de suite mise en alerte moi la vieille anar... Il s'agissait de l'histoire en images et en textes de la révolte des Bretons de Plogoff et du Cap Sizun y a trente ans de ça vous vous rappelez ?

      Plogoff pour nous autres insoumis de tout poils... et les Bretons en sont de sacrés alors moi qui vous le dit ! ça a été la lutte âpre et formidable des gens contre l'implantation forcée d'une centrale nucléaire qui allait détruire leur paysage... leur vie... leur désir aussi ancré en eux que leur amour de l'océan de ne pas entrer dans un monde où tout n'est plus que course au productivisme et à la destruction atomique et autre...

      Trouver ce bouquin-là qui manque à ma collec de livres subversifs ça m'a fait un grand chaud au coeur d'autant plus que comme vous savez l'Etat en traîne une sacrée de casserole avec l'affaire du Bugaled Breizh et ses cinq marins entraînés par le fond dans une probable manoeuvre foireuse de l'OTAN...

      Alors je ne résiste pas à l'enthousiasme de vous faire partager quelques extraits de ce livre qui réveille fort en ces temps d'imposture du silence et de l'inertie et quelques images aussi... le tout vaut son pesant de poudre et de grandeur humaine enfin retrouvée !


J'espère que l'éditeur breton Le Signor ne m'en voudra pas de dévoiler ces pages que je dédie aux marins du Bugaled Breizh et à leurs familles avec toutes nos pensées solidaires et fraternelles...


Plogoff‑la‑révolte

Editions Le Signor Imprimerie du Marin Le Guilvinec, 1980

 

Textes : Théo Le Diouron André Cabon Guy de Lignières Jean‑Charles Perazzi Jean Thefaine Daniel Yonnet

 

Photos : Noël Guiriec Paul Bilheux

 

Epilogue : Per‑Jakez Helias

 

Avant‑propos

 

Ce livre n’est ni un roman ni un essai, c’est le témoignage de huit journalistes finistériens qui ont vécu heure par heure, jour par jour, le rude combat de Plogoff et de ses voisines Goulien, Cléden‑Cap‑Sizun et Primelin et ce pendant les six semaines qu’a duré l’Enquête d’Utilité Publique, phase administrative légale avant l’implantation d’une centrale nucléaire.

A Plogoff, la centrale nucléaire doit être construite dans la falaise rocheuse à quelques encablures de la grandiose Pointe du Raz, face à l’Ile de Sein, point final de l’Europe.

Or, les habitants de Plogoff, s’ils rejettent avec force le nucléaire, refusent tout autant de voir disparaître leur identité, leur civilisation. C’est cette lutte du pot de terre contre le pot de fer que ce document raconte. Un combat culturel que paysans, marins, femmes et enfants ont mené avec grandeur et imagination.

 

L’Epopée

 

Le vent joue dans la bruyère comme sur une lyre.

Il chante la chanson de PLOGOFF, celle qui sculpte dans le granit des siècles lavés par des millénaires de marées toujours vaincues, une population de géants qui, dos à la mer, affrontent les naufrageurs des temps modernes, ceux qui veulent tuer la vie d’ici avec la mort d’Hiroshima.

“ PLOGOFF mon amour ”, c’est le printemps endormi, enfoui sous la mousse d’une république hexagonale de platitude et d’ennui, brutalement réveillé et jaillissant de la terre. C’est une parole commune avec une absence totale d’objectivité pour ce qui n’est pas elle. Une rose rouge ne ressemble jamais à une autre rose rouge. Et l’écoute de cette parole collective entrecoupée de cris et de bruits de guerre, donne une impression de retrouvailles et d’épousailles avec l’histoire, avec la mémoire d’un peuple qui refuse l’absurdité des mots venus d’ailleurs, l’illogisme des modèles qui ne sont pas les siens, l’incohérence inconséquente de valeurs qu’on veut lui coller pour mieux la dominer, l’étouffer à jamais dans le moule d’un universel de productivité et de rentabilité.

Productivité, rentabilité, les nouveaux dieux d’une société dont l’énergie est le progrès et le progrès un bulldozer pour niveler, mâter, écraser si besoin est.

Saigner la Pointe du Raz, quadriller le Cap Sizun d’autoroutes, de pylônes, inoculer le nucléaire dans les falaises de Feunteun‑Aod : les gens de PLOGOFF ont peur. Peur de l’atome c’est certain ; peur surtout de se perdre et de disparaître.

Les envahisseurs ne sont pas les éléments qui ont façonné le Plogoffiste, pas le feu de la terre, pas l’eau du ciel, pas le vent de l’Océan, pas la tempête du grand large.

Les envahisseurs, ce sont l’atome, ses déchets, son béton, son chantier ; une nouvelle marée humaine qui va bouleverser le visage et l’âme du Capiste et qui veut entrer avec violence dans son site, dans sa vie, pour casser son histoire, la récupérer ou l’enterrer dans la tombe de l’oubli.

Les envahisseurs sont les naufrageurs d’une civilisation, d’une culture, d’une légende ; de la magnifique épopée du bout du monde écrite depuis toujours par les voyages du marin, le souffle du large, la femme de Plogoff, seule, forte, silencieuse qui retourne les cailloux du champ.

Une épopée dont les fresques ont couleurs, lignes, formes et forces de cette flèche de granit qui nargue l’horizon, grandiose défi à l’Océan et où se mêlent au quotidien, héroïsme et mysticisme, dans une communauté qui, après avoir vaincu la mer, doit aujourd’hui vaincre la tentation des hommes.

La tentation du progrès, du confort, de la sécurité, de l’absence de risques, eux, gens de PLOGOFF, dont le risque est le permanent quitte ou double avec la mort, un quitte ou double à la loyale.

Mais cette fois‑ci le péril est différent, mortel, traître, venu d’où on ne l’attendait pas.

C’est l’intrusion d’autres modes de penser, de vivre.

C’est la colonisation d’un type de développement, de croissance qui s’impose à la canonnière et habille son impérialisme d’un langage raffiné, trompeur, sans racine sur la lande de Lescoff : Enquête d’Utilité Publique, procédures légales, démocratie, intérêt général, pouvoir central, pouvoir administratif, pouvoir judiciaire, suffrage universel, élection : mots de velours pour chape de fer, mots‑camisoles qui font jaillir les barricades, lancer les pierres de la liberté de chacun contre les fusils de tout le monde, contre les lacrymogènes de la force et du droit, mots‑pilliers d’un ordre nouveau. Les Parisiocrates sont les nouveaux colonisateurs.

 

Alors l’invincible Armada de la République Française a jeté de la fumée pour faire pleurer de dérision sur la révolte de ces “ quelques deux cents agitateurs, des étrangers pour la plupart ” a dit un ministre. Encore un “ bon bec ” de Paris…

Chaque jour pendant six semaines, les Capistes ont mobilisé leurs forces vives pour ne pas devenir demain les Palestiniens de la Bretagne.

PRIMELIN, GOULIEN, CLEDEN, St‑Yves, Trogor, des batailles entrées dans la légende, dans les cahiers de l’école, dans l’histoire de tous. Des batailles et des blessures qui ne peuvent plus se refermer, et qui purulent le pus d’une pollution venue d’ailleurs. ( … )

 

Alors les dissidents de l’extrême ouest ont créé de nouvelles formes d’être ensemble, exemplaires car, comme eux, nous, aussi, nous pouvons être nous‑mêmes et ensemble, à la fois dans notre diversité et notre totalité, sans goulag, sans tortures étatiques, sans déracinement. Le pas de nos galoches peut lui aussi couvrir le bruit des bottes policières qui sourdent déjà de notre décadence apathique.

