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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 21:13

Cet article a été publié sur le site : www.info-palestine.net

Une autre voix juive pour la paix : réponse de Michèle Sibony et Michel Warschawski

Samedi 7 novembre 2009

 

      La tribune d’Une autre voix juive ( UAVJ ) parue dans le n° 1070 de Politis ( “ Que faire après Gaza ? ” ) appelle quelques remarques.

 

       Michèle Sibony et Michel Warschawski réagissent aux propos d’Une autre voix juive pour la paix, qui, selon eux, associent dangereusement antisionisme et antisémitisme.

      Évacuant en préliminaire l’attaque israélienne sur Gaza et ses conséquences sur la population, UAVJ s’intéresse immédiatement à son propos majeur : “ certains cercles pro‑palestiniens ” qui remettraient en cause les négociations israélo-palestiniennes. Et, pire, voudraient abandonner la “ perspective deux peuples deux États ”.

         Près de vingt ans de négociations... comme s’il n’était pas légitime de s’interroger sur le sens de ces négociations et leur résultat : démantèlement de l’intégrité territoriale de la Cisjordanie, séparation de celle-ci et de la bande de Gaza, colonisation massive, mur de séparation, annexion de Jérusalem-Est, siège de Gaza, puis bombardements, invasion et crimes de guerre, peut-être même crimes contre l’humanité, dit le rapport Goldstone.

         Tout cela ne s’est-il pas passé à l’ombre de négociations tronquées où les droits des Palestiniens n’ont pas été pris en compte mais progressivement réduits, et où les faits du terrain imposés par Israël ont été progressivement entérinés par la communauté internationale ?

         Et comment ne pas s’interroger sur la perspective de deux États, alors que la carte qu’Israël dessine sous nos yeux depuis dix ans, sans que personne ne tente sérieusement de l’arrêter, est celle d’un grand État juif de la mer au Jourdain avec quelques enclaves palestiniennes isolées, destinées à lui servir de bassin de main-d’œuvre sans droits ? Mais ce n’est visiblement pas ce qui préoccupe UAVJ, dont le problème majeur transpire à chaque ligne : protéger inconditionnellement la légitimité d’Israël, menacée par des groupes palestiniens extrémistes et certains courants ambigus dans le mouvement de solidarité.

 

           L’existence d’une Palestine indépendante aux côtés d’un État israélien n’a de sens pour UAVJ que parce qu’elle garantirait la pérennité d’un État israélien, en tant qu’État ( démographiquement ) juif. Il faut pour cela interdire l’antisionisme, qui permettrait de remettre en question la nature actuelle d’Israël. Et l’antisionisme est renvoyé aux antisémites qui l’utilisent,“ ce qui suffit à le disqualifier ”.

          Ce discours-là ressemble à s’y méprendre à celui de certains “ penseurs ” français du choc des civilisations. Mais UAVJ va plus loin et n’hésite pas à lier les mouvements antisémites qui pourraient s’emparer du boycott avec les populations musulmanes : “ Une telle orientation [ celle d’un boycott universitaire culturel et sportif ] serait un grave danger pour les forces progressistes françaises et israéliennes qu’elle isolerait.

           Elle pourrait aisément être endossée par des mouvements antisémites, et ainsi contribuerait à creuser, en France, le fossé entre les populations de culture juive et de culture musulmane. ” Insupportable raccourci qui disqualifie pour le coup la suite de la tribune présentant le travail d’UAVJ.

 

        L’action politique des mouvements anticolonialistes en Israël et d’organisations juives progressistes en Europe, comme l’UJFP en France, où nous avons, dans nos pays respectifs, fait le choix de militer, est en effet l’inverse de celui-là, et répond à une double démarche : d’une part, défaire les liens insupportables qui devraient nous rendre a priori solidaires de notre “ communauté ”, de ses porte-parole et d’un discours politique dont l’alpha et l’omega sont le soutien inconditionnel à Israël et la défense de son impunité ; d’autre part, développer des liens de solidarité et un combat commun avec tous ceux qui luttent contre le colonialisme et le racisme, et pour l’application du droit. Un tel combat ne peut, évidemment, être conduit sous le drapeau du sionisme.

          En Israël comme en France, nous combattons le discours de propagande ( du Crif en particulier ) qui identifie sionisme et judaïsme, et son corollaire infâme qui lie antisionisme et antisémitisme. Lien qui emprisonne les Juifs dans un soutien inconditionnel à Israël et qui interdit toute critique d’Israël comme antisémite, en désignant de plus les nouveaux antisémitismes : “ les populations de culture musulmane ”.

À propos des citations de cette tribune, la première ( “ le temps de la négociation est dépassé ” ) n’est attribuée à personne, ce qui laisse évidemment l’imaginaire travailler en paix. La citation de Stop the Wall, dont la source est, involontairement, nous en sommes convaincus, tronquée, est tirée du “ Rapport de synthèse de la 1re conférence palestinienne pour le Boycott d’Israël ( BDS ), 22 novembre 2007, Al-Bireh, Ramallah, sur le site d’ISM, rapport d’atelier n° 3 pour la campagne mondiale : stratégie et message ”.

          Celle-ci remet effectivement en cause la légitimité d’Israël en tant qu’État colonial et d’apartheid. Petite différence, qu’élude peu élégamment UAVJ, parce qu’elle fait le parallèle avec l’Afrique du Sud : c’est en tant que régime d’apartheid que la légitimité de cet État était remise en question, et, une fois ce régime démantelé, l’Afrique du Sud a trouvé sa place dans la communauté des nations. Or, ce qu’il faudrait précisément pouvoir examiner après Gaza, sans avoir à être traité d’antisémite par UAVJ, c’est la nature sioniste de l’État d’Israël, ses institutions racistes, ses lois discriminatoires, en un mot ce qui en fait un État colonial et un régime d’apartheid.

          À l’inverse, ce qui n’est plus audible après Gaza, c’est un certain “ sionisme de gauche ” dont la préoccupation majeure demeure, même après le massacre, la préservation de l’État juif ( et démocratique pour ses citoyens juifs ) et non celle d’un État moderne et laïque pour tous ses citoyens.

 

* Michèle Sibony est membre de l’Union juive française pour la paix ( Paris ).

* Michel Warschawski est membre du Centre d’information alternative ( Jérusalem ).

 

5 novembre 2009 - Cet article peut être consulté ici :

http://mcpalestine.canalblog.com/ar...

 

 A suivre...

 

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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 22:48

La reine des miroirs suite...

Ecoute… écoute…

Quand il se maquillait Virgile devant la glace profonde au creux de laquelle maintenant il cherche Sinbad et les oiseaux c'était pour rejoindre la Reine sa mère parmi les draps blancs du fleuve où il ne cessait de la perdre. Rouge à lèvres… fond de teint… rimmel et bas résilles… il fallait qu'il lui ressemble… il fallait qu'il n'y ait plus cet espace cruel qui le déchirait entre elle et lui… cette membrane molle à l'intérieur de laquelle elle le laissait se noyer…

Alors il frappait… frappait sur la peau lisse du miroir de toutes ses forces d'enfant-poisson…

Frappait… frappait… sur elle… Ensuite recouvert de sueur et de larmes il arrachait tout ça et s'enfuyait loin de la maison aux trois arbres-lilas…

La première fois que Virgile avait osé s'avancer bien des années auparavant sur le territoire d'Alphabête City  c'était déjà pour rejoindre Sinbad dont il avait repéré les oiseaux fous cabriolant tête en bas à côté d'un bonhomme qui d'un coup de balai balayait le ciel. Ça alors ! il s'était dit… Celui qui arrive à narguer comme ça les vigiles qu'il voyait faire la surveillance autour des petites maisons ouvrières à bord de leurs camionnettes gyrophares il doit avoir une bande de garçons qui montent la garde…

Non… Virgile alors ne savait pas que Sinbad taggait toujours seul parce qu'il n'avait pas peur… Et que même le crapaud Kee Bock le boiteux le respectait le suivant à bonne distance et le prévenant par son gargouillis nauséabond de la venue des patrouilles aux godasses de fer. C'est vrai que d'une certaine façon Sinbad possédait le plus discret et le plus malfaisant des gardes du corps…

Sinbad !… Sinbad !…

Elle n'a pas trop compris pourquoi depuis qu'il a quitté la maison aux trois arbres-lilas et au lapin blanc des nuits de lune pleine il continue à se rendre aux commissions une fois par semaine au moins… 

Le couffin débordant et rendant l'âme il ne reste plus qu'à fourrer à l'intérieur des poches cachées cousues exprès au-dedans du vaste pardessus… quand il le met Virgile il sent qu'il devient un des personnages des histoires de M’mâ… une dizaine de bombes d'aérosol ou plus… Y en a pas un qui se doute… Tu penses… lui Virgile… avec son allure depuis que M’mâ a entrepris aussi de l'habiller à sa façon… pourtant ça pourrait attirer les soupçons… Surtout que le tissu n'est pas d'une couleur indifférente… ça on s'en douterait bien… Enfin ceux qui comme vous désormais ont un peu flairé la personne de M’mâ et ses tendances extraordinaires de volcan d'abondance… En toute circonstance M’mâ désorganise les états d'âmes du passé… Elle balaie derrière elle avec une grande queue à laquelle est attaché un balais de bruyères qui ne laisse rien traîner… Non rien du tout… Cette queue c'est la queue des diables pour sûr !

Donc M’mâ avait taillé un costume à Virgile qu'elle ne parvenait pas à considérer comme elle disait elle-même dans un coupon de coton rouge orangé sur lequel de petits personnages battaient tam-tam et entraient à leur tour à l'intérieur d'une danse folle d'un vert d'eau tendre et printemps au point que ça avait presque une allure cocasse. Vêtu de cette façon qui lui plaisait car au moins on ne risquait pas de le confondre avec quelqu'un d'autre…  Virgile ne pouvait plus espérer n'être que le fils des instituteurs. Les vigiles qui le prenaient pour un idiot ne se seraient  jamais doutés qu'il était en quelque sorte le double et le bouffon de Sinbad le taggeur d'oiseaux… Un bouffon qui si on y regarde de près allait devenir aussi puissant que son roi… mais d'une puissance obscure et souterraine… Sur les ordres de Sinbad Virgile ne fréquentait la Medina que les soirs des histoires… ceux où il accompagnait Yvon le camarade chez qui il habitait désormais comme s'il s'agissait d'une distraction…


Elle a fini par le laisser partir définitif… sa mère la Reine des miroirs… De toute façon au collège il leur faisait honte… Un fils d'instituteurs qui écrit des poèmes sans rimes ni raison sur des morceaux de papier découpés en forme d'oiseaux et qui lit les livres de Genet… de Gide ou de Sade… même le lapin blanc des nuits de lune pleine en aurait été déboussolé… mais juste un instant. Et puis ce vêtement ridicule qui lui avait fait prendre la pire des colères lorsqu'elle l'avait vu rentrer déguisé pitoyable un soir de la Medina où elle avait appris qu'il se rendait en compagnie d'un des fils de M’mâ… Elle avait jeté ce soir-là les derniers feux de sa parure de Reine car personne… non personne n'était capable de lutter contre le don de M’mâ Zoulika qui était celui des histoires… Pourtant jamais son influence néfaste sur lui ne cesserait de se répandre telle une nappe noire sur la mer.

Elle était séduisante et il en avait été amoureux fou… d'elle… la Reine des miroirs… mais elle avait perdu ses pouvoirs d'enchanteresse au corps de sirène se muant à la nuit en une créature verte émeraude au fourreau d'écailles… Elle l'avait perdu car elle n'avait pas su apprendre des sirènes leur chant qui sont de purs poèmes que les marins n'oublieront jamais… Et puis il y avait Kenza et sa chevelure folle où elle mêlait des branches de lilas mauve et des colliers de glycine… Kenza l'initiatrice dans ses habits de garçon mais dont elle avait pressenti aussitôt par cette connivence de femme que tout l'être de fleur de peau n'avait besoin d'aucun artifice… Kenza vêtue de nuages et de brumes rouquines… Kenza la rivale se dénudant au creux des rivières inventées qui n'étaient que les eaux troubles du canal où elle frôlait le peuple des mariniers… Kenza la jeune fiancée qu'elle regardait en souriant apporter à Virgile des poignées de berlingots jaunes qu'il ne mangeait pas car elle savait que son pouvoir sur lui était enfoui au fond d'un coffre à l'intérieur duquel il était prisonnier.

Sa mère la Reine des miroirs n'avait pas cherché à savoir ce qu'il faisait dans les rues de la Cité en compagnie de Sinbad le taggeur d'oiseaux quand la Medina dormant de son plein sommeil de grosse femelle otarie ils se faufilaient tous les deux frôlant les murs gras de douleur de l'autre côté du canal en direction d'Alphabête City.

 A suivre...

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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 20:24

Cet article est publié sur le site : www.info-palestine.net


Lutte pour la survie en Cisjordanie

Mardi 3 novembre 2009  

Phoebe Greenwood - d’après Al Jazeera

 

     


Une nouvelle route joignant Jérusalem aux colonies israéliennes dans Hébron coupe en deux les terres qui appartiennent à la famille Jaber. Cette famille cultive ces champs depuis 300 ans...

 

      La famille Jaber raconte que les affrontements avec les militaires israéliens sont monnaie courante.

      Elle a un moment possédé 60 dunums ( 6 hectares ), mais il ne lui en reste à présent que la moitié d’un, le reste ayant été confisqué par les colons israéliens. La famille Jaber se bat pour cultiver les terres qu’elles ont perdues.

      Alors que sa famille s’affronte avec les employés israéliens de l’autorité de l’eau, dont le rôle est de détruire les systèmes d’irrigation pour les plants de tomates sous la protection des soldats israéliens, Yosri Jaber, un professeur d’école, nous explique : “ Ces affrontements avec les autorités israéliennes sont une chose courante, ils se produisent tous les deux ou trois mois, voir plus. ”

      “ Les Israéliens ne nous permettent pas d’arroser nos plantes. Nous leur payons quatre shekels ( 1 dollar US ) pour chaque mètre cube d’eau. ”

      “ Nous avons un régulateur d’eau, que nous partageons avec les huit autres maisons pour irriguer nos plantations et approvisionner nos maisons en eau. Nous avons payé pour cela mais nous ne pouvons pas l’utiliser. ”

       Dans de nombreuses zones de la Cisjordanie, les Palestiniens ne sont pas autorisés à irriguer leurs terres. L’accès à l’électricité leur est interdit, ainsi que la construction de citernes d’eau, ou de toutes nouvelles structures requérant un permis des autorités israéliennes d’occupation.

      Ces autorisations sont difficiles à obtenir. Selon la famille Jaber, les colons juifs vivant sur ce qui était autrefois leurs terres obtiennent de l’eau pour rien et n’ont pas besoin de permis pour irriguer leurs cultures.

 

      Récoltes détruites

 

      Lors de l’affrontement dans le champ de tomates, une belle-soeur de la famille Jaber, âgé de 47 ans et souffrant d’asthme, a été jetée à terre par un des hommes qu’elle essayait d’empêcher de détruire son domaine.

      Sa fille Lara, âgée de 8 ans, est en larmes alors qu’elle regarde sa mère emmenée sur une civière par les ambulanciers, à travers une foule explosive qui pousse, crie et jette de la boue.

      Les ouvriers agricoles israéliens ne participent pas à l’altercation et poursuivent leurs travaux, arrachant les canalisations d’eau et les détruisant immédiatement.

      Jaber dit : “ Nous avons 25 enfants qui vivent dans notre maison ; ils sont les témoins tous les jours de cette violence. C’est la tragédie dont nous souffrons. ”

 

      Approvisionnement en eau

 

      La ville palestinienne d’Hébron, au sud-est de la Palestine et à proximité de la frontière avec la Jordanie, possède l’une des plus grandes réserves d’eau souterraine de Cisjordanie.

      Selon un rapport publié par “ Save the Children->http://www.savethechildren.org/] ” cette semaine, les familles palestiniennes vivant dans les zones à haut risque comme celle-ci sont plus misérables, moins protégés et plus vulnérables que n’importe où ailleurs dans les territoires palestiniens sous occupation.

      Le nombre de Palestiniens chassés de leurs foyers par la politique israélienne en Cisjordanie et à Gaza est en hausse, indique l’organisation caritative britannique.