L’enjeu du nucléaire a servi de révélateur et de réveil à la conscience de l’homme, à notre désir naturel de société de fraternité.

Et la question dépasse le temps d’une centrale ou pas à Feunteun‑Aod. ( … )

 

Qu’on le veuille ou non : ou bien nous vivrons et nous aimerons avec nos tripes ou bien nous mourrons et nous tuerons avec ce qu’on aura fait de nous et qui ne sera plus nous.

Et, paradoxalement, l’ère du nucléaire ramène la conscience humaine à la bougie.

Nous aurons bonne mine quand en plein midi, bougie à la main, nous irons comme Diogène le cynique en déclarant : “ Nous cherchons un homme ”.

Alors n’est‑il pas temps d’écouter PLOGOFF‑l’Espérance répondre à Paris qui lui demande ce qu’elle désire : “ Que tu t’ôtes de mon soleil ” ?

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 22:43

Le pacte de l'oranger fin

L.S. : L’un des fils de Simon reproduit le destin du père mais l’ayant choisi ( comme dans la nouvelle du recueil Le baiser : “ Monologue du soldat ”, où le fils de harki algérien élevé en France dans un hameau forestier, s’engage dans les Casques bleus en Bosnie, mais lui déserte pour ne pas se tromper de guerre comme son père ). Le fils de Marguerite et Simon se retrouve en Afrique où il “ attend ” une guerre qui ne vient pas. Il a choisi un pays étranger, lointain, pensant ainsi échapper à la médiocrité du destin paternel.

Marguerite ne veut pas rester dans l’ignorance du pays de vie du fils, comme elle l’a fait avec Simon pour l’Algérie. Elle cherche à voir, à savoir, à comprendre, elle parle par l’image et les livres à ce fils qu’elle ne veut pas perdre comme elle a perdu Simon et son fils lui parle aussi. Mais à son retour, le fils refuse de voir sa mère à cause de “ l’Arabe ”. On retrouve Simon dans l’attitude du fils. Marguerite ne renonce pas à son désir, cela ne l’empêchera pas de vivre avec Sélim.

 

L’Afrique pour Marguerite va prendre soudain une forme inattendue… Celle des commerçants africains des marchés où elle découvre du pire au meilleur, les objets de “ là‑bas ” mêlés au bazar le plus hétéroclite. Sensible aux couleurs criardes ou plus tendres, aux odeurs épicées et baroques, aux amoncellements de laine et de soir des tapis, aux mélanges de matières brutes ou raffinées, bois patinés et rugueux, peaux rousses et crèmes, ambres et lapis‑lazulis, Marguerite aurait été emportée par les oranges allumées telles des lampes au centre de la toile d’Alphonse Germain‑Thill représentant le Marché de la rue Randon à Alger. Le blanc ocre ou légèrement bleuté qui les entoure ressemble à une nappe posée sur le trottoir.

 

“ Quand elle va au marché, elle remarque les jeunes Africains qui vendent des objets en bois, en lézard et en plastique qu’elle n’a jamais eu l’idée de regarder. Son fils a stationné chez eux, ils sont ici, elle pense à l’enfant mascotte, ils ne sont plus des étrangers. Dans la cuisine, à côté de la gazinière, elle a affiché une carte de l’Afrique, elle l’a colorée en rouge. Elle n’ose pas leur parler. Plusieurs fois elle s’est approchée de leur étal, mais dès qu’ils avancent vers elle, elle s’en va. ”

 

C’est grâce aux marchés que Marguerite va rencontrer Sélim le colporteur, Sélim avec lequel elle fera enfin les voyages imaginés jusqu’ici et qu’elle verra pour la première fois la mer. Sélim qui associera pour elle délicieusement le rouge des poivrons et des tomates, l’orange des orangers, et le bleu‑noir de l’océan…

 

“ Au fond du jardin, Gisèle étend le linge seule, plus vite que d’habitude, puis elle s’assoit sur l’herbe, à l’ombre d’un drap de lit, pour lire la carte de Marguerite :

‘ Chère Gisèle,

Tu ne me croiras pas si je te dis que pour la première fois de ma vie je vois la mer, l’océan, au bout de la Loire. Toi, tu as voyagé, moi, jamais jusqu’à présent. J’ai vu Paris, j’ai vu la mer. Je suis heureuse. Ne t’inquiète pas, je reviens. Je n’oublie pas mes enfants. Ta Marguerite. ”

 

L.S. : Les marchés dans les petites villes de province en France sont le lieu où se mêlent natifs et étrangers. Commerçants, maraîchers français et immigrés, marchands d’objets exotiques indiens ou africains. Avant Sélim, Marguerite rencontre les jeunes Africains qui l’abordent et qui seront le lien avec le tapis au chasseur et au lion, stéréotype de “ l’ailleurs ” des anciennes colonies, signe ironique et dérisoire de la rencontre avec Sélim qui se moque lui‑même de ce tapis de pacotille  ( il lui offrira un beau tapis ( petit ) chinois en soie avec une rose rouge, ces fleurs que Marguerite aime et qu’elle a plantées dans son jardin ).

Sélim n’est pas un homme “ simple ” au même titre que Simon ou le beau‑père. Il a joué un rôle important ( il n’en parle pas ) dans la guerre d’Algérie, militant responsable du F.L.N., clandestin en France. On ignore pour quelles raisons il n’est pas revenu vivre en Algérie où vit sa mère. On peut supposer qu’il a des attaches plus fortes en France où il a peut-être vécu plus longtemps qu’en Algérie, comme fils de travailleur immigré… Pour Marguerite, Sélim est celui qui lui a permis de dire son désir, de vivre aventure amoureuse et liberté.

 

C’est dans un café où Marguerite demande une première fois “ Un Coca‑Cola ”, puis une seconde “ Une menthe à l’eau bien verte avec des glaçons ”, que tout s’est joué pour elle et pour Sélim. Le café d’une petite ville de province où, comme dans les bistrots de gare, les passants déposent un peu de leur vie au comptoir avant de repartir. Après l’avoir enlevée à bord de “ la camionnette Peugeot bleue ”, Sélim l’a emmenée dans  “ un hôtel, une pension, plutôt, qui ressemble à une maison avec des chambres. ” “ Une chambre au bord de la falaise. La fenêtre ouvre sur la mer. Ils n’ont pas dormi. ”

Sélim n’est pas mort dans le cœur de Marguerite, dans la flamme légère de l’oranger contre la maison, dans la bienveillance de Gisèle pour son amie. Il n’y a pas de fin à cette histoire car les dés sur le comptoir ne cesseront jamais de rouler d’une main à l’autre et les femmes et les hommes de se raconter leur vie au comptoir de cuivre des bistrots.

 

“ Pendant sept années, Marguerite a aimé Sélim, et Sélim a aimé Marguerite.

L’oranger a grandi dans la serre.

Pour les poivrons et les tomates de Sélim, Marguerite a sacrifié quelques rosiers. ( … )

Gisèle est partie à l’étranger avec son mari et sa famille, elle revient dans deux ans. Elle lui écrit souvant et dans ses lettres, elle lui rappelle la folie de l’enlèvement. Elle dit qu’elles ont été folles mais qu’elles ont eu raison, Marguerite surtout. ”

 

L.S. : Marguerite et son amie Gisèle représentent ces femmes curieuses, attentives et bienveillantes, comme il en existe, des sœurs complices qui ne voient pas l’Autre comme d’abord inférieur. Elles ont besoin l’une de l’autre, c’est une amitié qui les aide à vivre, à se raconter, à rire et à pleurer.