      Au moins la moitié des personnes vivant dans les zones que les Nations Unies considèrent “ à risque élevé ” ont dit avoir été chassées de leurs foyers au moins une fois depuis 2000, la dernière importante période de conflit entre Israéliens et Palestiniens [ déclenchement de la réoccupation par les troupes israéliennes des zones palestiniennes dites autonomes - N.d.T ].

      En Cisjordanie, la plupart des maisons démolies le sont pour faire place au mur de séparation [ mur d’Apartheid ] qu’Israël construit pour séparer terres palestiniennes et terres annexées par Israël.

      Ou les propriétés sont détruites pour de soit-disant “ raisons administratives ”, parce que n’ayant pas de permis israélien.

      En dehors de ces démolitions, le manque d’accès à des ressources de base comme l’eau, la santé et la nourriture force de plus en plus les familles les plus vulnérables à quitter leur domicile.

 

      “ Enfants traumatisés ”

 

      Selon le droit international, il est illégal pour une puissance occupante de modifier la situation démographique du territoire qu’elle occupe et les colons israéliens continuent toujours à venir s’installer en Cisjordanie.

      Leurs colonies ont contribué au déplacement de dizaines de milliers de familles palestiniennes.

      Salam Kanaan, qui représente “ Save the Children ” dans les territoires palestiniens occupés, raconte : “ Sans un avenir dans la sécurité, la vie des enfants palestiniens vivant dans les zones à haut risque comme Hébron est d’avance brisée ”.

      Atta Jaber raconte que le harcèlement de sa famille par les colons est quotidien. “ La peur constante d’un bouleversement, combinée à une lutte quotidienne pour des choses de base comme la nourriture et l’eau ont rendu les enfants déprimés et traumatisés. Ces enfants ont un besoin urgent d’aide et de protection. ”

      Atta Jaber raconte que sa famille subit le harcèlement quotidien des colons des environs : “ Ils menacent mes enfants tout le temps. Ils montent sur leurs chevaux tous les soirs et tournent autour de notre maison, nous menacent. ”

      La famille Jaber insiste sur le fait qu’elle a dénoncé ces abus à la police israélienne, mais qu’elle ne voit aucun changement dans le comportement des colons.

      Les membres de la famille Jaber ont déposé une plainte en justice contre la confiscation de leurs terres, qui a maintenant atteint la Haute Cour [ israélienne ], mais ils ont peu d’espoir qu’elle soit couronnée de succès.

      Le juge en charge de leur dossier à la Haute Cour, affirment-ils, est lui-même un colon.

      “ Quel genre de vie est-ce donc ? Aucune nation, aucun peuple ne peut vivre comme ça. Ils veulent nous faire quitter nos terres, mais quoi qu’ils fassent, nous ne partirons jamais. ”

 

“ Les événements d’aujourd’hui vont se répéter, comme cela se passe tous les jours en Cisjordanie. Nous devons tout juste survivre, d’une façon ou d’une autre. ”

31 octobre 2009 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :

http://english.aljazeera.net/news/m...

Traduction : Claude Zurbach

 Atta Jaber

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 23:06

La reine des miroirs suite...

Au moment de repartir Virgile avait vu qu'heureusement c'était la lune pleine et ravie comme un encrier qui a renversé l'encre du ciel autour de lui…

Ça serait facile de trouver son chemin parmi les ruelles des Blocks. Il avait profité du remue-ménage à l'intérieur de la baraque où chacun parlait à tout le monde et pareillement pour s'esquiver rapide du côté de l'escalier peint en jaune jusqu'à la palissade où Yvon le camarade qui avait laissé Yahya à ses songes nocturnes reprenait lui aussi le chemin des petites maisons ouvrières. Dans la compagnie d'Yvon le camarade Virgile se sentait en sécurité parce qu'il avait des mains larges d'ouvrier qui savaient prendre les choses avec gravité et y porter de l'attention…

Et puis ça lui donnait le temps d'imaginer ce qu'il allait recevoir comme accueil quand il se pointerait à l’intérieur de la cuisine de la petite maison… Elle devait déjà préparer sa vengeance entre cruauté et désespoir. Oui ce soir il avait bien le temps d'y penser…

Yvon le camarade a rien dit et lui non plus jusqu'à ce qu'on arrive au lieu de la séparation et qu'on entende Sba-nam-bâ la lapine préférée battre le tambour sur le bidon de tôle éventré en message de bienvenue… Sba accueillait à chaque fois Yvon le camarade en musique d'Afrique par affection à son égard.

- Bonne nuit fils !… et si tu as envie de venir faire un clin d'œil à Rimb' te gêne pas…

Yvon le camarade a posé sa main sur l'épaule de Virgile et Virgile a senti qu'il pourrait peut-être un jour grandir lui aussi…

En remontant vers la maison aux trois arbres-lilas il pensait à cet étrange voyageur du Harrar dont Yvon le camarade était l'ami et à "la Mother" qui pesait sur lui comme un couvercle de fonte…


Sinbad !… Sinbad !…

Virgile n'avait pas eu à parler pour que Sinbad s'aperçoive de ses mimiques affolées dans les rangs du collège et des bonds qu'il faisait tel un diable en se retournant avec fureur tandis que les autres s'enfuyaient hurlant de rire et croassant… Croa !… croa !… Les corbacs étaient les seuls oiseaux qui chassaient les piafs de Sinbad cruellement… Sauf lorsqu'il sortait accompagné du crapaud Kee-Bock car tout le monde craignait la présence nauséabonde et malfaisante du boiteux…

Alors sans rien dire Sinbad avait pris la place dans les rangs juste derrière Virgile qui s'était mis lui aussi comme les habitants de la Medina à s'habiller de tissus amples de couleurs vives ce qui rendait les autres encore plus agressifs. C'était devenu peu à peu un jeu entre eux que Sinbad avait inventé afin que Virgile oublie la glissade des doigts obscènes sur sa peau au goût de cerise. Dès que les rangs se formaient Sinbad délaissant ses oiseaux qui attendaient parmi les autres piafs des rues son retour en se chamaillant posait ses mains sur les hanches de Virgile et tous les deux se déplaçaient ainsi en une danse provocante qui les faisait pouffer de rire.

M’mâ Zoulika qui avait un sale caractère comme on l'a déjà constaté n'appréciait pas que Sinbad le taggeur d'oiseaux emmène partout avec lui ce drôle de garçon que Kenza semblait regarder particulièrement bien qu'il soit aux yeux de M’mâ grotesque de maladresse. Mais vu que sa générosité naturelle et débordante finissait toujours pas attirer le monde au creux de ses larges mamelles elle a été un jour de marché d'abondance pendant l'attente des autorisations marchander une pièce de tissu bleu nuit où se baladaient de petits soleils blancs rigolards afin de coudre à l’intention de Virgile un pantalon et une veste qui lui donneraient enfin l'air d'un prince…

- Y peut pas rester dans c't'état… c'est malheureux qu'à son âge on dirait encore un chiot qu'a pas grandi !… C'est mauvais pour tout l'monde ça… Ouais… c'est mauvais…

Elle grognait entre ses dents devant le vieux Yahya qui acquiesçait en hochant la tête.

- J'comprends pas que l'institutrice elle voie pas que son garçon il se fait moquer par les autres… et même qu'ils le traitent de… bon enfin ça nous r'garde pas…

Comme elle interrogeait Yahya du regard il répondit que non ça ne les regardait pas en tournant la tête de droite à gauche… mais que…

Depuis toujours Virgile avait été habillé par elle de manière ridicule et il n'avait pas protesté. Les culottes beaucoup trop longues de l'école des filles et les pull-overs dont les manches lui tombaient au ras des ongles s'étaient transformés ensuite en pantalons beaucoup trop courts et chemises de son père les manches rognées au collège où c'était la mode des jeans balayant la poussière bleue des rues et des tee-shirts fluos à paillettes… tenues d'Indiens préparant la grande colère… Virgile qui se faisait moquer pour ça ou pour des raisons qu'il ignorait s'était doté du pardessus afin de compléter le déguisement car il sentait que rien ne s'arrangerait en sens inverse. Cultiver l'imposture c'était au fond plus à sa portée et ça demandait moins d'efforts.


Une fois qu'il avait pu obtenir les "Flight Foot" il s'était senti presque clown avec les godasses aux ailes qui dépassaient de la traîne du pardessus mais elles lui permettaient de courir aussi vite que Sinbad au long des ruelles de la Cité des Blocks lorsqu'ils allaient ensemble écouter les histoires d'Yvon le camarade et de M’mâ. Sinbad venait l'attendre selon un processus convenu entre eux au croisement des petites maisons ouvrières et du terrain vague et comme elle avait compris depuis ce soir-là qu'il ne lui appartenait plus elle le laissait partir avec une hautaine indifférence qui lui faisait quand même un peu de mal. Sans doute elle avait pris un nouvel amant car il trouvait à nouveau des petites culottes de soie rouge sur la pile de linge sale que le lapin blanc surveillait en somnolant les nuits de lune pleine… Oui sans doute…

 

Sinbad !… Sinbad !…

C'était peu de temps après que Sinbad ait quitté le collège sa parure d'oiseaux piaillant autour de lui… Zaouit !… zaouit !… cri !… cri !… cri !… piaou !… que la chose avait failli se produire… Il s'agissait d'un soir où Virgile qui n'avait pas rendez-vous avec Sinbad était resté dans la cour du collège assis en compagnie d'un livre d'Yvon le camarade grâce auquel il oubliait qu'elle allait encore lui faire une scène parce qu'il l'avait à son tour abandonnée. La Reine du miroir sa mère ne se décidait pas à le lâcher enfant-dauphin aux eaux voluptueuses du fleuve qui l'enlaçaient et parmi lesquelles avec Sinbad et Kenza il jouait parmi les tourbillons de feuilles tombées et de vases vertes amères.

A suivre...

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 22:38

La reine des miroirs suite...

Il n'avait pas fallu longtemps à Virgile pour comprendre que Sinbad n'était pas un garçon semblable aux autres…

Les autres de l'école ou du collège aimaient se faire la guerre jusqu'à la mort par la honte d'une réponse donnée trop vite au maître avec complaisance ou au contraire par l'attitude qui consistait à rester muet face aux figures hilares et renfrognées sans la moindre répartie…

Et dans la cour c'était encore pire à cause des armes exhibées dont Virgile expérimentait les blessures en zigzag aux mollets et derrière les genoux ou les claques sur les oreilles qui chauffaient jusqu'à l'intérieur du crâne comme si on y avait versé de la bouillie ardente…

Virgile qui se souvenait avec une amère et douce nostalgie de la ronde des filles et des marelles qui finissaient pas culbuter le ciel n'avait jamais désiré autre chose que cet espace clos sur lui-même où de la terre aux nuages le chemin semble tracé d'avance et légèrement aérien tel un champ de tournesols en fleurs…

Sinbad !… Sinbad !…

A plusieurs reprises il s'était pris à rougir brutal en surprenant le regard obscène des plus grands posé sur lui et la façon dont ils se débrouillaient à l'intérieur des rangs après le sifflet qui les contraignaient oiseaux à se replier telles hirondelles sur les fils en alignements grotesques où leurs gestes redevenaient pesants frôlant ses fesses de leurs mains vicieuses qui n'étaient plus celles des enfants. Terrifié par ce qu'il croyait deviner de lui-même sans avoir de mots afin de combler la tranchée qui se creusait au centre de son corps Virgile avait opté pour les dernières place dans la file des garçons en vue de n'avoir derrière lui que les plus lents totalement inoffensifs. Ils demeuraient à ramasser leurs billes de verre jaune acidulé et bleu turquoise et leurs osselets ou à éplucher les marrons luisants avec leurs petits canifs au manche de corne rose jusqu'à ce que le maître de la cour les chasse d'un mouvement de la main vers leurs camarades regroupés déjà aux avant-postes pareils à des conducteurs de chars…

Au collège Virgile n'avait pas échappé à la réputation de fille qui le poursuivait aussi parce qu'il était le fil de l'institutrice et de l'instituteur dont les mômes des Blocks et surtout ceux d'Alphabète-City égarés là avaient bien à se venger. Les rangs constituaient toujours un lieu de torture favori mais pas seulement… Et puis il y avait Sinbad qui dessinait à son intention des oiseaux  s'envolant sur les pages quadrillées de leurs cahiers depuis que Virgile s'était assis à ses côtés en mathématiques… Sinbad et sa parure d'oiseaux fous l'accompagnant jusque dans la cour du collège de leurs appels multicolores… piaou !… piaou !… cri !… cri !… cri !… zaouit !… zaouit !… et se précipitant en boule sur lui dès qu'il sortait… Sinbad avait accompli le reste…

Sinbad !… Sinbad !…

Virgile se souvenait de l'instant où il avait été bouleversé par la main tiède de Sinbad posée sur son bras juste avant de se quitter au croisement des chemins qui mènent l'un vers la Medina des Arabes et la Cité des Alphabètes et l'autre vers les petites maisons ouvrières. C'était comme si son sang s'était mis à frémir sous sa peau en ondes délicieuses qui lui remplissaient les yeux de larmes joyeuses… C'était comme lorsqu'elle l'envahissait de la buée d'or de ses prunelles qui ne le lâchaient pas…

- Tu sais je suis drôlement content que tu sois à côté de moi maintenant… Ouais… drôlement…

- …

Les oiseaux qui tourbillonnaient autour de Sinbad se disputant le creux de son cou ou les mèches de sa chevelure sombre et jouaient avec les petites perles de corail en piaillant… zaouit !… piaou !… cri !… cri !… dispensaient Virgile d'une réponse qu'il pouvait même pas inventer pour lui tout seul… Alors…

- Demain j't'apporte le dessin de l'oiseau Rock comme j't'ai promis… J'le f'rai cette nuit après qu'les autres dormiront… J'le f'rai pour toi…

- …

Et Sinbad qui avait l'habitude des mimiques de Yahya le muet a serré entre ses doigts le poignet de Virgile avant de s'échapper en courant cerné d'oiseaux direction la Medina… Zaouit !… zaouit !… cri !… cri !… cri !… piaout !… piaout !…

Arrivé au bas du chemin de poussière bleue il s'était retourné et avait fait à Virgile un signe de la main… et il s'était envolé avec sa parure d'oiseaux vers le fond de la Cité des Blocks…

Sinbad !… Sinbad !… Ne t'en vas pas !…

 

Il n'avait pas fallu longtemps à Virgile pour comprendre que Sinbad n'était pas un garçon semblable aux autres… Vu que lui non plus… alors…

A suivre...

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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 20:34