 

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 23:04

Le pacte de l'oranger suite...

L.S. : Le beau‑père comme Marguerite, accueille l’étranger. Discrétion, dignité, droiture et courage au travail, il apprécie ces qualités du saisonnier et sa manière de parler. Ce “ pacte de l’oranger ” scelle une amitié entre les deux hommes : le Marocain donne à connaître l’oranger de son pays, au paysan français qui ne l’a jamais vu, le Français recevra l’arbre dans sa terre, son bien le plus précieux. On retrouvera l’oranger, l’offrande du Sud au Nord, le don d’un fragment de son pays, où Sélim voudrait construire une maison pour Marguerite, don d’amour, de ferveur, de fidélité.

L’oranger de Sélim dans le jardin de Marguerite scelle l’amour des deux étrangers l’un à l’autre unis “ pour toujours ” dans l’amour et la mort.

 

Après la mort de Simon Marguerite vit seule, un de ses fils a “ devancé l’appel ” et “ il est parti à l’étranger ”. Son camp est installé dans un lieu désertique “ il n’y a pas de terre, pas d’eau, pas d’arbre, pas d’herbe, rien, rien… ” A nouveau, de la même manière qu’avec Simon, l’Afrique a pour elle une résonance de guerre et de mort. Peu à peu les images du pays où vit son fils l’entourent, la cernent d’un halo brumeux et doré comme s’il s’agissait d’un mirage de la soif… “ elle a renvoyé un Instamatic au soldat de ‘ l’Outre‑mer ’… Désormais Marguerite voyage à travers les lettres attendues, les lettres reçues et envoyées.

“ Comme les enfants sont loin d’elle, ils écrivent, heureusement. Les jours sans lettres d’eux, Marguerite, comme si elle ignorait que le facteur ne passe qu’une fois par jour, va fouiller la boîte à lettres où le facteur n’aime pas mettre le courrier parce que la fente est trop étroite. ” Avec son amie Gisèle “ dont le pavillon jouxte le sien ”, Marguerite partage le quotidien d’une vie “ où on connaît rien, où on voit jamais personne ” avide d’un de ces riens justement, qui pourrait transformer l’existence pour un instant à la manière des mots des romans. Lorsque le fils blessé la rappelle à cet ailleurs qu’elle n’a pas cessé de désirer, Marguerite a déjà fait le choix d’oser rencontrer vraiment l’Afrique à travers Sélim le colporteur. Le coup de dés est jeté qui décidera de l’amour ou de la mort.

 

L.S. : L’un des fils de Simon reproduit le destin du père mais l’ayant choisi ( comme dans la nouvelle du recueil Le baiser : “ Monologue du soldat ”, où le fils de harki algérien élevé en France dans un hameau forestier, s’engage dans les Casques bleus en Bosnie, mais lui déserte pour ne pas se tromper de guerre comme son père ).

        Le fils de Marguerite et Simon se retrouve en Afrique où il “ attend ” une guerre qui ne vient pas. Il a choisi un pays étranger, lointain, pensant ainsi échapper à la médiocrité du destin paternel.

Marguerite ne veut pas rester dans l’ignorance du pays de vie du fils, comme elle l’a fait avec Simon pour l’Algérie. Elle cherche à voir, à savoir, à comprendre, elle parle par l’image et les livres à ce fils qu’elle ne veut pas perdre comme elle a perdu Simon et son fils lui parle aussi. Mais à son retour, le fils refuse de voir sa mère à cause de “ l’Arabe ”. On retrouve Simon dans l’attitude du fils. Marguerite ne renonce pas à son désir, cela ne l’empêchera pas de vivre avec Sélim.

 

L’Afrique pour Marguerite va prendre soudain une forme inattendue… Celle des commerçants africains des marchés où elle découvre du pire au meilleur, les objets de “ là‑bas ” mêlés au bazar le plus hétéroclite. Sensible aux couleurs criardes ou plus tendres, aux odeurs épicées et baroques, aux amoncellements de laine et de soir des tapis, aux mélanges de matières brutes ou raffinées, bois patinés et rugueux, peaux rousses et crèmes, ambres et lapis‑lazulis, Marguerite aurait été emportée par les oranges allumées telles des lampes au centre de la toile d’Alphonse Germain‑Thill représentant le Marché de la rue Randon à Alger. Le blanc ocre ou légèrement bleuté qui les entoure ressemble à une nappe posée sur le trottoir.

 

“ Quand elle va au marché, elle remarque les jeunes Africains qui vendent des objets en bois, en lézard et en plastique qu’elle n’a jamais eu l’idée de regarder. Son fils a stationné chez eux, ils sont ici, elle pense à l’enfant mascotte, ils ne sont plus des étrangers. Dans la cuisine, à côté de la gazinière, elle a affiché une carte de l’Afrique, elle l’a colorée en rouge. Elle n’ose pas leur parler. Plusieurs fois elle s’est approchée de leur étal, mais dès qu’ils avancent vers elle, elle s’en va. ”

 

C’est grâce aux marchés que Marguerite va rencontrer Sélim le colporteur, Sélim avec lequel elle fera enfin les voyages imaginés jusqu’ici et qu’elle verra pour la première fois la mer. Sélim qui associera pour elle délicieusement le rouge des poivrons et des tomates, l’orange des orangers, et le bleu‑noir de l’océan…

 

“ Au fond du jardin, Gisèle étend le linge seule, plus vite que d’habitude, puis elle s’assoit sur l’herbe, à l’ombre d’un drap de lit, pour lire la carte de Marguerite :

‘ Chère Gisèle,

Tu ne me croiras pas si je te dis que pour la première fois de ma vie je vois la mer, l’océan, au bout de la Loire. Toi, tu as voyagé, moi, jamais jusqu’à présent. J’ai vu Paris, j’ai vu la mer. Je suis heureuse. Ne t’inquiète pas, je reviens. Je n’oublie pas mes enfants. Ta Marguerite. ”

 A suivre...

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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 23:14
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Telle une lumière pour les nations

 Jeudi 26 novembre 2009

 

Gilad Atzmon

The Palestine Chronicle

 

Si nous sommes préoccupés par la paix et si nous voulons la faire prévaloir, alors ce que nous devons faire, c’est nous éloigner autant que nous le pouvons de toute affiliation spirituelle, idéologique, politique et militaire avec le sionisme, avec Israël et ses lobbies.

 

“ Israël est la lumière sur les nations ” selon la Torah. En effet il l’est, et ce n’est pas juste parce que la Torah le dit. Israël devance tout le monde dans bien des domaines. Prenez par exemple, le terrorisme sur les populations civiles et l’usage de certaines tactiques parmi les plus ravageuses en vies humaines de vieillards, de femmes et de jeunes.