Un artiste sans art...     
       Ce soir c'est un p'tit clin d'oeil un peu différent des autres jours que je viens vous faire pour vous filer le tuyau d'un blog que vous connaissez déjà à travers celui-ci car il s'agit de celui de l'ami Louis l'illustrateur de nos Cahiers depuis le début justement...
      Louis comme vous le savez est un dessinateur fou qui a déjà réalisé deux récits-contes en tant qu'illustrateur ainsi, qu'une BD Au passage... qu'il a créée entièrement images et textes et dont vous avez vu quelques pages au mois de juin dernier. Il a participé à l'expo dont je vous avais causé au mois de septembre 2009... y a un mois à peine à la Mairie d'Epinay en compagnie d'autres agents de la ville qui sont également des " artistes sans art " selon la très jolie expression qu'il a inscrite sur son blog pour parler de ce qu'il fait...
      L'année dernière ça avait été une grande année pour Louis car c'était sa première expo à la librairie Résistances qu'on avait appelée Les djenoun de la périphéérie et dans cet espace vraiment agréable où il y a tous les bouquins qu'on aime on a passé une soirée formidable à laquelle plein d'amis sont venus participer et qu'on oubliera pas !
      Louis qui est également une sorte de magicien poète qui fait rebondir les mots entre ses doigts comme des balles de couleurs et qui sort de son chapeau des lapins extras sous forme de petits haïku de quelques lignes pour accompagner ses aquarelles travaille depuis la rentrée avec passion sur une série illimitée d'images qu'il faut absolument que vous alliez voir !
      Vous y retouvrez au fil des mots et des dessins
  cet enchantement qu'on avait quand on était petits et qu'on feuilletait  les livres de contes qui nous tombaient sous la paluche ou qu'on fauchait à l'école dans la grande bibliothèque de bois vitrée et des fois on ne les rapportait jamais...
      C'est dans ces gros bouquins cartonnés un peu vieillots que moi j'ai déniché les premières gravures en noir et blanc qui m'ont fascinée et qui m'ont ensuite refilé l'envie de connaître ce métier fabuleux et de savoir un jour travailler les planches de cuivre au burin et à la pointe sèche et les plonger après les avoir vernies dans cette fameuse eau forte qui les ronge et les creuse avant de les encrer pour finir... Jamais je ne regarde aujourd'hui une des gravures de Rembrandt sans songer à mes bouquins de l'époque et les aquarelles de l'ami Louis me font avec ses chouettes couleurs en plus le même effet !
      D'ailleurs y a pas que moi qui ai cette intuition que Louis est un dessinateur qui fait rêver les gamins à des mondes incroyables car au Salon des Revues une dame qui regardait avec un grand intérêt chacun de nos Petits Cahiers et qui a fini après pas mal d'hésitations ( ils sont tous aussi beaux les uns que les autres... ) par choisir celui où une vingtaines d'images de Louis sont réunies avec un poème... m'a dit que c'était pour sa petite fille de six ans qui adore les belles images... 
      Donc si vous voulez vous émerveiller et en même temps faire un voyage dans des mondes qui ont tous les parfums des poèmes de Rimbaud... de Prévert et d'autres enchanteurs de mots et aussi les couleurs des vitres du vitrier de Baudelaire alors faites juste un tout petit détour du côté du blog de l'ami Louis et vous vous croirez pour un instant vraiment très loins de l'hiver qui se pointe des pattes et des embêtemnts de la journée...
       Et Hop ! vous entrez dans l'arbre creux et vous vous laissez glisser tout au fond à côté de la lampe à huile qui éclaire tout doux les petits cailloux blancs de la piste hein ?... Allez-y et vous verrez vous n'en reviendrez pas... 
 link : www.iloufou.over-blog.com


 
 

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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 23:39

La reine des miroirs suite...

Sinbad appelait les super marchés de la Cité les outres à mangeaille… Sinbad le taggeur d'oiseaux accorde les mots tout pareil que les couleurs et personne ne peut s'en saisir… Comme il est devenu l'ennemi des vigiles qui le pourchassent et veulent le massacrer il ne doit plus fréquenter certains lieux au moment où le camarade soleil affiche complet. Et c'est Virgile qui s'y colle à sa place…

Virgile a beaucoup appris par son amitié avec Sinbad qui pourtant ne l'emmène pas partout avec lui… Loin de là… La plupart du temps personne ne se doute de l'endroit où il se planque ni de ce qu'il y fait… Sauf certainement ses camarades les Knock-tambules et Kenza bien entendu… Mais Kenza ne trahira jamais les secrets de Sinbad le taggeur d'oiseaux… Non jamais…

Sinbad… Sinbad…

Il n'y a pas moyen de traverser l'outre à mangeaille en direction des bombes d'aérosol sans passer entre les jambes des mannequins aux sous-vêtements de femmes travestis de soie rouge. Virgile sait déjà en entrant à l'intérieur de l'outre qui l'absorbe semblable à une Ogresse son couffin d'une main prêt à dévaliser le rayon des conserves plutôt chics afin que ça coûte cher et des poissons momifiés par le gel… des laitages qui sentent trop fort et des légumes qui occupent beaucoup de place… ainsi la caissière ni les mâtons ne se doutent de rien… Virgile sait déjà qu'il va prendre quelque chose pour elle… Une chose dont les replis enlacent ses doigts fins de fille qui se glissent et s'enfoncent au gré de noces délicieuses… Une chose qu'il ne lui donnera jamais…

Un jour…il avait été obligé de s'enfuir vite fait… pfuitt !… de l'intérieur de l'outre parce qu'il avait failli se faire prendre à cause d'une bombe d'aérosol qui était malencontreuse et bête tombée d'une de ses poches intérieures juste sous le nez narquois de la caissière auquel il avait envoyé naïf un sourire d'enfant venant de voler une boîte de sucettes… Un jour Virgile avait commis l'oubli de planquer comme y faut une petite culotte dentelles et nylon parmi les carottes au lapin de luxe et les petits pois frais ramassés à l'intention du lapin blanc reconnaissant de cette nourriture à laquelle personne jusqu'ici dans la Cité des Blocks ne l'avait préparé… Le lapin blanc avait échappé de justesse il faut le dire à une fricassée que les mômes toute couleur d'origine confondue entendaient se faire sur son dos. C'était Virgile qui l'avait récupéré plutôt mort-vif un soir de fête à l'entrée du terrain vague affolé et cherchant tel un revenant son château afin de le hanter sans inquiétudes dues à ces mômes auxquels on n'a jamais raconté de contes c'est certain…

Un jour Virgile avait commis l'oubli et il était parti de l'outre à mangeaille en courant au cas où la caissière se serait mise à le dénoncer postérieurement à son sourire quand même… Il avait longé la plus grande rue des Blocks en se frottant aux murs crasses jusqu'à ce qu'il tombe par nécessité sur un des oiseaux géants de Sinbad qui portait entre ses deux pattes griffues à la manière d'un aigle royal mais c'était une sorte d'oiseau beaucoup plus compliqué un gros œuf d'une matière semblable à du marbre… C'était trop lisse pour Virgile au point qu'il s'est arrêté net et il a commencé à palper la coquille de l'œuf afin de s'assurer que c'était le mur en dessous… Virgile aurait aimé savoir dessiner aussi bien que Sinbad mais ça n'était pas possible…

- Alors mon garçon… qu'est-ce que tu fais par ici ?… Ce n'est pas le chemin le plus court pour rentrer…

Virgile d’un sursaut avait bondi en arrière repassant les images immédiates de sa course qui l'égarait… les bombes d'aérosol qui tintinnabulaient à l'intérieur des poches du pardessus… la petite culotte dentelles rose cette fois sur le dessus du couffin… et la tête de son père qui heureusement lorsqu'il s'adressait à lui par hasard ne le voyait pas tel qu'il était… non ne le voyait pas…

Vaguement myope il portait toujours même en dehors de l'école de petites lunettes rondes qui avec sa barbe et ses cheveux jusque dans le cou lui donnaient l'apparence d'un de ces maîtres passés depuis belle lurette du côté des ouvriers ce qu'il n'était pas… Mais il faisait semblant lorsque ça l'arrangeait c'est-à-dire la plupart du temps…


- B'soir… a grogné Virgile du ton soumis et désinvolte qu'il utilisait face à cet individu dont l'indifférence mêlée au soupçon d'autorité de plus en plus abstraite le glaçait depuis l'enfance et le rendait maladroit à mourir…

- Bonsoir garçon… tu rentrais je suppose ?…

- C'est que… Virgile qui ne savait pas réfléchir demandait à chaque urgence d'incendie ou de désastre familial à son esprit habitué aux réactions sur le vif des solutions sans attente et les bonnes…

- C'est que… j'pensais justement que j'avais pas de quoi m'acheter des baskets comme les autres… Alors c'est normal qu’à la course j'arrive le dernier… Le prof. de Gym. m'la encore dit hier que mes godasses elles valaient pas la corde pour les pendre…

L'ait distrait derrière ses verres de lunettes qu'il redressait afin de juger du tag à moitié déjà effacé le Roi son père répétait en écho après lui du ton ordinaire d'un qui n'est pas concerné vraiment…

- Pour les pendre… Ah tiens ?… Il a dit ça le collègue…

- Oui… c'est ça qu'il a dit et donc j'me faisais la réflexion que si j'avais eu assez d'argent au lieu de rentrer direct les commissions j'aurais pu…

Virgile qui commençait à avoir les jambes qui tremblaient observait le Roi son père passer comme lui la paume de sa main droite à l'endroit où l'œuf géant semblait receler un sortilège… On aurait dit que la paroi craquelée de vieil enduit  allait soudain s'entrouvir…

- Oui… tu aurais pu…

- Ben… j'aurais pu m'acheter une paire de "Flight Foot" avant que mes vieilles soient vraiment niquées…

Tout en surveillant les réactions évasives du Roi son père Virgile envisageait déjà de s'approcher du couffin qui s'était un peu vautré dans le caniveau sans faire trop gigoter les bombes ceinturant son corps.