Le Jerusalem Post indiquait hier que le président de la Commission militaire de l’OTAN, l’amiral Giampaolo Di Paola, était venu en Israël en début de cette semaine pour étudier “ les tactiques et les méthodes des Forces de défense israéliennes que la coalition militaire pourrait utiliser dans sa guerre en Afghanistan. ” Un haut fonctionnaire israélien de la Défense a ajouté, “ La seule chose qu’a à l’esprit l’OTAN actuellement, c’est comment gagner en Afghanistan... Di Paola a été très impressionné par les FDI, qui sont une source majeure d’informations en raison de notre expérience opérationnelle. ”

Je voudrais conseiller aux deux, au fonctionnaire israélien et à l’amiral Di Paola, de refréner quelque peu leur enthousiasme. Les FDI n’ont pas gagné une seule guerre depuis 1967. C’est vrai, elles ont assassiné de nombreux civils, elles ont rasé de nombreuses villes, elles ont affamé des millions de personnes, elles ont commis des crimes de guerre, quotidiennement, pendant des décennies et pourtant, elles n’ont pas gagné de guerre. Alors, les FDI ne peuvent pas vraiment apprendre à l’OTAN comment gagner en Afghanistan. Si les généraux de l’OTAN sont assez stupides pour suivre les tactiques des FDI, comme les généraux israéliens ils vont commencer de voir les accusations de crimes de guerre leur tomber dessus. Ils pourraient même, avec un peu de chance, partager leurs cellules avec certains Israéliens le moment venu, quand la justice aura été rendue.


L’amiral Di Paola a passé deux jours avec le tristement célèbre chef d’état-major des FDI, le général Gabi Ashkenazi, l’homme qui a commandé les FDI à Gaza en décembre dernier.

Dans l’Etat juif, ils étaient très enthousiastes avec la visite de l’amiral Di Paola. Ils l’ont juste perçue comme une nouvelle réaffirmation du “ les affaires, comme d’habitude ”. La venue du dirigeant suprême de l’OTAN est tombée à point pour les convaincre que personne ne s’attardait sur le rapport Goldstone. “ La venue de Di Paola est significative ” selon le Jerusalem Post, “ car elle intervient à un moment où les FDI sont de plus en plus critiquées après le rapport Goldstone sur l’opération Plomb durci et après la décision de la Turquie - qui est membre de l’OTAN - d’interdire à Israël de participer aux exercices aériens communs. ”

Toutefois, il serait essentiel de s’étendre sur les intérêts mutuels qui apparaissent entre les deux parties, Israël et l’OTAN. “ Au cours de leur réunion de mercredi, Ashkenazi et Di Paola ont discuté de la manière d’améliorer les liens militaires Israël/OTAN, et du projet de faire participer un navire de la marine israélienne dans l’opération Active Endeavor, une mission de l’OTAN créée après les attaques du 11 Septembre dans le cadre duquel les navires de l’OTAN patrouillent en Méditerranée pour prévenir tout trafic illicite du terrorisme. ”

 

C’est en effet, pour les Israéliens, une réorientation nécessaire, au moment où les navires israéliens opèrent en Méditerranée comme une bande de Pirates yiddish ( Yidisshe Piraten ), agressant, détournant et dévalisant des navires dans les eaux internationales. Dès qu’ils pourront opérer sous pavillon de l’OTAN, les Israéliens seront en mesure de terroriser tout navire en haute mer, au nom de l’ “ Occident ”. Pour l’Etat juif, ce serait une avancée majeure. Jusqu’à maintenant, les Israéliens ont commis leurs atrocités au nom du peuple juif. Une fois qu’ils opèreront sous pavillon de l’OTAN, les Israéliens pourront pirater au nom de l’ “ Europe ”. Une telle évolution serait une preuve supplémentaire de la transition spirituelle et idéologique, au sein du Sionisme, de la “ terre promise ” à la “ planète promise ”.


Alors que les Israéliens ont désespérément besoin de la légitimité de l’OTAN, l’OTAN est de loin plus modeste. Il n’a besoin que de la connaissance et des tactiques. Pour une raison quelconque, il insiste pour apprendre des Israéliens comment infliger des souffrances à une population civile. C’est-à-dire, plus de souffrances qu’il n’en a déjà infligées. “ D’après les officiels de la défense de l’OTAN, Di Paola a utilisé ses réunions avec les FDI pour s’informer sur les technologies qui peuvent être appliquées pour la guerre en Afghanistan ”.

Le Jerusalem Post rapporte qu’Israël est “ un leader bien connu dans le développement des blindages spécialisés contre les engins explosifs improvisés ( EEI ), autrement dénommés, bombes sur le bord de la route. ” C’est en effet le cas. Les généraux israéliens ont compris depuis longtemps que leurs chers jeunes soldats préféraient se cacher dans leurs chars d’assaut plutôt que d’affronter “ l’ennemi ”, c’est-à-dire la population civile, les gamins, les personnes âgées, et les femmes. Mais cela ne s’arrête pas là, Di Paola était également intéressé par “ les capacités israéliennes à collecter les renseignements et par les méthodes utilisées par les FDI lors de leurs opérations dans les centres urbains ”. Di Paola a noté que “ l’OTAN et les FDI étaient confrontés aux mêmes menaces - l’OTAN en Afghanistan et Israël dans sa guerre contre le Hamas et le Hezbollah. ”

 

Je voudrais suggérer à l’amiral Di Paola de lire sans attendre le rapport Goldstone à fond, pour qu’ainsi il se rende compte des conséquences juridiques qu’impliquerait, pour lui personnellement, de se mettre à appliquer les “ tactiques israéliennes ”. Si l’amiral Di Paola veut servir son armée il a raison en effet de venir en Israël, pour y rencontrer tous les criminels de guerre tant de l’armée que de la politique, ainsi il saura exactement ce qu’il “ ne faut pas faire ”.

Les chances de l’OTAN de gagner la guerre en Afghanistan ne sont pas limitées, elles sont en réalité épuisées. L’OTAN ne peut que perdre. Certains analystes militaires et anciens généraux soutiennent qu’elle est déjà perdue. L’OTAN s’est livré à suffisamment de carnages contre le peuple afghan, sans même réussir à atteindre le moindre de ses objectifs militaires ou politiques. Etant donné qu’Israël s’est fait sévèrement humilié au Liban en 2006 par un Hezbollah paramilitaire minuscule et qu’il a échoué à réaliser ses objectifs militaires dans l’opération Plomb durci dans sa guerre génocidaire contre le Hamas, l’OTAN n’a rien à apprendre des Israéliens. Si l’OTAN poursuivait la mise en œuvre des tactiques des FDI, tout ce qu’il ferait serait d’en arriver à réduire de façon dramatique la sécurité à travers l’Europe et l’Amérique.

Si nous sommes préoccupés par la paix et si nous voulons la faire prévaloir, alors ce que nous devons faire, c’est nous éloigner autant que nous le pouvons de toute affiliation spirituelle, idéologique, politique et militaire avec le sionisme, avec Israël et ses lobbies. Si “ Israël ” est bien une “ lumière pour les nations ”, quelqu’un pourrait-il nous expliquer à tous pourquoi sa perspective de paix devient de plus en plus mince et sombre.

 

Ma réponse est toute simple. Israël peut être facilement perçu comme la “ lumière des nations ” tant que vous apprenez d’Israël ce qu’il ne faut pas faire. En fait, c’est le message que nous ont laissé les grands prophètes humanistes Jésus et Marx. Aime ton prochain, sois parmi les autres, transcende la tribu jusqu’au royaume de l’universel. En réalité, c’est exactement ce que les Israéliens ne parviennent pas à comprendre. Pour quelque raison, ils s’aiment presque autant qu’ils haïssent leurs voisins.

Si l’amiral Di Paola veut gagner les cœurs et les esprits du peuple afghan ( plutôt que “ gagner la guerre ” ), il lui faut d’abord apprendre à aimer. C’est quelque chose qu’il n’apprendra pas à Jérusalem ni à Tel-Aviv. Mais à Gaza, à Ramallah et à Naplouse, plus probablement.

 

Gilad Atzmon est écrivain et musicien de jazz, il vit à Londres. Son dernier CD : In Loving Memory of America.

 

Du même auteur :

 

-  Du fleuve à la mer

-  Un automne à Shanghai

-  L’IDF ou le scalpel d’Israël

-  Adhérer au Club Minyan de l’Aipac, moi ? Vous voulez rire ? Très peu pour moi

-  Le pétage de plombs d’Aaronovitch et la démolition du pouvoir juif

 

Londres, le 23 novembre 2009 - The Palestine Chronicle - traduction : JPP

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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 20:34

Le fils du coq blanc suite...

      Asikel a gagné la cour jonchée de figues entrouvertes que dévorent goulûment les lézards bleus. Leur ventre gonfle à mesure sous l'œil goguenard du coq blanc. Asikel a rejoint sa moitié de père qui gratte le sol. Le coq blanc mettait à nu tout un gisement de mosaïques qu'il réunissait en de petits monticules. Asikel s'est accroupi à côté de l'animal qui creusait… creusait... Terrassier des Cités abolies. Il a constaté que le trésor était fabuleux.

      - Tu as encore trouvé des morceaux de lune... Il a dit en ébouriffant les plumes du coq qui a secoué la tête énergiquement. Mais… cette fois-ci ils sont rouges... Et... il y a des signes écrits dessus... Peut-être qu'un jour nous saurons...

 

      Ecoute… écoute…

     N'daou vient de reposer le premier paquet de feuillets manuscrits de l'autre côté de l'assiette de lait de l'hérisson et il est très impressionné par l'histoire de Sinbad… du vieux Yahya et de M’mâ Zoulika. Sûrement que M’mâ Zoulika est une femme à histoires qui plairait à la vieille Nur. D'ailleurs c'est drôle que ces deux-là n'se soient jamais rencontrées…

      Dehors les gouttes d'eau de la pluie qui ont pris le parti d'intervenir font un bruit léger sur la tôle des baraques plus loin. Tip-tap… tip-tap… Et plus loin encore à travers la pluie sur des visages inconnus dansent les sirènes des ambulances qui ont retrouvé à la fois leurs pieds légers et leurs voix du fond des eaux. Inconnus de tous ceux qui se sont enfoncés dans l'eau du canal ce jour du 17 octobre 1961 mais pas d'elles… les sirènes qui se souviennent très bien de leurs noms qu'elles ont tracé sur un gros registre aux charnières rouillées. Mais qui sait où il est passé ?…

 

      A l'intérieur de la maison de l'arbre il est comme au creux d’un ventre où il fait humide et chaud et où une odeur châtaigne et lait caillé avance par petits bonds dans la bruyère rose et ocre rouge des tapis. C'est un endroit où personne ne peut venir faire le vide sans ménagements grâce au fantôme de son père Asikel qui le protège et à la présence piquante de l'hérisson. A droite au fond de la pièce il peut encore voir l'ombre dorée à la lueur de la petite lampe qui débusque les livres nichés sur des planches claires comme des oiseaux pour la nuit. N'daou se sent si loin de Blues Bunker et des autres qu'il pourrait rester là pendant des jours sans bouger.

 

      N'daou… ils m'ont appelé N'daou… Au fond je n'ai jamais su ce qui s'était passé avant mon existence dans le chenil. Ni comment la vieille Nur a retrouvé ma trace. Les autres à l’intérieur de la Cité ont les moyens de se défendre s'ils veulent. Ils ont des armes qu'ils planquent au fond de la chaufferie. Sous le ventre de l'énorme bête ronronnante les bouteilles de verre brisées et les crans d'arrêt font leurs dents contre le métal. Je sais qu'il y'a aussi des revolvers. Ça n'est plus le temps des paroles et pas encore celui de la révolte qui rasera les murs du Ghetto. C'est le temps de la haine limpide et des hérissons. Les hérissons quand ils font l'amour ils peuvent pas se toucher sans se blesser. C'est pas facile d'être un hérisson…


         Ce lieu volé aux marges… aux restes… est un retour vers mes origines. Mon vaisseau envergué de salive. Je ne voudrais pas occuper un territoire usurpé. Ce squatt me va bien. Il est une main ouverte où je voyage. Ma maison me ressemble. C'est une jumelle de chiffons d'où sortiraient des museaux d'arbres qui s'accrochent comme moi aux griffes creusées par la plume sèche… aux taches et aux ratures. A tout ce qui est  corrigé par une écriture rouge et qui cherche à la prendre en faute… Ma maison… elle sait que je suis avant tout un étranger.

 

      Ecoute… écoute…

      Quand je suis rentré ce soir j'ai frappé plusieurs fois dans mes mains pour chasser les démons qui me guettent sous les tapis. Je suis vraiment un minable trouillard. Si seulement la voyeuse fantômale posait ses mains de laine sur mon cou. J'aimerais bien une petite fiancée… Je suis rentré soudain et le chat Aladin n'était pas là. Bien entendu… Il se fout pas mal des démons du désert le chat Aladin.  Issu de cérémonies bien plus lointaines les démons ne peuvent rien contre lui. Chaque soir ça recommence… Le désert de mon père Asikel me saute aux yeux… raïnî… mon fils… qu'attend-il de moi au juste ?…

      En face de ma porte le fennec rouge me dévisage. Un long rouleau de vent étend sa fourrure entre les poubelles de plastique poudrées de sable gris. Le fennec rouge est un compatriote mal logé comme moi. Son terrier tenu bien propre s'enfonce dans la bouche d'égout où les chiens ne pourront le rejoindre. A l'intérieur musarde un goulot de bouteille menaçant. Le fennec rouge me regarde avec bonté. J'hésite durant des minutes insupportables entre ses petits yeux noirs fixes et doux et la cruauté acérée du verre. Ici y a les deux… il faudra choisir…

      A peine rentré dans le ventre de la maison la figure imaginée de l'homme-silence tailladée au rasoir me saute dessus. Il ne me laisse même pas le temps d'enlever mes chaussures… J'avale une grosse boule de poils poisseuse de sang. Je recrache à chaque fois que j'écris l'histoire d'un homme au ventre lisse comme une fille après le passage des godasses sans lacets sur son sexe. Mais le vent d'ici a arraché la page à chaque fois que j'ai voulu l'écrire. Jetée par la fenêtre. Page lavée livrée aux goémons de l'oubli. Pourquoi ?…

      - Et à quoi ça servirait que tu saches ?… elle me dit la vieille Nur. Y a des choses qui n'font que du mal… mieux c'est de les laisser s'en aller…

       Quand même… si je connaissais ma date de naissance je cesserais de me dire que…

      - C’est ton histoire que tu dois inventer… Tu es un fils du Ghetto ça te suffit pas ?… La haine ça fait les hommes petits mon fils… Nur elle n’arrête pas de me répéter…


      Je vacille. Ma maison de paroles me berce dans le somptueux brasier des papillons. Les chaussures sont couchées sur le tapis de fleurs rouges. Incandescence coquelicot sous la peau de mes talons sèche et craquelée. Pourtant la chaleur ne me rejoint pas. Ne me rejoint pas… Malgré le froid je déboutonne ma chemise. Je serre de toutes mes forces dans mon poing le sceau d'agate suspendu à mon cou. Sur le cylindre de pierre est gravé le nom de mon totem. Il est le souffle de mes serpents. Ma haine de silex. Tout ce que je ne sais pas être encore. Mon innocence et ma mémoire. Mon secret d'il y a longtemps comme celui que garde la petite statuette d'argile modelée par les femmes au bord du fleuve.