- … Vraiment niquées… Non mais franchement… tu as un de ces vocabulaires… Il avait tourné lentement son regard vers les pieds de Virgile parce que c'était un homme qui voulait sans cesse vérifier les choses comme pour les problèmes arithmétiques que Virgile ne savait jamais résoudre et avec lesquels il le terrifiait… S'il n'y avait pas eu Sinbad qui les faisait à sa place…

- …

Virgile ne s'autorisait à lui parler ainsi que parce qu'ils se trouvaient dehors et face à l'oiseau de Sinbad ce qui lui donnait une très nette supériorité sur lui… pour une fois…

En même temps qu'il exécutait une sorte de moue le Roi son père plongeait sa main à l'intérieur de la poche de sa veste et comme ça ne venait pas il a dû un instant quitter Virgile de ses petits verres ronds et inquisiteurs qui ne voyaient rien mais étaient redoutables d'opacité accusatrice. Et Virgile d'un geste souple de bambou ployé par un souffle imperceptible à saisi la petite culotte de dentelles rose qu'il a rapide fourré au fond d’une de ses poches en compagnie d'une bombe couleur lilas. Ça allait bien ensemble…

- Tiens… et puis donne-moi le couffin… tu ne vas pas retourner acheter tes "Flight… enfin je ne sais quoi avec les provisions…

- Oh ! super !… merci b'coup… c'est des "Flight Foot" celles qui ont des ailes sur les côtés…

- … Des ailes sur les côtés… Le Roi son père a attrapé les anses du couffin et il a ajouté en prenant un ton décidé et déjà lointain :

- Et tâche d'arriver pour l'heure du repas… Et de ne pas être dernier à la course cette semaine… Je demanderai au collègue…

Puis il est parti sans plus s'occuper de Virgile qui a repris en marche arrière lente le dos au mur tout contre l'oiseau de Sinbad qui venait de lui sauver la vie le chemin de l'outre à mangeaille en passant obligé par la maison d'Yvon le camarade afin d'y déposer les bombes et la petite culotte de dentelles rose…

Sinbad !… Sinbad !… Ne t'en vas pas…

A suivre...

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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 22:51

Cet extrait-là il prend la suite de " La bombe d'aéro-solitude" avec des trous évidemment car sinon vous en saurez trop... Vous allez y retrouver Virgile l'ami de Sinbad le taggeur d'oiseau et M'mâ Zoulika avec toute sa famille étonnante à l'intérieur de la petite baraque de la Medina qui se trouve tout contre la Cité des Alphabêtes... Enfin vous voyez hein ?


La reine des miroirs

Depuis qu'il n'est plus un enfant qui entre dans la ronde des filles et que Sinbad le taggeur d'oiseaux est devenu son ami Virgile sait qu'une famille c'est plus compliqué que celle de la Reine des eaux du miroir sa mère et du Roi des sirènes son père avec lui pour finir…

Lui l'enfant-dauphin qui ne cesse d'hésiter entre le royaume englouti et la terre ferme… C'est plus compliqué mais c'est plus vivant… remuant… incertain et bouleversant à la façon d'un arc-en-ciel qui arrêterait pas de changer de couleurs…

A l'intérieur de la baraque de M’mâ on n'sait jamais qui il y a au juste sur les tapis mandarine aux triangles vert pomme et lilas… on n'sait jamais… D'ailleurs sauf quand on dort la porte est ouverte même l'hiver et Virgile n'essaie pas de repérer par leur nom ceux qui entrent ou qui sortent vu que même quand on mange ça n'est pas souvent ceux qui sont là au début qui y sont aussi à la fin. Et puis dans la baraque de M’mâ les repas ne sont pas comme chez lui à l'heure où il faut mais plutôt à l'heure où on veut… Il y a toujours au fond de la pièce où on se réunit tous ensemble plusieurs plats en terre avec des poivrons grillés et des tomates… du couscous au lait parsemé de raisins secs… des légumes que M’mâ a rapportés coupés en gros dés avec des bouts de mouton grillés et des pastèques au cœur rose dont le jus a fait de petites mares  autour des feuilles de menthe fraîche…

Parfois le soir ça arrive qu'une grande partie des enfants de M’mâ soit là et encore le vieux Yahya et Yvon le camarade de l'usine alors c'est vraiment la fête. Une fois M’mâ rentrée de la distribution de soupe on s'installe assis parmi les coussins mais y en a pas assez et à même le tapis mandarine et vert autour des plats posés sur la petite table basse. C'est à M’mâ que revient exclusif la préparation du thé qu'elle fait avec la grosse bouilloire et les feuilles de menthe qu'elle va cueillir au jardin d'Yvon le camarade. Ce qui explique que le thé de M’mâ est à l'intérieur de la Medina le meilleur et que ça n'se discute pas !

Quand Virgile a passé le seuil d'ombre de la porte de la baraque la première fois il a vu les yeux perçants de Kenza… les mêmes yeux que ceux de Sinbad qui semblaient l'attendre. Personne n'a posé de question lorsqu'il s'est installé à côté d'elle au centre d'un triangle vert pomme et qu'elle lui a fourré entre les mains une assiette et une cuillère pendant que Zohra faisait tourner le plat de semoule et de légumes. Non personne…

Virgile lui n'a pas osé regarder le visage de Kenza quand il est entré à la suite de Sinbad au creux de l'ombre de la baraque de M’mâ… Sûr qu'il se rappelait d'elle alors qu'il guettait les gestes de sa mère l'institutrice devenue d'une métamorphose qu'il connaissait trop bien une reine entourée de prétendants. Elle aurait été la seule à pouvoir le retenir par sa façon de virevolter d'un endroit de la cour à l'autre avec la même ardeur et la même passion pour le mouvement que Sinbad le taggeur d'oiseau… Et ses cheveux frisés aux reflets presque rouges qu'elle ne nattait pas comme les autres filles de la Medina… ses cheveux libres dans son cou qui lui faisaient cette masse épaisse qu'elle secouait en riant aux éclats… M’mâ portait sur elle un œil qui n'acceptait pas le comportement de cette fille trop délurée à son goût lorsqu'elle prenait de ces fous rires pour un rien et qu'elle se mettait à danser d'un pied sur l'autre en agitant sa chevelure au bas de ses reins…

Non… vraiment… M’mâ n'aimait pas les manières de cette fille qui suivait Sinbad le taggeur partout et s'habillait comme un garçon… Ça pouvait pas aller… Ça pouvait pas… Pourtant il y avait quelque chose d'irrésistiblement envoûtant chez elle que même M’mâ avec son sale caractère ne parvenait jamais à écarter afin de la traiter semblablement à chacune de ses filles… Quelque chose qui ressemblait à ce sentiment aussi fort que la vie d'une liberté qui n'avait pas de limites… Oui … c'était ça… Kenza avait un mouvement en elle qu'on arrêterait pas… Et peut-être bien que c'était M’mâ qui le lui avait donné dans son ventre… Sans savoir… Parce que M’mâ c'était une femme qui avait choisi sa vie… en quelque sorte… Ça oui…


Et puis y avait cette tendresse qui sortait d'elle aussi naturelle que du lait… Kenza on n'pouvait pas lui résister quand elle jetait ses bras autour de votre cou… Non… on n'pouvait pas… Mais ensuite elle s'en allait et on n'la revoyait plus de plusieurs jours… Oh ! cette fille !… Tous les deux elle et Sinbad… ils lui avaient échappé… A cause du vieux Yahya qui avait d'abord voulu que Kenza ne soit pas obligée de faire les corvées comme chacune des filles de M’mâ… Dès qu'il s'en allait chez Yvon le camarade elle partait avec lui… Toujours à traîner… et surtout ses vêtements… Oh ! cette fille !… Et ensuite Sinbad !… Le dernier des fils… Sinbad le taggeur d'oiseaux… Ça c'était bien à cause de son fou de Yahya qu'on en était arrivés là !…

Mais M’mâ qui n'était pas du tout au fond une femme du passé ainsi qu’on l'a bien vu auparavant n'avait pas l'envie de rien empêcher… Pourquoi faire pisque c'était comme ça ?…

Virgile lui n'a pas osé regarder Kenza la première fois… La première fois il ne se souvient plus quel âge il avait au juste… Quinze ans… Ce dont il se souvient c'est que Sinbad avait déjà quitté le collège parce qu'il n'était pas un enfant semblable aux autres et que les maîtres ils n'aiment pas ça… Sinbad qui avait lu tant de livres qu'il pouvait facile leur faire la nique à tous… Et pas que dans la poésie où les oiseaux il les tenait Sinbad… Y avait aussi les mathématiques et des tas de sciences un peu occultes pardi… Sûrement il avait la connaissance des bouquins d'Avicenne et des traités de l'alchimie et de la kabbale… Mais comme il n'obéissait pas et qu'il se moquait des discours des maîtres ils avaient fini par le mettre à la porte… Et il y avait ce crapaud qui le suivait en boitillant… Tip-top… Tip-top… Ce crapaud dégouttant !