     Je n'ai jamais su lire les signes. Je n'ai jamais su quelle part de mon histoire ils racontaient. C'est M’mâ Yao parce qu'elle est d'Afrique aussi qui pourrait me le dire. Déjà quand je la croise avec son couffin de linge sur la tête et l'enfant kangourou dans son dos elle prononce des phrases avant de repartir en chantonnant. Des phrases qui me permettront peut-être de déchiffrer la légende d'Asikel que je ne connais pas…

 A suivre...

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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 23:42

Lune bleue

Mardi, 6 décembre 2005

 

A Louis

 















Quand on dort tous les deux il y a

Une lune bleue sur notre oreiller

Il ne faudrait pas la réveiller

Un gardien rebel veille par là-bas

Comme sur les kakis quand il gèle

Sur son sommeil Tout peut mourir sauf elle

Elle est la prêtresse des chats mouillés

Par la rosée qui ne vieilliront pas

Il y a quand on dort tous les deux

Sur notre oreiller une lune bleue

 

Plein de cavaliers cherchant une issue

Pavots perdus dans les champs de blé

Parmi les bouts de verre de couleur

Trésor par les fabriques rassemblé

De nos terrains vagues vitraux en fleurs

Ce sont des lieux étranges remplis de

Marchands d’écureuils et de pardessus

Notre chambre ressemble à un lavoir

Où le savon mousse pétille et puis

Les cavaliers entrent dans l’entonnoir

Pressés ils deviennent un jus rubis

Qu’on boit en dormant élixir extra

Liqueur qui fait dérailler nos nuits

 

Quand on dort tous les deux il y a

Une lune bleue sur notre oreiller

Il ne faudrait pas la réveiller

Ça serait la fin de l’histoire là

Du gardien rebel Des kakis gelés

Et des écureuils et des pardessus

Qui jouent aux échecs contre les miroirs

Le roi peut mourir c’est une autre histoire

Les verres de couleur éparpillés

Sont vitraux en fleur où nos peurs s’égarent

Et les cavaliers leur tirent dessus

 

Il y a quand on dort tous les deux

Sur notre oreiller une lune bleue

Des jardins envahis de potirons

Dedans les chats mouillés font leur maison

On quête les noisettes rien du tout

C’était la fête Qui les a croquées ?

Les écureuils les pardessus jaloux

Contre un tournesol qui les a troquées ?

Le facteur fait son enquête la rue

A disparu Dehors les chalands vont

Avant les moissons cueillir des chardons

Pour carder la laine des cache-col

Que les hirondelles tissent au vol

 

Quand on dort tous les deux il y a

Une lune bleue sur notre oreiller

Oh attention ! Elle s’est réveillée

Le gardien rebel a fait pour dîner

Une compote de kakis gelés

On a plus sommeil et les chats mouillés

Repassent les pétales de rosée

Les vitraux en fleur oubliés là

Par les fabricants de peurs aux abois

Pavots maquillés d’éclats de couleur

Que leur jus rubis tache nos doigts

Avides glaneurs dans les champs de blé

De notre trésor au passé voleur

 

Eh oui la lune bleue s’est réveillée

Princesse elle s’étire Les draps blancs

De notre chambre lavoir pétillant

Lui tendent un ciel de noces têtu

On les a faits bouillir les a battus

Couverts de roses et de chats mouillés

Dans notre chambre lavoir le printemps

Mousse et pétille clair Part en goguette

Dans le pressoir les pavots font la tête

Leur jus rubis noie nos peurs et les tue

Les écureuils son saouls les pardessus

Voudraient en faire autant mais il est temps

 

 Il y a quand on dort tous les deux

Sur notre oreiller une lune bleue

Princesse elle réclame une omelette

En baillant fort aux étoiles vraiment

Par la fenêtre s’en vont les chalands

Le bruit de leur pas court comme le chant

Des battoirs très lourds sur les draps de fête

On est réveillés tous les deux Voilà

Que la lune bleue vient d’appareiller

Le gardien rebel Les kakis gelés

Ont fait pareil Les chats mouillés sont là

Vêtus de bouts de verre de couleur

Notre trésor nous reste maraudeur

Le vieux terrain vague est notre oreiller

Et la cité notre chambre fidèle

On y dort tous les deux Tout peut mourir sauf elle.

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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 23:11

Le fils du coq blanc suite...

Au creux de la bouche d'oreille des femmes l'étranger qui est entré un soir dans le village et en est ressorti un autre soir était la mort... el muth...

Mais il y en avait d'autres pour murmurer que l'étranger était certainement un prince de la lointaine Arabie de l'encens et des aromates. Il revenait les nuits de lune verte. Sur le cheval qui ne marque pas le sol de ses pieds. La chevelure rouge de la femme s'était nouée à ses chevilles. Nur… elles l'appellent la fille du diable. Nur… pour qui  Asikel contait. Rien que pour elle et pour le coq blanc.

Comment cerné d'un tel halo de brumes rousses et de créatures mystérieuses l'enfant-gazelle serait-il semblable aux autres ?

- Ce que tu viens de me dire Asikel… c'est que tu ne veux pas nous lire  cette histoire que tu as écrite sur ton cahier… Et que tu ne veux pas non plus nous dire d'où tu la tiens ?

- Non mualem... non… il ne faut pas...

Aucune des pierres du mur ne raconte à l’habitant par quel moyen elle a trouvé sa place dans la maison… pourtant... les pierres parlent... qu'il disait le sorcier. Asikel attend le châtiment en tâchant de rester digne. Le mualem a refermé le cahier avec le sourire de quelqu'un qui vient de découvrir l'issue du souterrain qui le gardait captif.

 

Ecoute… écoute…

- Dis-moi Asikel… peux-tu nous expliquer comment on récolte le miel des ruches-tronc ?

- Oui mualem… c'est très facile... d'abord on doit aller recueillir toute la paille des lavandes qu'on peut trouver dans les champs après les mains des femmes...  et sur le bord des haies quand les ânes qui mâchent ce qui peut se mâcher ont eu une poussière dans l'œil... On peut aussi prendre d'autres pailles que celle là...  mais c'est celle là qu'il faut… à cause de l'odeur...

Et dans la bouche d'Asikel l'oiseau parlait… parlait...

- Arrête mon fils… arrête avec cet oiseau que tu as dans la bouche... qu'elle disait la mère d'Asikel en frappant ses mains l’une contre l’autre et en secouant les khal khal de ses chevilles… Arrête… tu me fais mourir...

Et Asikel parlait… parlait... Trois grains de blé vert dans la terre de son cœur. Trois pépites d'ambre dans l'eau de ses yeux. Mais ce n'était que le chant de la flûte qui endormait les rats.

 

Baisers de l'oasis et du sable. Tout ce qu'il restera de leur étreinte. Une graine de palmier se cachera à l’intérieur de ton ventre. Nur la fille du diable chantait en triant les amas de laine déjà teinte. Indigo pour la main gauche. Qu’elle séparait de celle encore vierge. Ecru pour la main droite. Elle noyait ses bras jusqu'aux épaules. Odeur âcre de suint et des poussières de paille. Comme ses cheveux la laine était mûre. Pourvu qu'Asikel ne grandisse pas trop vite…

Pourvu qu'il ne devienne pas un homme… L'étranger avait apporté les écheveaux de laine qui s'étiraient et se pelotonnaient semblables à de grands lézards sur ses genoux. Afin qu'elle tisse pour lui des burnous et des couvertures. Etait-il un marchand ou un diable ? En tout cas il apportait la laine… Et il payait bien…

Brin de laine écrue… brin de laine indigo… Poussière dans l'œil des ânes. L'odeur de lavande dans la tignasse-tournesol d'Asikel qui croit être le fils du coq blanc. Après il n'y a plus qu'à enfiler la laine sur les flancs de bois. Et les mains de la déesse tisseront… tisseront… Ainsi elles ont tissé son fils à l’intérieur de son ventre. Fil indigo… fil écru… tip-tap... tip-tap… Tu seras beau mon fils dans ton cocon de laine… Surtout ne coupe pas le fil… Ne deviens pas un homme ma chrysalide…

   Ne deviens jamais le papillon blanc.

A suivre...

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 23:26

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Israël .. L’armée sous la domination des religieux

 Samedi 14 novembre 2009

 

Saleh Al-Naami

 

Les programmes, enseignés dans les écoles religieuses organisées au sein de l’armée, sont racistes et forment les soldats à être les plus féroces pour tuer les Arabes, écrit Saleh Al‑Naami.

 

La conférence annuelle tenue par des officiers supérieurs de l’armée israélienne et présidée par le chef d’état-major Gabi Ashkenazi, a récemment eu lieu dans une base militaire dans le centre d’Israël et a été suivie par tous les officiers de grade de lieutenant-colonel ou supérieur.

L’écrasante majorité des officiers ayant assisté à la conférence font partie du courant religieux sioniste ; un reportage diffusé par les chaînes de la télévision israélienne de cette réunion montrait une pléthore d’officiers supérieurs portant une kippa crochetée, ce qui a poussé le chef du renseignement militaire israélien, le général Shlomo Gazit, à déclarer : ces images prouvent que “ l’armée israélienne est tombé sous l’emprise des religieux sionistes. ”

L’éruption du courant sioniste religieux aux postes de direction dans l’armée et dans les unités d’élite militaire à conduit à une vive polémique en Israël concernant la répercussions de ce phénomène sur l’avenir de l’Etat sachant que les religieux sionistes ne représentent que 8% de la population juive en Israël, tandis que les adeptes du courant religieux ultra-orthodoxe ne constitue que 22% de la population, ces derniers ne sont pas mobilisables dans l’armée et sont exemptés du service militaire afin de leur permettre la poursuite des études à temps plein dans les écoles religieuses.

Le différend entre les religieux sionistes et les religieux orthodoxes réside dans la justification de la création de l’Etat d’Israël. Au début, le courant religieux orthodoxe, s’est opposé à la création d’Israël qui, selon lui, ne pourra intervenir que lors de la venue du Messie, alors que le courant religieux sioniste considère que la création d’Israël est une condition de la venue du messie et non le contraire.

C’est pour cette raison que les religieux sionistes se sont engagés dans les différentes institutions de l’État, en particulier l’armée, alors que les religieux orthodoxes ont accepté Israël comme un fait accompli.

 

Données significatives

 

Selon les chiffres publiés par le ministère de la défense en 2008 : 60% des officiers des unités de combat, 70% des brigades d’infanterie et 75% des unités spéciales sont des religieux sionistes.

L’ancien vice-chef d’état-major, Dan Harel, affirme que les sionistes religieux, dirigent la plupart des bataillons et des brigades d’infanterie, à savoir : les brigades Hnahal , Golani et Givati. Les religieux sionistes monopolisent totalement la direction des unités d’élite de Sayeret Matkal, Eyjoz, Samson et Dokhaevat, ainsi que le contrôle des unités d’élite de la police israélienne YASAM.

L’ancien commandant de la région du nord dans l’armée israélienne, Moshé Kaplinski prévoit le contrôle, par les religieux sionistes, de tous les organes de l’armée au cours des deux prochaines décennies si leur engouement vers les postes de direction perdure.

Les adeptes du mouvement religieux sioniste ne se sont pas contentés de courir derrière le contrôle de l’armée, ils se sont aussi rendu compte de l’importance d’investir le service de renseignement interne ( Shabak connu sous le nom de Shin Bet ), considéré comme l’organe le plus influent dans la prise de décision dans l’État juif.

L’ancien président du Shabak, Perry Yaakov, indique que la plupart des responsables du Shabak sont des religieux, sachant que l’actuel vice-président du Shabak, désigné par “ A ” est aussi un religieux sioniste et il est le plus probable remplaçant du président de l’agence du contre-espionnage, Yuval Diskin.

 

Les motivations pour rejoindre les unités de combat

 

Jusqu’au début des années quatre-vingts, la proportion des sionistes religieux dans les instances dirigeantes de l’armée était faible. Jusqu’à cette période, les membres des kibboutzim qui étaient laïques contrôlaient d’une manière exclusive les postes de direction, à tel point que l’appartenance au kibboutz signifiait l’appartenance aux unités d’élites, Moshe Dayan , Yitzhak Rabin, Moshé Ya’alon, Amnon Lipkin-Shahak, Uri Ssagyh et d’autres généraux venaient de kibboutzim .

Mais depuis cette époque il y a eu un retournement important de la situation et la proportion des personnes provenant des kibboutzim rejoignant les unités de combat a considérablement diminué en raison de la désillusion de ces derniers sur “ le devoir de se sacrifier pour l’Etat ”. A la différence du mouvement sioniste religieux qui, lui, a incité ses partisans à s’engager dans des brigades et des unités spéciales. Si le service militaire est obligatoire en Israël, l’armée ne force pas les soldats à rejoindre les unités de combat et chaque nouvelle recrue au sein de l’armée choisit elle-même l’unité qu’elle souhaite intégrer.

Les autorités du mouvement sioniste religieux n’ont pas caché leurs motivations derrière l’incitation de leurs membres à rejoindre les unités de combat et à s’accaparer des postes de direction dans l’armée, plusieurs rabbins de premier plan ont affirmé que cette approche vise à renforcer leur contrôle sur l’armée, car cela constitue une garantie importante pour ce courant d’avoir un impact sur la prise de décision dans le pays, et de ce fait, leur influence sera beaucoup plus grande comparée à leur proportion dans la population totale.

Le rabbin Abraham Shapira, chef de file de ce mouvement, a émis une fatwa dans les années quatre-vingts qui considère que “ la mobilisation dans des unités de combat est un sacrifice pour dieu ” et que “ le service militaire et l’esprit combatif sont imposés par Dieu pour diriger le projet sioniste ”.

 

Foyers du terrorisme

 

Afin d’assurer à leurs fidèles de préserver les valeurs religieuses durant leur service militaire, les responsables religieux de ce mouvement ont réussi à conclure des accords avec les dirigeants de l’armée afin de créer des institutions religieuses permettant à des officiers et à des soldats religieux de bénéficier d’études religieuses durant leur service militaire et des instituts connus sous le nom Yeshivat Hesder furent crées. Jusqu’à présent, 42 instituts de ce type ont vu le jour, le plus important et le plus grand est l’institut Mercaz Hrab dans Jérusalem occupée.

Bien que c’est l’armée qui finance la création de ces instituts et paye les salaires les rabbins qui les dirigent, ce sont les sionistes religieux qui ont un contrôle absolu sur ces écoles. En raison de l’extrême importance de ces écoles pour le courant sioniste religieux, leur gestion est confiée aux plus grands rabbins et d’autres personnes connus pour leur extrémisme radical.