- Sinbad !… Sinbad !… Ne t'en vas pas…

Pour Virgile ç'avait été un grand désespoir au début quand Sinbad avec tous ses oiseaux était parti… On aurait dit que l'école était un lieu rempli de souffrance à son égard… On lui reprenait encore quelqu'un… Après sa mère la Reine que les petits mômes avaient dévorée chaque jour devant ses yeux c'était Sinbad son ami qu'elle refoulait vers les hautes eaux de la Medina… Alors il avait attendu un peu et il avait pris sa décision… La grande… L'unique… Il entrerait lui aussi dans le ventre de la Medina afin de retrouver Sinbad et de lui dire… de lui dire… Mais Virgile avait bien des difficultés avec les mots… Un peu comme le vieil Yahya si on veut… Heureusement que Sinbad il avait parlé à sa place… Et qu'il avait eu l'air content de le revoir accroupi sous l'escalier peint en jaune de la baraque de M’mâ… Oui… il avait eu l'air content et il l'avait emmené avec lui…

La première fois Virgile n'avait pas osé regarder Kenza qu'il trouvait pourtant drôlement jolie et ça lui faisait peur… Elle pouvait sans hésitations ni calculs avec additions que seul le lapin blanc grignotait au fond du cartable rivaliser avec la Reine… Et sans les sous-vêtements de soie rouge aussi elle pouvait… Et même sans les bas résilles… Virgile avait envie d'enfoncer ses mains dans la masse aux reflets roux de ses cheveux… juste pour voir et pour faire jaillir l'odeur… Pas pour la toucher… oh non ! C'était pas une idée qui l'effleurait en ces moments où il se sentait perdu entre la maison ouvrière que le lapin blanc continuait de squatter et les rues folles et cruelles du Ghetto où les vigiles et les crânes rasés qui n'aimaient pas son allure finiraient bien par lui mettre la raclée et peut-être autre chose aussi…

De toute façon il y avait Sinbad que Virgile aimait par-dessus tout et Kenza n'était à ses yeux que l'être féminin du taggeur d'oiseau… sa frangine et comme la part de lui-même qui demeurait inaccessible si on veut… D'ailleurs Sinbad avait poussé sans son avis Virgile du côté de Kenza alors que lui s'asseyait le soir des histoires tout contre Yvon le camarade… sûrement qu'il avait un plan à lui Sinbad afin qu'on n'se doute pas… Pourtant dans cette affaire M’mâ aurait dû garder sa vigilance encore plus que pour le reste concernant Kenza qui était une fille sacrément plaisante à regarder…

Mais avec ses allures de garçon qu'elle avait M’mâ ne se doutait de rien… Non… elle ne pouvait pas imaginer que Virgile qu'elle considérait d'un air apitoyé ou c'est pareil vu qu'il avait le physique d'un chiot sorti du panier avant la fin de l'allaitement… non M’mâ ne pouvait pas imaginer que Virgile allait lui voler Kenza une deuxième fois… Une deuxième fois après Sinbad.

A suivre...


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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 20:21

La bombe d'aéro-solitude suite...

      Jeter les bombes au fond d’la musette pêle-mêle en imaginant la tête du vieux Yahya quand les Arabes de la Medina lui diront… et celle de Virgile aussi qui court les risques avec lui alors qu'il est né de l'autre côté du fleuve…
      De l'autre côté… dans la maison qui a un jardin avec trois arbres-lilas… La maison où le lapin blanc attend que la lune soit pleine pour venir prendre des nouvelles du gros tas de linge sale à porter à la laverie…

De l'autre côté… Là où on n’sait rien de ceux à qui on a pas donné le choix… Il pense à la tête des mecs au crâne rasé Sinbad… Et à celle des dealers d'Alphabête City…

- La prochaine fois on t'aura sale petit pédé !… La prochaine fois… Tu veux jouer les grands… eh ! prépare-toi à mourir…

 

Sinbad… Sinbad…

Tagger les murs du commissariat c'est juste un apprentissage qu'il fait Sinbad avant de passer à des actions d'envergure. Les vigiles et leurs chiens gardiens sont des bouffons si tu les compares aux dealers d'Alphabête-City et aux bandes de crânes rasés qui leur servent de corps d'armée…

Après le fleuve y a le terrain vague à traverser qui est déjà pas banal… Le terrain vague il s'étend de la Cité des Blocks à la Medina des Arabes d'un bout et à la Cité des Alphabêtes de l'autre… Deux triangles isocèles séparés au milieu par les palissades des buissons de ronces aux mûres violettes et sacrément sucrées qui sont transformées en frontières avec un check-point sans personne pour contrôler… mais à partir de là commence la zone… 

Quand on entre dans la zone on le sait pas… Y a pas de panneaux qui indiquent : "Attention ici tout est miné !… terre minée !… terminé !…"

Le pire c'est qu'on n'peut rien voir du vice de forme qui s'est glissé à l’intérieur vu qu'on ne rencontre de jour  que ce qu'il y a de normal autour de la Cité des Alphabêtes. Un des quartiers chauds de la monstrueuse Cité aux ordures. Et les tout-ce-qu'il-y-a-de-normal sont des légions… Qui travaillent clandestins à alimenter le répertoire des mômes de la Cité en œufs-grenades de mots terribles.

Et comme les vieux Arabes et Blacks d'Afrique ont pas voulu quitter la Medina y a plus personne pour leur retirer les grenades de mots des mains avant que ça leur pète à la figure…

Les darons ils ont laissé tomber parce qu'ils sont trop hards… les p’tits… y a pas moyen…  Ouais… les darons ils ont entamé la totale débandade le dos tourné… Peau blanche… peau noire… rien à faire c'est le foutoir…

Alphabête-City ou le grand vide-ordures des enfants à la pelure arrachée de sang-froid pareil à des lapins mais il ont continué à vivre sans… Et ça fait mal !… Malgré tout ils valent la peine les mômes d'Alphabête City parce qu'y sont vivants à l'intérieur… raouf !…

Et la preuve c'est qu'ils ont formé une bande de gamins beurs et black-café mais on n'sait pas qui au juste… pour imiter Sinbad à leur manière et repeindre les Blocks sans noms avec des taches de couleurs  qui s'emboîtent… s’trimballent… s’cavalent…

D’accord… c’est pas toujours joli mais ça fait des puzzles symphonies allumées au creux du gourbi d’la nuit… C'est aussi à cause de ça que les incendieurs d’la Cité aimeraient radical se faire la peau du taggeur d'oiseaux… pfuitt… pfuitt…

 

Ecoute… écoute…

Dans la partie du terrain vague qui lézarde entre la Cité des Blocks et la Medina des Arabes les habitants d’la Cité aux ordures ils ont balancé en vrac les vieux joujoux cassés… harassés… délabrés… les ours aux estomacs peluche bleue grise dépiautée oreilles et yeux arrachés… les poupées chiffons perforées cheveux coupés en brosse… les baigneurs celluloïd plus de bras et plus de jambes… les chevaux de bois peinture écaillée… les théâtres guignols et marionnettes décors dévastés…

Et aussi ils ont viré là les livres cartons et figurines de papier qu’on découpe et puis on reconstruit un monde plein d’images… Des tonnes de joujoux rejetés qu'on peut emporter à pleins bras et l'Indien d’la Medina a décidé de faire son ramassage ici… Il ira les vendre aux puces l’Indien à ceux qui oseraient jamais fouiller les détritus du terrain vague des Cités… propriété privée… Et même si pas un chat en vue… y a danger à jouer les marioles dans l’secteur…

La zone… on n'sait pas plus où elle commence qu'à qui elle est… et Terrain Vague c'est tout pareil… Y faut pas rigoler !…

Donc l'Indien lui… y peut… et même bien plus… Y peut charger son caddie à ras bord et traverser l'autre morceau de Terrain Vague jusqu'aux murailles gangsters d'Alphabête-City et passer l’fleuve sans que les vigiles des petites maisons ouvrières qui patrouillent plutôt aux frontières de la Cité des Blocks lui fauchent la cargaison ou le forcent à tout rapporter direction la décharge.