 

Les programmes enseignés dans ces écoles sont des programmes racistes et forment les soldats pour être les plus féroces pour tuer les Arabes.

Le rabbin Shmuel Rosen, président de l’Institut religieux militaire à Maale Adumim, a déclaré enseigner à ses étudiants ( soldats et officiers ), la fatwa “ Amalek ” émise il y a deux années par le Rabbin Mordechai Eliyahu, président de l’institut Tsomet et grande référence religieuse juive. Cette fatwa émise en mars 2008 et qui a reçu un large succès appelle à l’application de la loi dite des “ Amaleks ” sur quiconque voue une haine à Israël. Cette loi appelle à tuer les hommes, les enfants, les nourrissons, les femmes, les vieux et même les animaux : “ Tuez tous les Amaleks, tuez-les et dépossédez-les de leurs biens, n’ayez aucune pitié d’eux. Tuez-les les uns après les autres. Ne laissez aucun enfant, aucune végétation, tuez leur bétail, du chameau jusqu’à l’âne. ”

Eliyahu considère les Palestiniens comme les “ Amalek ” de ces temps sur lesquels doit s’appliquer cette loi.

Plusieurs fatwa racistes ont été émises par les directeurs de ces écoles ; ainsi, le rabbin Shlomo Riskin, directeur de l’Institut militaire de la colonisation religieuse Shomron Krnih dans le nord de la Cisjordanie, a émis une loi pour rendre licite le pillage des récoltes d’olives palestiniennes et l’empoisonnement des puits d’eau.

Le Rabbin Iiezer Mlmid, Directeur de l’Institut religieux militaire dans la colonie Tafouh, au sud de Naplouse, a édicté une fatwa à ses étudiants les autorisant à voler les récoltes agricoles des palestiniens, au motif qu’ “ ils font partie des goys. ”

 

La guerre à Gaza comme exemple

 

On ne peut pas comprendre la brutalité de l’armée israélienne dans sa guerre criminelle contre la bande de Gaza sans tenir compte de la nature de la composante humaine des brigades et des unités militaires israéliennes qui ont participé à cette guerre.

Bien qu’il existe des instructions précises du commandement de l’armée de l’adoption de la stratégie de la “ terre brûlée ” pendant la guerre, on ne peut pas ignorer le fait que toutes les brigades d’infanterie qui ont participé à la guerre, à l’exception de la Brigade des Parachutistes, étaient dirigées par des généraux qui sont des sionistes religieux, justement ceux qui subissent un fort endoctrinement raciste.

Le journal israélien Ha’aretz a révélé que les écoles rabbiniques ont distribué aux soldats une fatwa émise par le rabbin Shlomo Avner, directeur de l’école extrémiste Kohnim Attiyrat dans Jérusalem, demandant la mise à mort des Palestiniens.

Au même moment, le rabbin militaire en chef, le général de brigade Avi Ronzki accompagné de rabbins extrémistes, a rendu plusieurs visites aux soldats durant la guerre au cours desquelles, il a exhorté les soldats à tuer les Palestiniens, soulignant qu’il n’y a pas de civils parmi eux.

Selon le journaliste israélien Amos Harel, citant un des soldats qui ont participé à la guerre, le rabbin de Safed Eliahou Saül , a fait un certain nombre de sermons aux soldats pendant la guerre, les exhortant à “ tuer des Palestiniens sans aucune compassion. ”

 

Garantie de la poursuite du conflit

 

Les enjeux du courant sioniste religieux actuel est de pousser ses partisans à accéder à des postes-clés dans l’armée et dans les établissements de sécurité afin d’influencer les décideurs du pays.

Bien que le gouvernement soit l’organe décideur officiel, il est d’usage en Israël que la décision politique soit subordonnée à l’avis des militaires et des services de sécurité avant toute prise de décision importante. Cette influence prépondérante des militaires a amené Dan Kertiser, ancien ambassadeur américain à Tel - Aviv, à déclarer que “ le chef du Shin Bet est le dirigeant de facto d’Israël. ”

Il est bien évident que si les adeptes du courant sioniste religieux continuent à rafler les postes de direction dans l’armée et la sécurité, les conseils qu’ils fourniront aux politiques seront largement influencés par leurs positions religieuses.

Par exemple, l’ancien ministre israélien de l’Education, Yossi Sarid, a accusé l’ancien directeur du Collège de défense nationale de l’armée israélienne, le Général Yaakov AmiDror sioniste religieux, d’avoir “ fabriqué ” selon sa ligne politique des évaluations stratégiques et de les avoir fourni au gouvernement ; il a ajouté que Dror avait dépassé le cadre de sa fonction pour convaincre les membres du gouvernement de l’inutilité des négociations avec l’Autorité palestinienne, la Syrie et le Liban.

D’autre part, les partis israéliens se font la concurrence dans le recrutement des généraux qui partent à la retraite dans leurs listes électorales, ce qui ouvre la voie aux sionistes religieux dans plus de participation aux prises des décisions politiques. Plus le nombre de hauts gradés religieux sionistes partant à la retraite est grand, plus leur influence sur la décision politique augmente. Ce qui signifie que la course des religieux sionistes vers des postes clés dans l’armée sera un facteur supplémentaire de l’échec des chances pour parvenir à un règlement politique du conflit.

Etant donné que la force de contribution des adeptes de cette tendance à l’effort de guerre dépasse celle de n’importe quel autre courant, les chefs religieux et les élites intellectuelles de ce mouvement exigent du gouvernement une oreille attentive et une prise en compte de leur position. Les religieux sionistes ne cessent de rappeler leur forte contribution dans la deuxième guerre du Liban, en mettant en parallèle le nombre de soldats tués dans cette guerre de la colonie Eli, ville de sept cent colons où habitent des adeptes de ce courant, qui est égal au nombre de soldats tués de Tel-Aviv, une ville de plus d’un million d’habitants.

 

Atteinte à la démocratie

 

Il est clair que le contrôle des adeptes du courant religieux sioniste de l’armée à des effets profonds sur la nature du régime en Israël, et entraînera l’érosion de la vie démocratique dans ce pays. Bien que l’une des caractéristiques d’une démocratie est que la hiérarchie militaire est sous les ordres du gouvernement élu, les partisans de cette tendance placent la loi de la Torah au dessus de toute autre loi y compris les lois émises par le gouvernement élu en Israël.

Quand un journaliste a demandé au rabbin le général Rontski “ Si le gouvernement élu vous donne des instructions contraires à celles données par le Rabbin Mordechai Eliyahu, à quelles instructions allez-vous obéir ? ” Rontski répondit fermement et sans équivoque : “ Je suivrai les instructions du rabbin Eliyahu et je démissionne de l’armée. ”

De là, il n’est pas étonnant de voir des officiers et des soldats de l’unité de Samson, dont la grande majorité sont des sionistes religieux, annoncer lors d’une cérémonie, vendredi dernier, que si le gouvernement émet des ordres d’évacuation des colonies, ils refuseront d’obéir. Il est à noter que des politiciens de la droite israélienne ont défendu ces soldats et rejeté les appels pour les punir.

 

Sur le même sujet lire l’article :

http://www.isesco.org.ma/francais/g..

 

9 novembre 2009 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.aljazeera.net/NR/exeres/...

Traduction de l’arabe : Leïla


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