La décharge elle a pas vraiment de fin…

- Où tu vas avec ces cochonneries ?…  Allez ouste ! demi-tour !…

L'Indien il peut aller où il veut sur le territoire de la Cité parc’que comme il travaille dans les ordures justement il connaît du monde…

La Cité est un géant entrepôt de recyclage des gens et des choses… L'Indien il appartient à personne comme individu vu qu'il a pas de famille… pas de tribu et pas de clan non plus… L'Indien il est libre pour de vrai c'est certain…

Après le terrain vague des jouets sur la gauche y a l'enclos où les cabanes de la Medina arabe finissent de partir en lambeaux sous les tonnelles de chèvrefeuille et les voilures rouillées des escaliers peints en jaune… Les palissades et les collines d'ordures… Au-dessus les mouettes tapinent et d'autres oiseaux d'océan qui les protègent des poings menaçants des tours qui sont prêts à s'abattre sur elles… A les aplatir dans la boue ou la poussière blanche de craie où tombent des flocons de nuages selon les saisons…




A suivre...
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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 23:17

La bombe d'aéro-solitude suite...


Lorsque Virgile accompagnera Sinbad par la suite le long des ruelles de la Cité des Alphabêtes il saura ce que c'est que d'avoir la trouille pour quelque chose qui peut te tomber dessus à chaque seconde…

Dans le quartier des maisons ouvrières on est jamais en danger. Mais de ce côté-ci du fleuve c'est pas pareil. N'importe qui n’pénètre pas à l'intérieur d'Alphabête City… Non pas n'importe qui…

Alors quand tu vis là tu as d'autres repères qui se baladent entre la haine et la poudre de pollen… Les piafs de Sinbad le taggeur ceux qui habitent à l'intérieur d'Alphabête City ils les détestent et ils les crament au chalumeau…

Sinbad… Sinbad…

Accroupi dans l'angle du mur du super marché Virgile sait qu'il est envoyé pour faucher les bombes d'aérosol et pas autre chose… C'est une mission importante car Sinbad lui a expliqué que tant qu'il y a les oiseaux de couleur sur les murs on est pas vraiment morts nous autres… Y a que Sinbad et le vieux Yahya qui pensent comme ça il se dit Virgile… Sûr que lui il a eu la vie plutôt simple avant et qu'il se doutait pas…

S'il n'était pas venu… S'il n'était pas venu…

Devant lui les portes battantes du super marché… L'outre à mangeaille  comme il l’appelle Sinbad le taggeur d'oiseaux… Les portes battantes dévoilent les cuisses des mannequins en plastique… Ils le fixent de leurs yeux pervers… L'envoûtent… Ils ont deviné qu'il va falloir qu'il traverse le rayon des sous-vêtements des femmes où les crissements de la soie rouge et noire le rendent fou… Et celui des chaussures qui passent à l'attaque… Virgile est maniaque de la terreur des talons aiguilles… Des poupées-chiffons hérissées de sortilèges… Si seulement Sinbad était là avec le crapaud Kee Bock…


Sinbad… Sinbad…

Normalement la Cité aux ordures c’est un lieu qui existe que par la répétition des gestes coagulés des ouvriers… Automates qui déchirent les livres d'images de l'enfance… Pour mettre à la place des avenirs téléguidés de singes saouls… Et de types qui remplissent les rayons de l'outre à mangeaille de poupées vêtues seulement de petites culottes de nylon rose… Et de boîtes de nourriture pour chats désintoxiqués des souris… Mais avec des individus du genre d’Yvon le camarade en niquedouille il se barre le monde des souffle douleur…

Personne ne sait où Sinbad le dernier des fils de M’mâ Zoulika et d'Yahya le muet a pris le goût des oiseaux de couleur… Non personne…

Sinbad il a appris à Virgile à déjouer la fureur froide des vigiles quand il sort du super marché avec au-dessus du couffin les commissions pour sa mère. Faut dire que Virgile il crèche aussi du bon côté du fleuve et c'est grâce à ça qu'il peut faucher facile les objets du crime… et les offrir à Sinbad en vue de garder son amitié.

Sinbad lui ne s’promène jamais aux alentours de l'outre à mangeaille sans une pelure d'oiseaux sur les épaules… Une pelure négligente d'oiseaux… qui le rend invisible aux yeux des autres… Mais pas de Virgile… Non pas de Virgile… ( ... )

 

Sinbad lui c’est le maître des oiseaux-béton… Des tatouages d’aéro-rouges-gorges… Qu’on voit pas… Et puis qu’on voit… Qui sortent d’un coup… En perforant le mur et ses enduits et ses papiers affiches… Beaux à faire la nique aux rayons de soutien-gorge en coquelicots chiffonnés…

- Sinbad… Sinbad… ne t’en vas pas… 

Le camion benne laisse les ordures s’amonceler contre la Cité des Alphabêtes et la Medina des Arabes. Pourquoi on déblaierait  vu qu'ils habitent aussi bien dans des frigidaires transformés en cabanes à lapins ? Ou dans des cubes de carton autour des lavabos remplis de mousse ? Le bidonville du nouveau monde il s’étend jusqu'à la mer… Il y a plus de frontières à cette Ogresse au cul béant… Jusqu'à la mer… De hautes collines d'ordures où le lait de l'aube besogneuse se reflète…

Sinbad… Sinbad…

 

Le nez au mur Sinbad travaille tranquille… il a les poignets qui dansent. Le jet de peinture rouge écarlate… pfuitt… tout en haut le dernier oiseau sorti encore frais d'une fissure de l'enduit… celui qui sera là partout… raouf !… l'oiseau rouge pfuitt… pfuitt… il dénonce à la Cité ses blessures secrètes et ses amours qu'ils ont décidé d'interdire… et puis il se tire vers le ciel oiseau ballon… oiseau rouge écervelé… pfuitt…

Juste en dessous y a les amours corsaires des mômes de la Cité qui leur font la nique avec les tourbillons plumes et poissons volants jaune citron pfuitt… drôlement allumés… raouf !…

Et puis ça descend dans d’l'orange… pfuitt… une glissade sérénade du bonhomme qui balaie la lune à l'envers… raouf !… mais c'est pas pour ça que ça s'éteint… Il a des morceaux de lune plein les mains… Orange c'est une épaule ou un p’tit bout de sein… pfuitt… Et autour c'est vert turquoise quasi bleu d'herbe… pfuitt… pfuitt… et encore du rose tyrien et du lilas en plein vol… raouf !…

Le nez au mur Sinbad libre comme le soleil sous le regard brûlant du crapaud Kee Bock… Pfuitt… Ce qui l’retient Sinbad de repeindre aussi le crapaud boiteux il ne sait pas… Un jour ou l'autre il le fera… Oui… il le fera… Sinbad le taggeur d'oiseau n'a pas peur de la mort… raouf !…

Quand c'est fini y a même pas le temps de vérifier que c'est parfait…  c'est ça qu'est frustrant… Souvent Sinbad songe à ceux qui faisaient les peintures des églises perchés en haut des échafaudages couchés sur le dos… Un vrai travail d'esclave… alors que lui c'est du bonheur vertical… Debout les jambes écartées tu fais face au monde qui se tire… s'étire lézard carnaval qui n'bouge pas d'une patte…

Bon… faut y aller vite fait avant qu'ils rapliquent… Dans la nuit ils verront pas et demain tous ils sauront que la taggeur d'oiseaux a refait la façade du commissariat avant qu'ils le gomment… pfuitt… l’Oiseau… pfuitt…

Ils ont beau l'effacer de la vie il revient… le bonhomme aux oiseaux…

Sinbad… Sinbad… ne t'en vas pas !…



A suivre...

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